
Le président Emmanuel Macron et son épouse Brigitte arrivent le 8 juin 2025 au port de Nice, à la veille d'une conférence de l'Onu sur les océans qui doit s'y tenir ( AFP / Valery HACHE )
Emmanuel Macron est arrivé dimanche à Nice pour accueillir les dirigeants de la planète à la veille d'un sommet de l'Onu sur les océans où il entend "mobiliser", en particulier contre l'"énorme erreur" de ceux tentés de "se détourner du combat climatique".
"Nous avons le devoir de nous mobiliser parce que la science est claire et que les faits sont là", a déclaré le président français à la mi-journée à Monaco, en clôture d'un forum de deux jours sur l'économie bleue.
"On est au pire moment !", a-t-il insisté quelques heures plus tard à son arrivée à Nice, en évoquant une série de crises toutes liées en elles: biodiversité, eau, alimentation, santé, changement climatique.
Face à cela, Donald Trump aux Etats-Unis et beaucoup d'autres à travers le monde, "y compris d'ailleurs en France", remettent en cause la priorité du climat: "Passez, il n'y a rien à voir. On s'en occupera ou gérera crise après crise... Enorme erreur", a lancé le président français.
Il s'exprimait après avoir écouté les recommandations des plus de 2.000 chercheurs du monde entier, qui ont demandé écoute et soutien à l'issue d'un congrès ces derniers jours, ainsi que des élus de la coalition des villes côtières, lancée samedi sous l'égide des Nations Unies.
"La planète ne peut plus supporter des promesses non tenues", a prévenu le président brésilien Luiz Ignacio Lula da Silva avant d'arriver à Nice.
En début d'après-midi, plusieurs dizaines de navires scientifiques ou de prestige ont célébré la Journée mondiale des océans dans la baie des Anges, sous un vent fort et un ciel rendu laiteux par les fumées des incendies au Canada.
Avant d'ouvrir lundi matin la troisième conférence de l'Onu sur les océans (Unoc3), en présence d'une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, M. Macron a prévu un dîner d'Etat au Negresco, l'hôtel emblématique de la promenade des Anglais.
Jusqu'à 5.000 policiers, gendarmes et militaires ont été mobilisés pour la sécurité.
- Chalutage de fond -

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours à Wallers, dans le nord de la France, le 3 juin 2025 ( POOL / Teresa SUAREZ )
Comme aux négociations climatiques, les Etats-Unis, premier domaine maritime au monde, n'ont envoyé qu'une délégation technique, avec un responsable de la Maison Blanche chargé de l'environnement. "C'est mieux que la chaise vide. Et on continuera à avancer", a temporisé M. Macron.
"On se bat ensemble, un océan, une terre", a assuré LaToya Cantrell, la maire démocrate de la Nouvelle-Orléans, dévastée en 2005 par l'ouragan Katrina. "Nous exhortons nos dirigeants à investir avec nous sur les lignes de front".
Fin avril, Donald Trump a cependant provoqué de vives inquiétudes en décidant unilatéralement d'ouvrir l'extraction minière dans des eaux internationales du Pacifique.
Pour mieux sauvegarder les écosystèmes, un effort est attendu sur les aires marines protégées (AMP). Des annonces de plusieurs pays lundi devraient leur faire dépasser les 10% de la surface des mers, contre actuellement 8,4% mais encore loin de l'objectif de 30% en 2030.

L'exploitation minière des fonds marins ( AFP / Jonathan WALTER )
Le niveau de protection fait aussi débat. Mis sous pression par les ONG, M. Macron a annoncé samedi une limitation du chalutage de fond dans certaines AMP. Et le Royaume-Uni doit annoncer lundi son intention d'étendre l'interdiction du chalutage de fond à plus de la moitié des aires marines protégées d'Angleterre.
Dans de nombreux domaines, "l'action ne progresse pas à la vitesse ou à l'échelle requise", reconnaissent les Etats dans le projet de déclaration finale de la conférence, négociée depuis des mois.
- "Il y a de l'argent" -
Exploitation minière des fonds marins, traité international sur la pollution plastique et régulation de la surpêche et de la pêche illégale seront au menu des discussions.
La France a dû revoir ses ambitions à la baisse pour cette première conférence onusienne dans l'Hexagone depuis la COP21 en 2015. Ainsi, la barre des 60 ratifications nécessaires pour l'entrée en vigueur du traité de la haute mer de 2023 ne sera pas atteinte à Nice.
Un nouveau train de ratifications est attendu lundi, et la barre devrait être atteinte à l'automne, a assuré M. Macron.
Les échanges devraient également porter sur un moratoire sur l'exploitation minière des fonds marins -- actuellement soutenu par 33 pays--, sur le futur traité contre la pollution plastique et sur la ratification d'accords concernant la lutte contre la pêche illégale et la surpêche.

Manifestation pour la protection des océans, le 7 juin 2025 sur la promenade des Anglais à Nice ( AFP / Valery HACHE )
Si le sommet de Nice "n'est pas à proprement parler une conférence de mobilisation de fonds", selon l'Elysée, le Costa Rica espère 100 milliards de dollars de nouveaux financements pour le développement durable de l'océan.
La protection des océans, qui couvrent 70,8% du globe, est le moins bien financé des 17 objectifs de développement durable de l'Onu.
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