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Procès de l'accident du TGV Est: "On était en confiance", affirme le conducteur
information fournie par AFP 04/04/2024 à 17:46

Des membres des services de secours se trouvent le 15 novembre 2015 sur les lieux où un TGV a déraillé la veille lors d'une séance d'essais, à Eckwersheim, près de Strasbourg  ( AFP / Frederick FLORIN )

Des membres des services de secours se trouvent le 15 novembre 2015 sur les lieux où un TGV a déraillé la veille lors d'une séance d'essais, à Eckwersheim, près de Strasbourg ( AFP / Frederick FLORIN )

Des briefings réduits à la portion congrue, une quasi-absence de communication entre les équipes... Deuxième prévenu à s'exprimer jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris, Denis T., le conducteur du TGV qui a déraillé en Alsace le 14 novembre 2015 faisant 11 morts, a résumé ainsi l'état d'esprit qui régnait avant l'accident: "On était en confiance".

En jeans et pull noirs, le cheminot insiste sur son rôle de simple "exécutant" qui n'a fait que suivre les consignes de vitesse et de freinage données par Francis L., le cadre traction (CTT), également présent dans la cabine de pilotage de la rame d'essai du TGV Est.

Mardi, lors de la précédente audience, Francis L. avait rappelé qu'il devait lui-même respecter les consignes du chef d'essais, un ingénieur de Systra, la société maître d'oeuvre des essais, qui a trouvé la mort dans l'accident.

Sur les bancs des parties civiles, certains ne cachent pas leur agacement face à ce délitement des responsabilités des uns et des autres.

Denis T., Francis L. et Philippe B., technicien de Systra chargé de renseigner le conducteur sur les particularités de la voie - qui doit être entendu vendredi - sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité.

La SNCF, SNCF-Réseau et Systra sont jugées pour les mêmes chefs mais ne seront entendues qu'à la fin du mois d'avril.

"Je ne me sens pas responsable, d'autres personnes auraient pu être là à ma place", affirme Denis T.

Croquis d'audience réalisé le 4 mars 2024 montrant l'ancien président de la SNCF, Guillaume Pépy (g) et trois prévenus devant le tribunal correctionnel de Paris ( AFP / Benoit PEYRUCQ )

Croquis d'audience réalisé le 4 mars 2024 montrant l'ancien président de la SNCF, Guillaume Pépy (g) et trois prévenus devant le tribunal correctionnel de Paris ( AFP / Benoit PEYRUCQ )

Au premier jour du procès, comme l'a rappelé la présidente, il avait estimé "un peu injuste" le fait de se retrouver parmi les prévenus.

"Mon rôle était d'assurer la conduite du train d'un point A à un point B en maintenant la vitesse demandée et répondre aux points de freinage quand on les annonce", a-t-il expliqué à la barre. Avec, souligne-t-il, "la sécurité en tête".

Pas question de prendre la moindre initiative pendant les essais. D'ailleurs, il ne participe pas aux briefings, les discussions avec le cadre CTT sont succinctes.

- "J'aurais pu dire non" -

"Mais tout de même, vous n'êtes pas un robot", s'agace le procureur.

La présidente de la 31e chambre insiste. "Vous auriez pu discuter les ordres du CTT", lui demande-t-elle. "J'aurais pu dire non", admet le prévenu.

Les signes avant-coureurs n'avaient pourtant pas manqué avant le déraillement de la rame d'essai du TGV Est, a rappelé le tribunal.

Deux incidents ont eu lieu sur la même portion de ligne le 11 novembre et le matin même du 14 novembre.

Dans les deux cas la survitesse et des distances de freinage "à l'estime" sont à l'origine des incidents... qui n'ont fait l'objet d'aucun signalement par les équipes de conduite et les responsables des essais.

Vue des lieux où un TGV a déraillé le 14 novembre 2015 lors d'une séance d'essais, à Eckwersheim, près de Strasbourg  ( AFP / Frederick FLORIN )

Vue des lieux où un TGV a déraillé le 14 novembre 2015 lors d'une séance d'essais, à Eckwersheim, près de Strasbourg ( AFP / Frederick FLORIN )

Le 11 novembre, l'équipe de conduite s'était rendu compte d'un freinage hasardeux en raison d'une vitesse excessive mais avait réagi par un "On fera mieux le 14 novembre!".

Le matin du 14 novembre, la distance de freinage avait été mal évaluée et celui-ci enclenché beaucoup trop tôt, ce qui a pu faire croire l'après-midi qu'il y avait "de la marge" pour aborder la courbe où l'accident s'est produit.

L'enquête a démontré que le TGV a abordé une courbe à 265 km/h, très largement au-dessus des 176 km/h prévus à cet endroit. Il a déraillé 200 mètres plus loin, heurtant le parapet du pont au-dessus du canal de la Marne au Rhin à la hauteur d'Eckwersheim (Bas-Rhin), à 20 km de Strasbourg, à une vitesse estimée de 243 km/h.

L'enquête a également établi que ni le matériel, ni la voie ne pouvaient être mis en cause pour expliquer ce déraillement.

"Je pense beaucoup aux familles des victimes. Beaucoup sont venues me parler ici au tribunal. Cela m'a touché, j'avais une appréhension. J'avais tellement peur. Le fait d'avoir reçu des soutiens, c'est énorme", dit Denis T. avant de quitter la barre.

Les trois prévenus "physiques" encourent des peines de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende. Les trois entreprises risquent jusqu'à 225.000 euros d'amende.

Les débats s'achèveront le 16 mai, la décision du tribunal sera rendue dans les mois qui suivent.

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