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Mohamed Amra garde le silence sur son évasion meurtrière lors de son premier interrogatoire
information fournie par AFP 11/06/2025 à 21:30

Un hélicoptère de la gendarmerie se pose à la prison de Condé-sur-Sarthe, le 11 juin 2025 dans l'Orne, pour transférer le trafiquant de drogue Mohamed Amra au Palais de Justice de Paris en vue d'une comparution ( AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER )

Un hélicoptère de la gendarmerie se pose à la prison de Condé-sur-Sarthe, le 11 juin 2025 dans l'Orne, pour transférer le trafiquant de drogue Mohamed Amra au Palais de Justice de Paris en vue d'une comparution ( AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER )

Le narcotrafiquant Mohamed Amra, extrait mercredi matin sous haute sécurité de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), n'a pas répondu aux questions des juges spécialisés sur son évasion meurtrière en mai 2024, lors de son premier interrogatoire au tribunal de Paris.

Le suspect a été ramené sous haute surveillance policière mercredi après-midi dans sa prison ultrasécurisée.

Entendu pendant trois heures par les trois juges de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco) chargés des investigations sur son évasion au péage d'Incarville qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires, M. Amra a fait "de simples déclarations" sans répondre sur le fond, a indiqué son avocat Lucas Montagnier.

Mohamed Amra, poursuivi pour meurtres en bande organisée en récidive, a notamment évoqué "ses conditions" de détention "au quotidien", a précisé son autre avocat, Benoît David.

Me Montagnier a balayé tout "procédé" ou "défiance", et avancé l'impossibilité de "préparer cet interrogatoire dans des conditions sereines et conformes aux droits de la défense".

Lors de leurs entretiens, un surveillant, posté derrière une porte vitrée, "peut entendre les échanges, voir les documents", a accusé Me Montagnier, dénonçant une "absence de confidentialité" et une "atteinte grave" aux droits de la défense.

L'audition du jour devait permettre de le questionner sur la préparation de son évasion, sur le jour J de l'opération puis sur sa longue cavale. "M. Amra répondra aux questions des juges lorsque la confidentialité de nos échanges sera pleinement garantie", a assuré Me Montagnier.

- Casque antibruit et bandeau -

Dans un communiqué, Laure Beccuau, procureure de Paris et de la Junalco a indiqué que cet interrogatoire avait été préparé en amont "avec l'administration pénitentiaire" mais aussi avec la défense du mis en cause "afin de s’assurer que l’intéressé était disposé à s’expliquer, afin que ces efforts ne soient pas déployés en vain."

Elle a confirmé le refus de s'exprimer de Mohamed Amra "en arguant d’un manque de confidentialité de ses entretiens avec ses avocats sur son lieu de détention."

Au moins 41 autres personnes sont mises en examen, dont 30 sont en détention provisoire, dans cette affaire tentaculaire qui a mobilisé des moyens exceptionnels pour interpeller les suspects, dont certains étaient en fuite à l'étranger. Deux protagonistes sont attendus du Maroc.

Mohamed Amra, surnommé La Mouche, s'était évadé le 14 mai 2024 dans l'Eure lors d'une précédente extraction qui s'est transformée en véritable guet-apens: deux agents pénitentiaires ont été abattus, trois autres grièvement blessés.

Un médecin légiste sur le site d'une attaque à la voiture bélier contre un fourgon pénitentiaire, au péage routier à Incarville, dans l'Eure, le 14 mai 2024 ( AFP / ALAIN JOCARD )

Un médecin légiste sur le site d'une attaque à la voiture bélier contre un fourgon pénitentiaire, au péage routier à Incarville, dans l'Eure, le 14 mai 2024 ( AFP / ALAIN JOCARD )

Il se trouvait dans un fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville quand un commando l'a libéré dans une attaque ultraviolente. Il est ensuite parti en cavale pendant neuf mois, mais a été arrêté le 22 février à Bucarest avant d'être remis à la France.

Mercredi, cette nouvelle extraction a été réalisée sous haute sécurité, avec à la manoeuvre le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), unité d'élite spécialisée dans la gestion de crises et les missions dangereuses.

Peu après 07h30, Mohamed Amra a été extrait par hélicoptère de sa prison dans l'Orne. A bord, il était équipé d'un casque antibruit, avec un bandeau sur les yeux "pour l'empêcher de mémoriser le trajet", selon une source proche du dossier.

- Indignation -

Puis il a été conduit de la base aérienne de Vélizy-Villacoublay (Yvelines) au tribunal de Paris où il est arrivé vers 09H30, escorté par quatre véhicules et deux motards.

Les syndicats pénitentiaires s'étaient indignés de cette extraction, appelant à une audition en visioconférence ou à un déplacement des magistrats au sein même de la prison de Condé, pour minimiser les risques.

Cette "pression" mise pour "empêcher une quelconque extraction" est "un réel problème", a souligné Me Benoît David. "Une bonne justice a certes un coût, mais elle n'a pas de prix dans une société démocratique", a-t-il insisté.

Les juges ont estimé "impératif" de le faire venir pour qu'il s'explique "dans des conditions procédurales, matérielles et de confidentialité adaptées et incontestables", a justifié Laure Beccuau.

M. Amra a été invité à s'exprimer sur "des pièces de la procédure, notamment des photographies et un document vidéo" a souligné la procureure. En vain.

12 commentaires

  • 11 juin 18:03

    Quelle honte; on peut se demander qu'est ce que les juges veulent savoir de quelqu'un qui ne mérite qu'une chose: être fusillé.
    Donc, la justice devrait faire la liste des questions à poser à Amra ainsi que la liste des dépenses.
    Faudra t-il refaire l'opération ?


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