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REPORTAGE-À Gaza, des patients soignés dans la douleur par manque d'anesthésiques
information fournie par Reuters 10/11/2023 à 12:02

par Nidal al-Mughrabi

Pour Abou Emad Hassanein, infirmier à l'hôpital Al Chifa, dans la ville de Gaza, il s'agit de l'un des pires moments dont il se souvienne : une petite fille qui pleurait de douleur, appelant sa maman, alors qu'il recousait à vif une blessure sur son front.

Depuis le début de l'offensive d'Israël sur Gaza, en réponse à l'attaque sans précédent du Hamas contre l'Etat hébreu le 7 octobre, les hôpitaux de l'enclave assiégée font face à de nombreuses pénuries, notamment d'anesthésiques et d'antidouleurs.

"Parfois, nous donnons à certains d'entre eux de la gaze stérile (à mordre) pour réduire la douleur", avoue Abou Emad Hassanein.

"Nous savons que la douleur qu'ils ressentent est plus forte que ce que quelqu'un pourrait imaginer, plus forte que ce que quelqu'un de leur âge pourrait supporter", faisant référence aux enfants comme la fillette blessée à la tête.

Nemer Abou Thair, un homme d'âge moyen blessé au dos après une frappe aérienne, est venu à Al Chifa pour faire désinfecter sa plaie et changer son pansement. Il raconte que les soignants n'ont pas pu lui administrer d'antidouleur lorsqu'ils ont recousu sa blessure.

"J'ai continué à réciter le Coran jusqu'à ce qu'ils aient fini", explique-t-il.

Israël a lancé des assauts aériens, maritimes et terrestres sur l'enclave densément peuplée, qui, selon les autorités sanitaires de Gaza, contrôlées par le Hamas, ont tué plus de 10.800 Palestiniens.

Lorsqu'un grand nombre de blessés sont amenés en même temps, explique Mohamed Abou Selmeyah, directeur de l'hôpital Al Chifa, les soignant doivent s'occuper d'eux à même le sol, sans soulagement adéquat de la douleur.

Lors de l'explosion survenue à l'hôpital Al Ahli Arab le 17 octobre, quelque 250 blessés ont été transportés à celui d'Al Chifa, qui ne dispose que de 12 salles d'opération.

"Si nous avions attendu pour les opérer un par un, nous aurions perdu de nombreux blessés", a commenté le directeur.

"Nous avons été contraints d'opérer sur le sol et sans anesthésie, ou en utilisant une anesthésie locale ou de faibles analgésiques pour sauver des vies", a-t-il ajouté.

Selon le directeur, le personnel d'Al Chifa a ainsi pratiqué dans ces conditions des amputations de membres et de doigts, des sutures de blessures et le traitement de brûlures graves, sans donner plus de détails.

SOUFFRIR OU MOURIR

"C'est douloureux pour l'équipe médicale. Ce n'est pas simple. Soit le patient souffre, soit il perd la vie", explique Mohamed Abou Selmeyah.

Israël a déclaré que l'explosion à l'hôpital Al Ahli Arab avait été causée par un tir de roquette raté du groupe palestinien Djihad islamique. Ce dernier et le Hamas ont accusé de leur côté une frappe aérienne israélienne.

L'hôpital Nasser, dans la ville de Khan Younis, a aussi subi une pénurie totale d'anesthésiques au début de la guerre, jusqu'à ce que les camions d'aide soient autorisés à entrer dans l'enclave, a déclaré son directeur, le Dr Mohamed Zakout.

"Certaines interventions ont été effectuées sans anesthésie, notamment des césariennes, et nous avons également été contraints d'opérer certaines brûlures de cette manière", a-t-il détaillé.

Le personnel a fait de son mieux pour soulager la douleur des patients avec d'autres médicaments moins forts, ajoute le directeur, mais insuffisants.

"Ce n'est pas la solution idéale pour un patient qui se trouve dans une salle d'opération et que nous souhaitons opérer avec une anesthésie générale", a-t-il ajouté.

Pendant les 12 premiers jours de la guerre, aucune aide n'a été autorisée à entrer dans la bande de Gaza. Le 21 octobre, un premier convoi de camions d'aide est entré par le point de passage de Rafah, à la frontière égyptienne.

Depuis, plusieurs convois sont entrés dans l'enclave, mais les Nations unies et les organisations humanitaires internationales affirment que l'aide fournie est loin d'être suffisante pour éviter une catastrophe humanitaire.

Si le manque d'anesthésiques s'est atténué à l'hôpital Nasser grâce aux livraisons, indique le Dr Mohamed Zakout, de graves pénuries sont encore signalées à Al Chifa et à l'hôpital indonésien, tous deux situés dans le nord de la bande de Gaza, lourdement bombardé.

(Reportage Nidal al-Mughrabi et Reuters TV, rédigé par Estelle Shirbon ; version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)

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