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Turquie: Erdogan concède une victoire historique de l'opposition aux municipales
information fournie par AFP 01/04/2024 à 03:07

Des partisans de Mansur Yavas, le maire d'Ankara, candidat du parti CHP (social-démocrate), fêtent sa victoire aux municipales, à Ankara (Turquie), le 31 mars 2024 ( AFP / Adem ALTAN )

Des partisans de Mansur Yavas, le maire d'Ankara, candidat du parti CHP (social-démocrate), fêtent sa victoire aux municipales, à Ankara (Turquie), le 31 mars 2024 ( AFP / Adem ALTAN )

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a concédé dimanche la victoire historique de l'opposition aux élections municipales, qui constituent selon lui un "tournant" pour son camp, au pouvoir depuis 2002.

Le dépouillement de près de 99% des urnes à l'échelle nationale confirme que l'opposition turque a infligé au parti AKP (islamo-conservateur) du chef de l'Etat sa pire débâcle électorale en deux décennies.

Le principal parti de l'opposition, le CHP (social-démocrate), a revendiqué sa victoire à Istanbul et Ankara, les deux plus grandes villes de Turquie et raflé de nombreuses autres, comme Bursa, grosse ville industrielle du nord-ouest acquise à l'AKP depuis 2004.

La proclamation des résultats définitifs par la Haute commission électorale (YSK) attendue dans la journée de lundi confirmera ces résultats, déjà intégrés par les principaux intéressés, dont le chef de l'Etat.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son épouse  Emine Erdogan au siège du parti islamo-conservateur AKP, à l'issue des municipales qui ont vu la victoire de l'opposition, à Ankara le 1er avril 2024 ( AFP / Adem ALTAN )

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son épouse Emine Erdogan au siège du parti islamo-conservateur AKP, à l'issue des municipales qui ont vu la victoire de l'opposition, à Ankara le 1er avril 2024 ( AFP / Adem ALTAN )

Depuis le siège de son parti à Ankara et devant une foule abattue, inhabituellement silencieuse, le président turc a promis de "respecter la décision de la Nation".

Peu auparavant, le maire sortant d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, quinquagénaire médiatique et fringant, avait annoncé sa réélection à la tête de la plus grande ville de Turquie, qu'il a conquise en 2019, sans même attendre la proclamation des résultats officiels.

Des partisans de l'opposition turque réunis devant la municipalité d'Istanbul, dimanche 31 mars 2024 ( AFP / YASIN AKGUL )

Des partisans de l'opposition turque réunis devant la municipalité d'Istanbul, dimanche 31 mars 2024 ( AFP / YASIN AKGUL )

"Ce soir la démocratie va déferler (...) sur les places, dans les rues, les universités, les cafés et les restaurants d'Istanbul", a lancé l'édile face à des dizaines de milliers de ses partisans, exultant, accourus devant le siège de la municipalité, sous une déferlante de drapeaux rouges turcs et de fumigènes.

A Ankara, le maire CHP Mansur Yavas, largement en tête, avait lui aussi déjà revendiqué la victoire, affirmant devant une foule en liesse que "ceux qui ont été ignorés ont envoyé un message clair à ceux qui dirigent ce pays".

- Percée en Anatolie -

"Les électeurs ont choisi de changer le visage de la Turquie", a estimé le chef du CHP, Ozgur Ozel.

Un homme brandit un portrait du maire d'Ankara, Mansur Yavas, candidat du parti CHP (social-démocrate) àAnkara le 31 mars 2024 ( AFP / Adem ALTAN )

Un homme brandit un portrait du maire d'Ankara, Mansur Yavas, candidat du parti CHP (social-démocrate) àAnkara le 31 mars 2024 ( AFP / Adem ALTAN )

Outre Izmir (ouest), troisième ville du pays et fief du CHP, et Antalya (sud) où les partisans de l'opposition ont commencé à célébrer la victoire dans les rues, la principale formation de l'opposition a réalisé une percée spectaculaire en Anatolie.

Elle fait la course en tête dans des chefs-lieux de provinces longtemps tenus par l'AKP, selon des résultats quasi définitifs qui ont pris de court les observateurs.

Le président Erdogan, âgé de 70 ans, dont 21 au pouvoir, avait jeté tout son poids dans la campagne, en particulier à Istanbul, le "joyau" du pays, sa capitale économique et culturelle dont il fut le maire dans les années 1990 et qui a basculé dans l'opposition en 2019.

Mais l'engagement du chef de l'Etat, qui a annoncé début mars que ces élections étaient "ses dernières", n'a pas suffi.

"Il y a un besoin d'équilibre au moins au niveau local contre le gouvernement", affirmait dimanche matin à l'AFP Serhan Solak, 56 ans, un habitant d'Ankara venu voter pour Mansur Yavas, le maire sortant du CHP.

Des partisans du parti pro-kurde DEM commencent à célébrer sa victoire aux élections municipales à Diyarbakir (Turquie),le 31 mars 2024 ( AFP / Ilyas AKENGIN )

Des partisans du parti pro-kurde DEM commencent à célébrer sa victoire aux élections municipales à Diyarbakir (Turquie),le 31 mars 2024 ( AFP / Ilyas AKENGIN )

Les candidats de l'AKP se sont toutefois maintenus en tête dans plusieurs grandes villes d'Anatolie (Konya, Kayseri, Erzurum) et de la mer Noire (Rize, Trabzon), bastions du président Erdogan, tandis que le parti pro-kurde DEM s'assurait une confortable avance dans plusieurs grandes villes du sud-est à majorité kurde, dont Diyarbakir, la capitale informelle des Kurdes de Turquie.

- Bataille de 2028 -

Tout au long de la campagne, le président Erdogan a enchaîné les meetings quotidiens, bénéficiant d'un temps d'antenne illimité sur les télévisions publiques, quand ses adversaires en étaient presque privés.

La défaite de son Parti de la justice et du développement, notamment à Istanbul, sera lourde de conséquences.

S'accrochant à la ville, le président avait annulé l'élection municipale de 2019, pour finalement voir M. Imamoglu l'emporter de plus belle lors d'un second scrutin organisé trois mois plus tard, subissant ainsi son pire revers électoral depuis son arrivée au pouvoir en 2003 en tant que Premier ministre.

Le maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu a revendiqué la victoire dimanche soir ( AFP / YASIN AKGUL )

Le maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu a revendiqué la victoire dimanche soir ( AFP / YASIN AKGUL )

Le maire d'Istanbul, abonné au podium des personnalités politiques préférées des Turcs, n'a eu de cesse depuis de se poser en rival direct du chef de l'Etat, qui l'a pourtant dépeint en "maire à temps partiel" dévoré par ses ambitions nationales.

Pour nombre d'observateurs, le maire d'Istanbul disposera une fois élu d'un boulevard vers la présidentielle de 2028.

Le chef de l'Etat, résigné, a lui évoqué les "quatre années de travail (...) à ne pas gaspiller" d'ici-là, une manière d'écarter l'éventualité d'une élection anticipée qui lui permettrait de se représenter une nouvelle fois.

5 commentaires

  • 01 avril 10:30

    pietra3 : ce que vous dites est vrai pour Istanbul. Mais c'est le reste du pays qui a propulsé Erdogan au pouvoir et l'a soutenu tout ce temps. Attendons la suite, comme vous le dites.


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