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Les investisseurs obligataires retournent sur les Treasuries, malgré les incertitudes sur les taux
information fournie par Reuters 19/10/2023 à 11:03

par Davide Barbuscia

Certains investisseurs attirés par les rendements élevés augmentent leur exposition aux bons du Trésor américain à long terme alors même que ces titres subissent des ventes d'une ampleur historique, les marchés s'attendant à ce que les taux demeurent élevés pendant longtemps.

Les investisseurs s'étant positionnés pour une récession déclenchée par les hausses de taux de la Réserve fédérale ont souffert, la résistance de l'économie américaine encourageant la banque centrale à maintenir ses taux à un niveau élevé plus longtemps qu'anticipé par les marchés. Les Treasuries pourraient donc afficher une troisième perte annuelle consécutive, ce qui est sans précédent.

Ces paris ont été remis en cause le mois dernier à l'occasion de la réunion de politique monétaire de la Fed, qui a mis à jour ses projections économiques en signalant qu'une nouvelle hausse de taux aurait lieu cette année, et que les taux demeureraient élevés jusqu'en 2024. Les rendements à long terme ont alors atteint des sommets inégalés depuis 15 ans, le marché se rangeant au scénario d'"atterrissage en douceur", dans lequel la banque centrale freine l'inflation sans provoquer de récession.

Mais la dernière hausse des rendements a rendu les Treasuries à long terme plus attrayants pour certains investisseurs, car ils peuvent bloquer des rendements d'environ 5% sur des titres à 10 ou 30 ans. En comparaison, nombreux sont ceux qui pensent que les rendements des titres à plus court terme diminueront probablement sur la même période.

Felipe Villarroel, gérant chez TwentyFour Asset Management, a déclaré qu'il avait récemment échangé des Treasuries à 10 ans contre des Treasuries à 30 ans, dont le rendement est plus élevé. À ces niveaux, les rendements offrent "un coussin massif au niveau du rendement total (qui inclut prix des titres et coupon)" contre une nouvelle baisse du prix des obligations, pour le gérant.

Au cours de la semaine qui s'est achevée le 11 octobre, les Treasuries ont enregistré leurs plus importants flux hebdomadaires entrants, de 7,2 milliards de dollars, depuis mars 2023, a indiqué Bank of America Global Research dans une note. Les rendements des Treasuries américain à 10 ans ont dépassé 4,95% jeudi en Asie, leur niveau le plus élevé depuis plus de 16 ans, et les rendements à 30 ans ont dépassé les 5% ce mois-ci pour la première fois depuis 2007.

Matt Smith, directeur des investissements chez le gérant d'actif britannique Ruffer, a augmenté son exposition aux Treasuries à 30 ans et aux Treasuries à 10 et 30 ans protégés contre l'inflation (TIPS) au cours des dernières semaines, doublant approximativement la duration de son portefeuille, une mesure de la sensibilité d'un portefeuille aux variations des taux d'intérêt.

"Le passage d'un scénario d'atterrissage brutal à un scénario d'atterrissage en douceur est ce qui nous donne cette opportunité d'investissement", explique-t-il.

Les acheteurs pensent que la Fed approche de son pic de taux, que l'inflation sous-jacente ralentit et que les souverains ont désormais plus de chances de prendre de la valeur en cas de ralentissement de l'économie.

Leslie Falconio, responsable de la stratégie obligataire chez UBS Global Wealth Management, a déclaré que son exposition aux Treasuries portait principalement sur des titres à cinq ans, mais qu'elle avait récemment acheté des titres à sept ou dix ans pour profiter des rendements plus élevés.

"À ces niveaux, nous pensons que vous avez le soutien des intérêts composés et un rebond des prix plus que probable (...), car les rendements baisseront en 2024, selon nous", résume-t-elle.

TRANSMISSION DES TAUX

Nombreux sont ceux qui estiment improbable un proche rebond du marché obligataire, car les rendements peuvent encore augmenter en raison d'une inflation persistante, du creusement des déficits budgétaires et de l'augmentation de l'offre des titres d'État, autant de facteurs qui font remonter la prime de risque.

Mercredi, le Trésor a émis 13 milliards de dollars d'obligations à 20 ans pour lesquels la demande a été robuste, selon les analystes. Une émission de titres à 30 ans a suscité une demande plus faible la semaine dernière, ce qui a entraîné une hausse des rendements.

Le BlackRock Investment Institute a déclaré cette semaine qu'il s'attendait à ce que les rendements à 10 ans atteignent 5% ou plus à long terme, bien que les rendements devraient moins progresser dans les 6 à 12 prochains mois que ce que l'institut avait estimé plus tôt cette année, les prix des obligations intégrant déjà largement la hausse des taux d'intérêt.

Néanmoins, les acheteurs d'obligations comme Ruffer sont encouragés par la transmission récente des rendements élevés aux actifs risqués, comme les actions et le crédit.

Cela montre que le resserrement monétaire commence à se répercuter sur l'économie, expliquent-ils, un point de vue partagé par certains responsables de la Fed qui, la semaine dernière, ont déclaré que les rendements plus élevés resserraient le crédit au point d'atténuer la nécessité d'une nouvelle hausse des taux.

Les actions ont rebondi ces derniers jours, mais ont perdu 4,9% par rapport à leur sommet de juillet. Les écarts de taux du crédit à haut rendement, qui indiquent la prime demandée par les investisseurs pour détenir des titres d'entreprises risqués plutôt que des obligations d'État plus sûres, étaient au plus haut depuis plus de trois mois au 5 octobre.

"Le resserrement que (les rendements obligataires) imposent à l'économie et aux marchés augmente (...) et limite le travail supplémentaire que la Fed doit faire", résume Smith.

(Reportage Davide Barbuscia, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)

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