
Un membre des forces de sécurité frontalières indiennes (BSF) monte la garde alors que des citoyens pakistanais retournent dans leur pays par le poste frontière d'Attari-Wagah, près d'Amritsar, le 26 avril 2025 au Pakistan ( AFP / Narinder NANU )
La tension reste vive dimanche entre l'Inde et le Pakistan, dont les soldats ont échangé des coups de feu pour la troisième nuit consécutive depuis un attentat meurtrier au Cachemire, malgré les efforts diplomatiques.
Les relations entre New Delhi et Islamabad sont retombées au plus bas depuis que mardi un groupe armé a tué 26 civils à Pahalgam, dans la partie sous administration indienne du territoire contesté.
Sans attendre de revendication, l'Inde a imputé au Pakistan la responsabilité de cette attaque, la plus meurtrière visant des civils commise dans la région à majorité musulmane depuis 2000.
Le Pakistan ne cesse depuis de démentir toute implication. Son Premier ministre Shehbaz Sharif s'est dit "prêt" samedi à participer à une "enquête neutre" pour le prouver.
Dimanche, Islamabad a renvoyé la balle à New Delhi. Rapportant avoir tué "54 jihadistes" qui tentaient d'entrer sur son sol depuis l'Afghanistan, l'armée pakistanaise a pointé du doigt les "maîtres étrangers" de ces assaillants.
Les deux puissances nucléaires se livrent depuis une guerre des sanctions qui inclut la suspension des visas pour les ressortissants de leur voisin, priés de quitter leur sol avant la fin du mois.
Au poste-frontière d'Attari-Wagah, désormais fermé, des familles déchirées font leurs adieux aux épouses, cousins ou enfants forcés de rester côté pakistanais.
Rencontré par l'AFP, un médecin indien de 37 ans, Vikram Udasi, dont l'épouse pakistanaise et l'enfant sont bloqués, plaide pour que soit accordé un visa de long séjour "à ceux qui ont une famille".
La Ligne de contrôle (LoC), frontière de facto entre les deux voisins, concentre toutes les inquiétudes.
- "Riposte appropriée" -
Les forces de sécurité indiennes et pakistanaises y ont à nouveau échangé des coups de feu dans la nuit de samedi à dimanche, selon l'armée indienne.
Ces tirs d'armes légères "non provoqués" venus du Pakistan ont visé des positions indiennes, a-t-elle rapporté. "Nos troupes ont riposté avec les armes légères appropriées", a détaillé la même source, sans faire état de victimes.
A Islamabad, le ministre de l'Information Ataullah Tarar a dit ne pas avoir de "confirmation officielle" de tels tirs.
Dans cette ambiance de poudrière, l'ONU a appelé à la "retenue maximale" les deux pays, qui se sont déjà livré trois guerres depuis leur partition meurtrière en 1947.

Des photos du drapeau indien et du Premier ministre indien Narendra Modi sont brûlées lors d'une manifestation contre l'Inde à Lahore, le 27 avril 2025 au Pakistan ( AFP / Arif ALI )
De nombreux experts craignent une riposte militaire de New Delhi, alors que les opinions publiques des deux pays sont chauffées à blanc.
"Personne n'aime la guerre", a confié KT Ramesh, un Indien de 57 ans venu de l'Etat du Kerala (sud) assister à la fameuse relève de la garde à Attari-Wagah. "Mais cette fois, il faut donner (aux Pakistanais) une leçon".
Dimanche, la marine indienne a opportunément publié des images d'essais de missiles anti-navire conduits par plusieurs de ses bâtiments.
"Il y aura des représailles militaires, nous sommes prêts", a confié au quotidien Indian Express une source gouvernementale.
En 2019 déjà, après une attaque meurtrière contre ses soldats, l'Inde avait mené un raid aérien sur le sol du Pakistan, qui avait riposté.
L'Arabie saoudite a fait savoir qu'elle menait des "démarches pour éviter une escalade" entre les deux pays. L'Iran aussi a proposé sa médiation.
- Enquête fédérale -
Le Cachemire a été partagé entre l'Inde et le Pakistan à leur indépendance en 1947. Mais les deux rivaux continuent depuis à réclamer la souveraineté de l'ensemble du territoire himalayen.

Des soldats participent à une opération de recherche au lendemain d'une attaque contre des touristes à Pahalgam, près de Srinagar, le 23 avril 2025 au Cachemire indien ( AFP / TAUSEEF MUSTAFA )
Depuis 1989, sa partie indienne est le théâtre d'une rébellion séparatiste. Les combats entre insurgés et les 500.000 soldats indiens déployés sur place ont causé des dizaines de milliers de morts.
Sur le terrain, les forces de sécurité indiennes ont lancé mardi une vaste traque pour tenter de retrouver les auteurs de la fusillade.
La police indienne a diffusé le portrait-robot de trois d'entre eux, dont deux ressortissants pakistanais.
Elle les accuse de faire partie d'un groupe proche du LeT, le mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba basé au Pakistan déjà soupçonné des attaques qui ont fait 166 morts dans la mégapole de Bombay en 2008.
Dimanche, le ministère de l'Intérieur a confié toutes les investigations à la police fédérale indienne, l'Agence nationale d'investigation (NIA).
"Tous les témoins sont interrogés dans les moindres détails pour reconstituer les événements qui ont conduit à l'une des pires attaques qu'ait connu le Cachemire", a assuré la NIA dans une déclaration.

Un homme dans les décombres d'une maison appartenant à une famille soupçonnée d'être impliquée dans l'attaque des touristes de Pahalgam, dans le village de Murran à Pulwama, au sud de Srinagar, le 26 avril 2025 en Inde ( AFP / Tauseef MUSTAFA )
Parallèlement à cette enquête, l'armée indienne a détruit à l'explosif neuf maisons appartenant à des suspects de l'attaque, a rapporté à l'AFP un policier sous couvert d'anonymat.
Lors de son allocution radiophonique mensuelle, le Premier ministre ultranationaliste hindou Narendra Modi a une nouvelle fois promis aux victimes de l'attaque que "justice leur sera rendue".
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