À Michel Rocard qui ose lui dire, huit ou neuf mois après sa nomination au poste de Premier ministre, qu'il y a fort à faire pour redorer le blason de nos services, François Mitterrand, devant cette intrusion soudaine dans son « domaine réservé », lâche un « Si ça vous amuse » faussement négligent. Il l'attend au tournant, mais se dit qu'il n'a pas grand-chose à perdre à laisser son vibrionnant Premier ministre mettre de l'ordre dans les structures assoupies et trop cloisonnées de « l'État profond ».
« Taper dans le dur »
Ce jouet qu'il lui abandonne l'?il mi-clos n'est pas un hochet. Le monde du renseignement est un champ de forces clos, opaque, incompris, mal-aimé, où, par construction, la volonté de réforme n'a aucune chance d'être rémunératrice politiquement ou médiatiquement. Que des coups à prendre, si l'on échoue ; pas un mot ni un communiqué triomphant si on réussit. Les succès des services sont indicibles et doivent rester à jamais invisibles. Loin des « James bonderies » enivrantes, réformer « l'État profond » est ingrat, délicat et dangereux. C'est le service de l'État et du pays par excellence.
Cela « ne paie pas » donc, mais c'est alors indispensable et urgent. Or, « taper dans le dur », dans le vrai, faire ?uvre utile : c'est tout Rocard. Et notre Premier ministre a un nouveau conseiller pour les affaires de sécurité hors du commun : Rémy...
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