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Nouvelle-Calédonie: le leader kanak Christian Tein libéré après un an de détention
information fournie par AFP 12/06/2025 à 23:22

Christian Tein à Bourail en Nouvelle-Calédonie le 14 juin 2024 ( AFP / Delphine MAYEUR )

Christian Tein à Bourail en Nouvelle-Calédonie le 14 juin 2024 ( AFP / Delphine MAYEUR )

Le leader indépendantiste kanak Christian Tein a quitté jeudi soir la prison de Mulhouse-Lutterbach, où il était en détention depuis près d'un an dans le cadre de l'enquête sur les émeutes mortelles en Nouvelle-Calédonie au printemps 2024.

Christian Tein est sorti en voiture du centre pénitentiaire, sans faire de déclaration, accompagné par sa compagne, qui s'était installée à Mulhouse afin de le soutenir lors des parloirs. Sa libération avait été prononcée quelques heures plus tôt par la cour d'appel de Paris.

"Ce dossier vient de rentrer (...) dans l'histoire de la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie et je ne peux que me réjouir qu'enfin des juges aient compris le fond du dossier", s'est félicité François Roux, qui défend M. Tein.

Christian Tein, qui comparaissait en visioconférence depuis sa prison, s'est engagé à "répondre aux convocations de la justice" et à vivre chez sa compagne.

Sous contrôle judiciaire, il a interdiction de se rendre en Nouvelle-Calédonie et de contacter d'autres protagonistes du dossier.

"Aujourd'hui victoire", a salué Jean-Luc Mélenchon sur X. "Les leaders kanaks emprisonnés à 17.000 kilomètres de chez eux sont enfin libérés. Christian Tein et ses camarades seront bientôt parmi nous", a écrit le leader insoumis.

"Il demeure mis en examen pour son implication présumée dans les émeutes les plus graves de l'histoire récente de la Nouvelle-Calédonie" et sa "participation à une négociation politique (...) apparaît inenvisageable", a considéré de son côté le député Renaissance de Nouvelle-Calédonie Nicolas Metzdorf.

- "Prisonnier politique" -

Élu en août 2024 président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), Christian Tein a toujours nié avoir appelé à commettre des violences et se présente comme un "prisonnier politique".

Il est le chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), une organisation que la justice soupçonne d'être derrière les émeutes qui ont éclaté le 13 mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, faisant 14 morts, dont deux gendarmes, et plus de deux milliards d'euros de dégâts.

L'avocate générale avait requis son maintien en détention provisoire, "unique moyen d'éviter une concertation frauduleuse" et pour garantir que M. Tein, présenté comme "le commanditaire" ayant diffusé "un mot d'ordre", réponde aux convocations des juges d'instruction.

Pour l'autre avocat de Christian Tein, Florian Medico, au contraire, "le dossier est vide" et les trois magistrats instructeurs ont pris la "décision unanime" de le remettre en liberté.

"On ne reproche à M. Tein que des discours politiques, militants. Il n'a jamais, jamais appelé à prendre les armes, à la violence, à porter atteinte aux intérêts de l'Etat" mais a "toujours appelé au calme", a assuré Me Medico.

L'analyse de son téléphone portable n'a révélé aucun "appel à des rassemblements armés, à des violences", seulement des documents politiques, selon le conseil.

- "Boucs-émissaires" -

Christian Tein à Bourail en Nouvelle-Calédonie le 14 juin 2024 ( AFP / Delphine MAYEUR )

Christian Tein à Bourail en Nouvelle-Calédonie le 14 juin 2024 ( AFP / Delphine MAYEUR )

Pour Me Medico, les troubles en Nouvelle-Calédonie étaient le "signe d'une détresse sociale" pour lesquels "on cherche des boucs-émissaires".

Les trois magistrats instructeurs qui enquêtent à Paris sur les émeutes mortelles de 2024 en Nouvelle-Calédonie ont ordonné le 3 juin la remise en liberté sous contrôle judiciaire de M. Tein, quelques jours après un interrogatoire.

Ils ont notamment estimé qu'à ce stade de la procédure, il n'était pas démontré que M. Tein ou d'autres mis en examen auraient préparé un attroupement armé ou un groupement violent, avait indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

Mais le parquet a fait un référé-détention, contraignant le militant à rester incarcéré jusqu'à l'audience de jeudi.

Le ministère public soupçonne M. Tein d'être le commanditaire d'un plan d'actions violentes contre l'État en trois phases visant à déstabiliser les entreprises et commerces, les administrations et services de l'État par la commission de nombreuses exactions contre les biens et les personnes.

La cour d'appel a également remis en liberté trois autres militants indépendantistes incarcérés dans l'Hexagone, Dimitri Qenegei, Guillaume Vama, Erwan Waetheane, et confirmé celle d'un quatrième, Steeve Unë.

Au cours de l'audience, ce dernier, qui comparaissait libre, a dénoncé, visiblement encore affecté, les conditions de leur transfert en avion vers l'Hexagone après leur mise en examen: "pendant trente heures, notre dignité a été mise plus bas que terre".

L'information judiciaire a été ouverte notamment pour complicité de tentatives de meurtres et vols avec arme et destructions en bande organisée à Nouméa, puis dépaysée à Paris en janvier 2025.

7 commentaires

  • 02:57

    Direction l'Azerbaïdjan ?


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