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Sécurité contre liberté dans le Salvador de Bukele en guerre contre les gangs
information fournie par AFP 27/03/2024 à 22:46

Le président salvadorien Nayib Bukele prononce un discours après avoir voté à San Salvador, le 4 février 2024 ( AFP / Marvin RECINOS )

Le président salvadorien Nayib Bukele prononce un discours après avoir voté à San Salvador, le 4 février 2024 ( AFP / Marvin RECINOS )

Il y a deux ans, le président du Salvador Nayib Bukele déclarait la "guerre" aux gangs après un record de 87 homicides en un seul week-end. Aujourd'hui, il se félicite d'être à la tête du pays le plus "sûr" du continent, mais les organisations de défense des droits humains dénoncent le prix payé.

- Qu'est-il arrivé aux gangs ? -

Avec l'état d'urgence décrété le 27 mars 2022 et le déploiement de l'armée et de la police qui s'en est suivi, le gouvernement a réussi a démanteler les réseaux criminels qui extorquaient la population ou s'adonnaient au trafic de drogue.

Une enquête du site spécialisé InSight Crime a estimé qu'il y avait, il y a deux ans, dans le petit pays d'Amérique centrale, près de 120.000 membres de gangs criminels.

Un bataillon militaire déployé à Apopa, le 11 octobre 2023 au Salvador ( AFP / Marvin RECINOS )

Un bataillon militaire déployé à Apopa, le 11 octobre 2023 au Salvador ( AFP / Marvin RECINOS )

Selon de nouveaux chiffres officiels publiés mardi, plus de 78.000 membres présumés de ces organisations ont été arrêtés depuis, sans que de nouveaux membres aient été recrutés.

Le criminologue Ricardo Sosa estime qu'ils n'ont pas eu la capacité de "s'adapter" à l'offensive du gouvernement, que le président Bukele, réélu en février, a promis de poursuivre "jusqu'à ce que le peu qui reste des gangs soit éradiqué".

- Que se passe-t-il dans les rues? -

La croisade du président Bukele a mis fin à l'emprise des gangs sur 80% du territoire, assure le gouvernement.

Des personnes dansent au son d'un groupe de musique sur une place du centre historique de San Salvador, le 1er février 2024 ( AFP / Marvin RECINOS )

Des personnes dansent au son d'un groupe de musique sur une place du centre historique de San Salvador, le 1er février 2024 ( AFP / Marvin RECINOS )

Le pays de 6,8 millions d'habitants a en outre réduit son taux d'homicide, qui s'élevait à 106 pour 100.000 habitants en 2015, à 2,4 en 2023, ce qui est inférieur à la moyenne mondiale (huit, selon l'ONU).

La peur de se promener la nuit a disparu, les enfants jouent à nouveau dans les parcs et chacun peut tranquillement se déplacer d'un quartier à l'autre sans craindre de perdre la vie.

"On ne voit plus de membres de gangs demander de l'argent aux passagers" des bus, témoigne auprès de l'AFP Mauricio Lopez, un enseignant de 40 ans.

Des communautés entières "ont repris la normalité de leur vie", résume l'universitaire Carlos Carcach.

- Quel est l'impact sur l'économie? -

Une grande partie du secteur économique a cessé de payer des "loyers" aux gangs, selon les associations professionnelles.

"Le danger est passé", assure Aminta Alvarenga, propriétaire d'un magasin de gros à El Transito, à 125 km à l'est de la capitale San Salvador.

Le gouvernement a saisi 8.000 véhicules, près de 21.000 téléphones portables, ainsi que des centaines d'autobus, de taxis, de maisons et de locaux commerciaux aux mains des gangs, grâce à une loi sur la confiscation des biens.

Le climat de sécurité a aussi stimulé le tourisme qui, en 2023, a rapporté 2,7 milliards de dollars, soit 48% de plus que l'année précédente.

Cependant, l'économie reste la tâche inachevée du gouvernement, avec 30% des Salvadoriens qui vivent dans la pauvreté et 10% dans l'extrême pauvreté.

- A quel prix? -

Des détenus dans une cellule de la méga-prison du Centre de Confinement Antiterroriste (CECOT), où sont emprisonnés des membres des gangs MS-13 et 18 Street, le 21 août 2023 à Tecoluca, au Salvador ( AFP / Marvin RECINOS )

Des détenus dans une cellule de la méga-prison du Centre de Confinement Antiterroriste (CECOT), où sont emprisonnés des membres des gangs MS-13 et 18 Street, le 21 août 2023 à Tecoluca, au Salvador ( AFP / Marvin RECINOS )

Les organisations de défense des droits humains critiquent les méthodes de Nayib Bukele, dénonçant des détentions arbitraires, des mauvais traitements, des cas de torture et des décès en prison.

Dans un communiqué mercredi, Amnesty International évoque "la possibilité, durant le deuxième mandat du président Bukele, d'un approfondissement de la crise (des droits humains) observée ces deux dernières années".

Selon l'organisation, les ONG locales comptabilisent "327 cas de disparitions forcées" et "une sur-occupation carcérale d'environ 148%", avec "au moins 235 morts en détention".

De nombreux détenus sont incarcérés dans une "méga-prison" flambant neuve aux conditions de détention ultrastrictes. Considérée comme la plus grande d'Amérique latine, elle a une capacité de 40.000 détenus.

Une loi adoptée en juillet dernier permet en outre de juger jusqu'à 900 criminels présumés au cours d'un même procès sans droit à la défense.

"Il existe une illusion selon laquelle le président Bukele a trouvé la formule magique pour résoudre des problèmes très complexes", souligne Amnesty, qui estime que le Nayib Bukele oblige "la population à choisir entre sécurité et liberté".

2 commentaires

  • 28 mars 07:44

    Il a enlevé leurs choux-gras aux ONG!


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