
Photo non datée du petit Grégory Villemin, retrouvé mort dans la Vologne en octobre 1984 ( AFP / - )
Plus de 40 ans après le meurtre du petit Grégory Villemin, la justice a ordonné mercredi un nouvel interrogatoire, d'ici "quelques mois", de sa grand-tante, soupçonnée dans cette affaire emblématique d'avoir rédigé une lettre du corbeau, et envisage de la mettre en examen.
Jacqueline Jacob, 80 ans, sera convoquée en vue d'une possible mise en examen pour "association de malfaiteur criminelle", a annoncé le procureur général près la cour d'appel de Dijon, Philippe Astruc, dans un communiqué.
Cette audition "ne devrait pas intervenir avant quelques mois", a-t-il précisé.
Jacqueline Jacob, qu'une expertise en graphologie a désigné comme l'auteure d'une lettre anonyme menaçante adressée en 1983 aux parents du petit Grégory, avait déjà été interpellée en juin 2017, avec son époux Marcel.
Elle avait gardé le silence lors de son audition et avait été mise en examen avec son mari pour "enlèvement et séquestration suivie de mort". Mais les poursuites visant le couple avaient ensuite été annulées pour vice de forme.
Depuis, de nouvelles expertises ont eu lieu et la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon, qui supervise le dossier depuis 2008, a listé en début d'année tous les "éléments qui concernent Jacqueline Jacob", rapporte le procureur général, sans donner de détails.
Le parquet général a estimé que ces éléments "ne suffisaient pas" à la poursuivre pénalement, précise-t-il.
Après une audience le 9 avril, la chambre de l'instruction a rendu mercredi un arrêt contraire: elle demande à son président de "procéder à l'interrogatoire" de Mme Jacqueline Jacob et "envisager sa mise en examen sous la qualification d'association de malfaiteur criminelle", selon le communiqué du procureur.
- "Toute la vérité" -
Les parents du petit Grégory, "Jean-Marie et Christine Villemin ont appris la décision de la cour d'appel ce mercredi avec une très forte émotion et une grande reconnaissance envers la justice", a commenté leur avocat François Saint-Pierre.
"Ils participeront bien sûr à toutes les audiences et l'éventuel procès en cours d'assises pour que toute la vérité soit dite sur l'assassinat de leur enfant il y a plus de 40 ans", a-t-il encore dit à l'AFP.

La rivière La Vologne, le 15 octobre 2024 à Docelles, dans les Vosges, dans laquelle le petit Grégory Villemin avait été retrouvé mort le 16 octobre 1984 ( AFP / Jean-Christophe Verhaegen )
En revanche, l'avocat des époux Jacob a estimé qu'il s'agissait d'une "non information": le parquet général "dit qu'il n'y a pas de charge, que ça ne vaut rien, (...) qu'il n'y a rien de neuf", a souligné Me Stéphane Giuranna, se disant "serein" à ce stade.
Grégory Villemin, quatre ans, a été retrouvé ligoté le 16 octobre 1984 dans une rivière des Vosges. "Voilà ma vengeance - Pauvre con" : le jour-même, une lettre anonyme est adressée au père par un "corbeau" qui harcèle depuis plusieurs années la famille.
Bernard Laroche, un cousin du père, est rapidement mis en cause sur la base d'accusations de sa belle-soeur, une adolescente de 15 ans, qui reviendra ensuite sur ses propos. Inculpé d'assassinat et écroué, il est remis en liberté mais Jean-Marie Villemin, convaincu de sa culpabilité, le tue en mars 1985.
La mère de Grégory, Christine Villemin, sera à son tour poursuivie, avant de bénéficier d'un non lieu.
Le couple s'est ensuite battu pour obtenir une réouverture de ce dossier qui a passionné la France.
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