"Les alertes que nous recevons, c'est une goutte d'eau dans la mer, une toute petite partie de la réalité", déplore le responsable de la ligne d'écoute.
(illustration) ( AFP / LOIC VENANCE )
Un "rattrapage" après les confinements ? Les signalements à la ligne téléphonique 3977, dédiée à la lutte contre les maltraitances envers les adultes âgés ou handicapés, ont bondi de 28% au premier semestre 2021, par rapport à la même période de 2020, a-t-on appris auprès de la fédération opérant ce numéro.
Les périodes de confinement sont synonymes de difficultés à signaler les dysfonctionnements. "Il y a eu un déficit d'appels en 2020 pendant le confinement, pour partie parce que nos appelants habituels, c'est-à-dire surtout les familles, n'ont pas été mobilisés : ils ne pouvaient pas accéder à l'intérieur des maisons de retraite ", a indiqué mercredi Pierre Czernichow, président de la fédération en charge de cette ligne d'écoute créée en 2012 et financée par les pouvoirs publics.
Une majorité de maltraitances au domicile
Concrètement, au premier semestre 2021, le service 3977 a ouvert 948 dossiers sur de possibles maltraitances -qu'elles soient physiques ou psychologiques-, soit une hausse de 28% par rapport au premier semestre 2020. En 2020, par rapport à 2019, la hausse avait été de 3%.
Une partie des signalements concerne des "négligences" ou des "réponses insuffisantes" des maisons de retraites et des établissements pour adultes handicapés. Elles sont "la plupart du temps totalement involontaires" de la part de soignants épuisés et pas assez nombreux, relève Pierre Czernichow.
Mais les trois quarts des appels concernent des maltraitances qui surviennent au domicile des adultes concernés : elles peuvent être le fait de professionnels intervenant chez eux, ou de membres de leur entourage ou de leur famille.
Quels que soient les chiffres, "les alertes que nous recevons, c'est une goutte d'eau dans la mer , une toute petite partie de la réalité", insiste le responsable de la ligne d'écoute. Or, "ne pas en parler, c'est la façon la plus sûre que cela se réitère". Pour ce spécialiste en santé publique, "il y a certes une prise de conscience collective de ce problème, mais beaucoup reste à faire", notamment pour lutter contre l'idée préconçue selon laquelle ce phénomène "relève de l'intimité et ne regarde pas la société".
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