Présidentielle 2022 : "La situation à gauche est apocalyptique", regrette Julien Dray

information fournie par Boursorama avec Media Services •30/08/2021 à 14:35

L'ancien député socialiste, qui estime que le projet du parti n'est pas à la hauteur, plaide pour l'organisation d'une primaire ouverte pour la désignation du candidat PS.

L'ancien député socialiste Julien Dray, en juin 2017. ( AFP / ZAKARIA ABDELKAFI )

"Concurrence", "guerre des ego", "pauvreté dans l'affirmation d'idées nouvelles"... Selon l'ancien député socialiste Julien Dray, "la situation à gauche est apocalyptique" à moins de huit mois de la présidentielle. "Ces derniers mois, toutes les forces de la gauche ont passé leur temps à nous expliquer qu’elles devaient se rassembler sinon c’était la défaite assurée. Je ne sais pas par quelle grâce estivale chacun ne s’emploie désormais qu’à une seule chose : désigner au plus vite un candidat ou une candidate avec pour seul objectif, non pas de créer une alternative sérieuse et crédible à Macron, mais de battre le voisin", a-t-il déploré dans un entretien au Parisien publié dimanche 29 août. "Partout c’est la concurrence, la guerre des ego, avec, ce qui est beaucoup plus grave, une pauvreté dans l’affirmation d’idées nouvelles", a-t-il ajouté.

Dans les colonnes du quotidien, l'ancien député socialiste a également fustigé "la méthode" utilisée en ce moment par le PS. "En ce moment, au Parti socialiste, tout se fait en huis clos et à guichets fermés, le débat sur le projet comme la désignation d’un candidat. Cette désignation ne peut pas être réduite au vote de quelques milliers de cotisants mais doit être ouverte aux sympathisants, comme nous l’avions fait avec Ségolène Royal en 2006", a-t-il estimé. "Le PS ne peut pas rester dans l’entre-soi", a-t-il insisté.

Un projet avant le candidat

L'ancien conseiller régional d'Île-de-France s'est également montré critique vis-à-vis de ceux qui souhaitent que la maire de Paris Anne Hidalgo soit désignée candidate le plus rapidement possible. "Discutons sur le fond, débattons avec nos partenaires, proposons-leur un contrat de gouvernement. Rien ne sert de se précipiter : la présidentielle est encore loin", estime-t-il.

Prenant ses distances avec le premier secrétaire du parti Olivier Faure, qu'il juge "très loin de ce qu'on est en droit d'attendre de la famille socialiste, surtout dans l'après-Covid", Julien Dray estime que pour qu'une candidature socialiste "ait un sens", "il faut surtout un débat sur le projet avec des propositions conquérantes", citant en exemple "la mise en place d’une dotation universelle pour chaque jeune de 18 ans, la création d’une échelle mobile des salaires face aux surprofits boursiers, une politique industrielle écologique, une révolution éducative, un projet culturel ambitieux…"

Dans ce contexte, Julien Dray ne soutiendra pas Olivier Faure qui brigue un second mandat à la tête du parti lors du congrès du PS qui se tiendra à Villeurbanne les 18 et 19 septembre, mais sa concurrente Hélène Geoffroy. "Là où la direction actuelle se calfeutre, elle veut ouvrir les portes et les fenêtres, discuter à fond d'un projet partagé, organiser une désignation qui prenne le temps d'associer tout le monde. Franchement, ce serait un sacré coup de fraîcheur pour le Parti socialiste", estime-t-il.