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Municipales à Paris, Lyon, Marseille: contretemps majeur au Sénat pour la réforme du scrutin
information fournie par AFP 03/06/2025 à 19:38

Critiquée de toutes parts dans l'hémicycle du Sénat, la réforme du scrutin municipal pour Paris, Lyon et Marseille semble promise à un rejet massif à la chambre haute ( AFP / MIGUEL MEDINA )

Critiquée de toutes parts dans l'hémicycle du Sénat, la réforme du scrutin municipal pour Paris, Lyon et Marseille semble promise à un rejet massif à la chambre haute ( AFP / MIGUEL MEDINA )

La réforme du scrutin municipal pour Paris, Lyon et Marseille a été massivement rejetée mardi au Sénat, un contretemps important pour ses soutiens, en premier lieu le Premier ministre François Bayrou, mis sous pression par ses alliés LR au gouvernement qui demandent l'abandon du texte.

La droite y est hostile, l'immense majorité de la gauche aussi, et même le bloc central a reconnu certaines carences: l'article-phare de la proposition de loi d'origine macroniste a connu un sort funeste dans l'hémicycle de la chambre haute du Parlement, avec seulement 97 voix pour son adoption face à 217 oppositions.

Adoptée à l'Assemblée nationale, début avril, avec l'appui de l'exécutif, de La France insoumise et du Rassemblement national, la réforme mettrait fin au mode de scrutin mis en place en 1982 dans la loi PLM, en vertu duquel les électeurs à Paris, Lyon et Marseille votent dans chaque arrondissement pour une liste de conseillers, les élus du haut de la liste siégeant au conseil d'arrondissement et au conseil municipal.

Dans sa version approuvée par les députés, elle prévoyait à la place d'instaurer deux scrutins, l'un pour élire les conseillers d'arrondissement ou de secteur, l'autre pour élire ceux du conseil municipal, sur une circonscription unique. Avec une ambition: rendre le scrutin "plus lisible", rapprocher les électeurs du choix de leur maire et faire en sorte "qu'un électeur égale une voix".

- "Le retrait s'impose" -

Ce rejet sans équivoque de la chambre haute en première lecture complique la tâche des soutiens du texte, porté par le député de Paris Sylvain Maillard et soutenu par François Bayrou.

Le Premier ministre convoquera-t-il une commission mixte paritaire (CMP), réunion de sept sénateurs et sept députés chargés de négocier pour aboutir à un texte commun ?

Le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola n'a pas voulu le confirmer totalement mardi, estimant que cela relevait d'une "décision collective". Mais il a tout de même ouvert la porte en indiquant qu'il fallait "respecter la parole de chacune des Assemblées", refusant de donner une "prééminence" au Sénat.

Ces dernières heures, plusieurs membres du camp gouvernemental avaient assuré à l'AFP qu'une CMP était bien envisagée sur ce texte même si le Sénat le rejetait.

Un homme vote à Paris pour le deuxième des élections municipales le 28 juin 2020 ( AFP / Christophe ARCHAMBAULT )

Un homme vote à Paris pour le deuxième des élections municipales le 28 juin 2020 ( AFP / Christophe ARCHAMBAULT )

Mais rien n'assure qu'un accord n'émerge, ce qui pourrait conduire l'exécutif à décider d'enjamber le Sénat en donnant le dernier mot à l'Assemblée nationale.

Opération à haut risque, car il faudrait alors assumer de voter un texte avec le RN et LFI... Et contre les précieux alliés de la droite.

Mardi, pas une voix n'a manqué au groupe LR pour s'opposer au texte fustigé par le nouveau président de parti Bruno Retailleau et par le patron de la Haute assemblée, Gérard Larcher.

La droite est même allée plus loin en mettant la pression sur le gouvernement: "Par notre vote, nous envoyons un signal clair. Le retrait de cette réforme s'impose", a lancé le vice-président du groupe LR Laurent Somon, qui a par la suite assuré à l'AFP que la droite serait "inflexible" sur sa position en cas de CMP.

"Si le gouvernement veut aller au bout sur sa réforme, il va se fragiliser", martèle la rapporteure (LR) du texte Lauriane Josende. "Ce sera à ses risques et périls", prévient un autre sénateur LR.

- "Sans le Sénat" ? -

De plus, François Bayrou avait assuré en février qu'il "n'imagin(ait) pas qu'un texte puisse être adopté sur ce sujet sans qu'il y ait accord de l'Assemblée nationale et du Sénat". Une déclaration que de nombreux opposants au texte, en premier lieu le président des sénateurs LR Mathieu Darnaud, ont surligné dans leur bloc-notes.

Les partisans du texte, eux, n'ont pas jeté l'éponge. Si les sénateurs ne s'ouvrent pas aux discussions, "la seule chose qui est sûre, c'est que la réforme se fera sans le Sénat", a pointé mardi la sénatrice MoDem Isabelle Florennes. "Nous ne devons pas nous mettre dans cette situation."

Le président du Sénat Gérard Larcher lors d'un débat au Sénat le 28 février 2024 ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Le président du Sénat Gérard Larcher lors d'un débat au Sénat le 28 février 2024 ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Mais dans une chambre qui ne compte aucun Insoumis et seulement une poignée d'élus RN, la balance a très largement penché pour un rejet.

D'autant que les socialistes, deuxième groupe du Sénat, ont la même position que la droite, à l'exception de leurs élus marseillais.

"Le texte n'est pas excellent, il faut désormais l'améliorer", a ainsi plaidé sur franceinfo le maire de Marseille Benoit Payan, appelant à corriger "l'anomalie démocratique" qui aboutit à ce que "la voix d'un citoyen dans nos trois plus grandes villes n'est pas la même que celle des autres villes".

A l'inverse, la maire de Paris Anne Hidalgo a salué dans un communiqué une "bonne nouvelle" et appelé le gouvernement "à renoncer à ce projet profondément néfaste pour la démocratie parisienne".

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