Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Macron veut tenter une "approche nouvelle" en Afrique
information fournie par Reuters 27/02/2023 à 07:57

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours à Munich, en Allemagne

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours à Munich, en Allemagne

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - "Répondre à une demande de partenariat" par "une approche nouvelle" en Afrique, acteur majeur des enjeux du monde : telle est l'ambition affichée par Emmanuel Macron, qui présente ce lundi sa vision des relations avec un continent où la France perd de l'influence au profit de puissances comme la Chine et la Russie, sur fond de guerre en Ukraine.

Plus de cinq ans après le discours de Ouagadougou où il avait proclamé la fin de la "Françafrique" héritée des temps coloniaux, le chef de l'Etat interviendra devant la presse à l'Elysée 48 heures avant de s'envoler pour l'Afrique centrale où il participera à un sommet environnemental au Gabon avant une tournée éclair en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo.

Aucun pays du Sahel ne figure au programme, alors que les troupes françaises viennent de quitter le Mali et ont mis fin à leur mission au Burkina Faso après des années de lutte contre des groupes terroristes.

Dans son discours, Emmanuel Macron devrait redéfinir les modalités de la présence militaire en Afrique pour les quatre ans à venir. Paris est encore présent au Tchad et au Niger, notamment.

Les retraits de l'armée tricolore s'inscrivent dans un contexte de perte d'influence de la France au profit de pays comme la Chine, la Turquie, l'Inde et la Russie, qui fait désormais figure de partenaire militaire majeur de l'Afrique via des ventes d'armes et la présence de la milice Wagner.

Cette poussée est doublée d'une offensive via les réseaux sociaux - dépeignant la France comme une puissance néo-coloniale - face à laquelle Emmanuel Macron a demandé, lors de la dernière conférence des ambassadeurs, d'être "plus réactifs".

"UN DÉCALAGE COMPLET"

"La France a été prise d'une pulsion interventionniste et il y a eu un décalage complet entre les bonnes intentions affichées et la perception qu'en ont eue les Africains", explique à Reuters Roland Marchal, du Centre d'études internationales de Sciences Po.

"Oui il y a une propagande russe. Mais la propagande française en Afrique a existé et existe encore sur la façon d'écrire ce qu'on a fait en essayant d'être du côté du bien, ce qui a permis de ne pas à répondre aux questions posées. Il est naïf de penser que les gens détestent la France simplement parce que Wagner s'agite", ajoute-t-il.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, vient de terminer une troisième tournée depuis le début de la guerre en Ukraine en Afrique, où il cherche des soutiens lors des votes aux Nations unies.

Jeudi, veille du premier anniversaire du conflit, le Mali a voté pour la première fois contre une résolution de l'Assemblée générale de l'Onu appelant à la cessation des hostilités en Ukraine, largement adoptée par ailleurs.

D'une manière générale, les pays africains rechignent à prendre parti dans ce conflit sanglant qui bouleverse les équilibres mondiaux.

Cette lutte d'influence en Afrique, particulièrement aiguë entre Paris et Moscou, ne saurait pour autant être le moteur de la tournée présidentielle, assure l'Elysée.

"On ne conçoit pas ce déplacement comme une course et une escalade dans la désinformation et l'intimidation. On laisse ces méthodes à d'autres", dit la présidence. "Notre préoccupation est d'être clairs et lisibles sur ce qu'on a à offrir dans notre partenariat".

"Le but de ce voyage n'est pas de ressortir en étant d'accord sur tout, mais de partager des visions du monde et d'essayer de converger. Face aux menaces stratégiques qui sont devant nous, que ce soient la guerre en Ukraine, les chocs économiques, pandémiques, il est crucial que l'Europe et l'Afrique soient les plus alignés et les plus intimes possibles dans leur dialogue."

PARTENARIATS AGRICOLES

Au Gabon, ancienne colonie française ayant récemment rejoint le Commonwealth, Emmanuel Macron co-présidera avec Ali Bongo le One Forest Summit pour parler climat et biodiversité dans le bassin du Congo qui, avec 220 millions d'hectares, constitue le deuxième massif forestier de la planète après l'Amazonie.

En Angola, pays riche en pétrole où TotalEnergies est présent, Emmanuel Macron encouragera les partenariats agricoles pour sécuriser les ressources alimentaires de cette nation lusophone de 34 millions d'habitants.

Accompagné d'une délégation de chefs d'entreprises, le président participera à des forums économiques pour tenter d'inverser une tendance qui a conduit la part de marché de la France à chuter de 10,6% à 4,4% entre 2020 et 2021 selon le magazine Challenges, alors que celle des entreprises chinoises bondissait de 3,8% à 18,8%.

Au-delà des thèmes abordés, c'est un changement de ton qui est attendu de la part d'un pays dont le comportement a nourri des incompréhensions, qu'il s'agisse de sa politique de restriction de visas en vigueur depuis les années 1980, de l'attitude de ses présidents successifs ou des méthodes des militaires envoyés en terre africaine.

"En Afrique, le mot qui vient quand on parle des Français c'est 'arrogance'", prévient Roland Marchal. "On garde les mêmes clichés colonialistes, racialistes, avec une société africaine qui a quand même évolué. Il faut changer le logiciel pour avoir une autre perception du continent, là où sont nos intérêts."

(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Jean-Stéphane Brosse)

13 commentaires

  • 27 février 16:27

    Maintenant que la Russie et la Chine montrent qu'ils peuvent faire mieux, l'ancienne puissance coloniale qui voit ce qu'elle pensait etre son pré carré lui échapper veut tout à coup mettre en oeuvre une nouvelle approche. MDR


Signaler le commentaire

Fermer