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Soudan-Les combats se poursuivent, évacuations en cours
information fournie par Reuters 23/04/2023 à 20:27

 (Actualisé avec le bilan de morts et précisions sur
l'évacuation par la France)
    par Khalid Abdelaziz et Nafisa Eltahir
       KHARTOUM, 23 avril (Reuters) - 
    Les Etats-Unis ont évacué leurs diplomates du Soudan et la
France et d'autres pays européens ont entamé dimanche une
opération d'évacuation rapide de leurs ressortissants du pays,
où les combats entre l'armée régulière et les paramilitaires des
Forces de soutien rapide (FSR) font rage depuis huit jours. 
        Les belligérants se sont mutuellement accusés d'avoir
attaqué un convoi de ressortissants français, faisant état
chacun d'un blessé français. Le Quai d'Orsay, qui a annoncé
dimanche matin que la France coordonnait une opération
d'évacuation, n'a pas commenté ces informations dans l'immédiat.
  
        L'armée soudanaise a également accusé les FSR d'avoir
attaqué et pillé un convoi qatari se dirigeant vers Port-Soudan,
sur la mer Rouge. Doha n'a pas réagi dans l'immédiat. 
  
        L'Egypte a déclaré qu'un membre de sa mission au Soudan
avait été blessé par balle, sans donner d'autres détails. L'Irak
a fait savoir qu'un de ses ressortissants a été tué.
  
    Le président américain Joe Biden a annoncé samedi que
Washington avait évacué son personnel diplomatique et suspendait
les opérations de son ambassade.
    "Les belligérants doivent mettre en oeuvre un cessez-le-feu
immédiat et inconditionnel, autoriser un accès humanitaire sans
entrave et respecter la volonté du peuple soudanais", a déclaré
Joe Biden dans un communiqué. 
        "La violence tragique au Soudan a déjà coûté la vie à
des centaines de civils innocents", a ajouté le chef de la
Maison blanche. "Cela est inadmissible et doit s'arrêter."
  
        
  
        PERSONNEL DIPLOMATIQUE DE L'UE ÉVACUÉ
  
        Dans un communiqué diffusé dimanche matin, les
ministères français des Affaires étrangères et des Armées ont
annoncé l'évacuation d'une centaines de personnes de
nationalités française et tierces - essentiellement des
Européens -. 
  
        Les deux ministères ont ajouté que le personnel
diplomatique de la délégation de l’Union européenne au Soudan
avait également été évacué par la France.
  
        "L’opération en cours permet à nos compatriotes et leurs
ayants droit de rejoindre Djibouti où ils sont pris en charge,
avant une évacuation vers la France", indiquent-ils dans un
communiqué commun.
  
        "Un premier vol de transport de l'armée de l'air et de
l'espace a permis d’évacuer de Khartoum une centaine de
ressortissants français et de nationalités tierces,
principalement européennes", ajoutent les deux ministères. "Le
personnel diplomatique de la délégation de l’Union européenne au
Soudan a également été évacué par la France."
  
        La ministre française des Affaires étrangères, Catherine
Colonna, a indiqué sur Twitter qu'un second appareil avait
décollé pour Djibouti.
  
        En Allemagne, le ministère de la Défense a indiqué qu'un
avion militaire a atterri dimanche peu avant 1400 GMT à Khartoum
mais que l'évacuation de ses ressortissants allemands et
d'autres nationaux prendrait du temps.
  
        A Londres, le Premier ministre Rishi Sunak a annoncé sur
Twitter que des militaires britanniques avaient procédé à
l'évacuation de ressortissants et diplomates du Royaume-Uni. 
  
        "Nous continuons à explorer toutes les voies pour mettre
fin au bain de sang au Soudan et assurer la sécurité des
ressortissants britanniques qui restent dans le pays", a-t-il
dit. 
  
        Le Canada a dit suspendre ses opérations à Khartoum, où
des services consulaires limités seront maintenus. 
  
        
  
        Au moins 420 morts
  
        Les affrontements entre l'armée régulière soudanaise
dirigée par le général Abdel Fattah el Bourhan et les FSR du
général Mohamed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de "Hemedti",
ont éclaté le 15 avril à Khartoum et dans le reste du pays,
faisant au moins 420 morts et 3.700 blessés. 
  
        Les deux forces, alliées lors du coup d'Etat militaire
mené en 2021, deux ans après la chute de l'autocrate Omar el
Béchir, ne sont pas parvenues à s'entendre lors de négociations
sur l'intégration des FSR au sein de l'armée régulière. 
  
        Plusieurs cessez-le-feu annoncés ces derniers jours
n'ont pas été respectés. 
  
        Des colonnes d'épaisse fumée continuaient à obscurcir
dimanche le ciel de Khartoum et des villes voisines d'Ombdurman
et Bahri et des coups de feu pouvaient être entendus dans
plusieurs quartiers, selon un journaliste de Reuters présent
dans la capitale soudanaise.
  
        Des combats intenses se poursuivent autour du quartier
général de l'armée dans le centre de Khartoum ainsi qu'à
l'aéroport, fermé en raison des affrontements, et à Bahri, où
l'armée a recours à des frappes aériennes et des troupes au sol
pour tenter de repousser les FSR. 
  
        Le groupe paramilitaire a déclaré dimanche que ses
forces avaient été la cible de raids aériens dans le quartier de
Kafouri à Bahri, parlant de dizaines de morts et blessés.
  
        La situation chaotique oblige de nombreux habitants de
Khartoum à rester cloîtrés chez eux en raison des bombardements
et de la présence d'hommes armés dans les rues. 
  
        Pour évacuer leur personnel diplomatique, les Etats-Unis
ont mobilisé samedi des forces spéciales à bord d'hélicoptères
MH-47 Chinook venus d'une base américaine à Djibouti, qui ont
passé à peine une heure à Khartoum et récupéré une petite
centaine de personnes. 
  
        "Nous avons pu arriver et repartir sans problème", a
déclaré le général Douglas Sims, directeur des opérations à
l'état-major.
  
        John Bass, sous-secrétaire d'Etat pour l'administration
auprès du département d'Etat, a déclaré que des ressortissants
étrangers parmi lesquels des Américains avaient également réussi
à quitter Khartoum pour rejoindre par la route Port-Soudan. 
  
        L'Arabie saoudite a déjà évacué des ressortissants des
pays du Golfe depuis le principal port soudanais, situé à 650 km
au nord-est de Khartoum. La Jordanie utilise également ce trajet
pour ses ressortissants. 
  
        L'Egypte a enjoint à ses ressortissants vivant hors de
Khartoum de rejoindre le consulat de Port-Soudan ou un bureau
consulaire à Wadi Halfa, à la frontière avec l'Egypte, pour
préparer leur évacuation. 
  
        Elle a invité ceux qui résident dans la capitale à se
mettre à l'abri en attendant que la situation s'améliore.
L'Egypte compte quelque 10.000 ressortissants au Soudan. 
  
        En dehors de Khartoum, des informations font état de
combats violents dans le Darfour, vaste région occidentale où le
conflit qui a éclaté en 2003 a fait 300.000 morts et 2,7
millions de déplacés. 
  

    
 (Reportage Khalid Abdelaziz à Khartoum, ave Ahmed Elimam et
Hatem Maher au Caire, Daphne Psaledakis, Juliette Jabkhiro à
Paris, Andrew MacAskill à Londres et Phil Stewart à Washington;
rédigé par Aidan Lewis, version française Camille Raynaud,
Jean-Stéphane Brosse et Matthieu Protard)
 

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