Interrogé sur les conséquences possiblement "durables" de la crise entre les deux puissances ennemies, le gouverneur de la Banque de France estime que la Banque centrale européenne devra agir "non pas plus fort, mais parfois plus vite".

Francois Villeroy de Galhau, le 24 mai 2024, à Stresa ( AFP / GABRIEL BOUYS )
Quelle réponse monétaire face aux effets potentiels de l'affrontement Iran-Israël ? François Villeroy de Galhau, a indiqué jeudi 19 juin que la Banque centrale européenne pourrait adapter sa politique monétaire en cas de conséquences "durables" sur l'inflation de la hausse des prix de l'énergie liée au conflit entre Israël et l'Iran.
Les prix du pétrole "sont actuellement revenus à leur niveau d'avant le 'Liberation Day'", jour de l'annonce d'une offensive protectionniste par le président américain Donald Trump, le 2 avril, mais sont "toujours bien inférieurs à leur niveau de 2022, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie", a déclaré François Villeroy de Galhau lors d'un discours devant le European University Institute à Florence, en Italie.
"L’agilité ne doit pas signifier que nous sommes imprévisibles ou indécis"
"Nous allons continuer à suivre attentivement les éventuelles répercussions des prix de l'énergie. Si jamais ces conséquences s’avéraient durables et se propageaient, c’est-à-dire si elles affectaient l’inflation sous-jacente et les anticipations d’inflation, nous pourrions éventuellement adapter notre politique monétaire", a ajouté le gouverneur, dans son discours prononcé en anglais.
Plutôt qu'une "réaction de politique monétaire automatique", François Villeroy de Galhau a plaidé pour une "agilité monétaire", ce qui signifie notamment analyser "plus rapidement" une situation et "agir non pas plus fort, mais parfois plus vite". "L’agilité ne doit pas signifier que nous sommes imprévisibles ou indécis", a-t-il développé: "nous devons dire clairement (...) comment nous pensons et allons agir, d’une manière 'lisible'".
Selon le gouverneur de la Banque de France, qui siège au conseil des gouverneurs de la BCE, "l'évaluation actuelle suggère que, sous réserve d'un choc exogène majeur, notamment de possibles nouvelles évolutions militaires au Moyen-Orient, si la politique monétaire devait évoluer au cours des six prochains mois, cela pourrait plutôt être dans un sens accommodant", c'est-à-dire de soutien à l'économie.
Début juin, la BCE a baissé ses taux, constatant que l'inflation dans la zone euro "se situe actuellement autour" de l'objectif de 2% visé par l'institution de Francfort. Cette huitième baisse de taux depuis un an a fait passer à 2% le taux de dépôt, qui fait référence pour les conditions de crédit dans l'économie. "Ce scénario '2 et 2', avec une inflation proche de la cible et des taux directeurs proches du taux neutre, semble être un retour à la normale, après une décennie contrastée", a souligné François Villeroy de Galhau. "Ce retour à la normale est une étape très positive, pour autant, en ces temps encore anormaux, il ne signifie pas nécessairement la fin du voyage", a-t-il prévenu: il "ne doit pas laisser place à l'auto-satisfaction et à la passivité".
Concernant l'inflation en zone euro, François Villeroy de Galhau a souligné que "la récente appréciation de l’euro (avait) un effet désinflationniste clair" et qu'"une appréciation de l’euro d’une ampleur de 10% compenserait globalement l’effet inflationniste d’une possible augmentation de 10 euros du prix du baril du pétrole – ce dont nous sommes encore loin aujourd’hui". En mai, l'inflation dans la zone euro est tombée à 1,9% sur un an, selon Eurostat.
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