Depuis quelque temps, il troquait régulièrement sa chemise et sa cravate pour un vieux et confortable pull à col roulé, et ça n'était pas bon signe. Michel Rocard était de ceux qui ne renoncent jamais. À presque 86 ans, il se faisait un principe de faire sonner son réveil tous les matins pour parcourir les longs kilomètres qui séparaient son domicile de son bureau.
Ne pas aller au bureau, c'était renoncer. Renoncer à avancer, car il était hors de question qu'il perde son temps à faire autre chose que servir son pays. Alors qu'il était foudroyé par la fatigue, il refusait obstinément de respecter le repos que les médecins lui prescrivaient, il bottait en touche en revendiquant qu'il ne savait rien faire d'autre que travailler ! Michel Rocard était un passionné, animé par l'amour infini qu'il vouait à son pays, la France, et aux Français. Amoureux de la France, il n'en était pas moins curieux de comprendre le monde dans sa grande complexité et il y consacrait la majeure partie de sa réflexion ces dernières années. La petite cuisine politicienne de ses amis au pouvoir ne l'intéressait plus, tout comme sa propre histoire politique, dont tout le monde garde en souvenir les illustres années passées à Matignon sous la présidence de François Mitterrand.
Un pays de notaires
Michel Rocard n'aimait guère évoquer cette période, non pas par rancune ou par nostalgie, mais parce que cela n'avait que peu...
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