
Les cinéastes belges Luc (à gauche) et Jean-Pierre Dardenne à Paris, le 5 mai 2025 ( AFP / JOEL SAGET )
Un sanctuaire pour s'extraire d'un parcours cabossé: "Jeunes mères", en lice pour offrir une 3e Palme d'or record aux frères Dardenne, suit cinq adolescentes hébergées dans une maison maternelle, qui tentent de construire une vie meilleure pour elles et leurs enfants.
Emotionnellement intense, le film, qui sera présenté au dernier jour du Festival de Cannes vendredi, sort en salles en France à la même date.
Rejetée par les siens à l'annonce de sa grossesse, Naïma (Samia Hilmi) quitte la maison maternelle, prête à se lancer dans la vie de mère célibataire dont elle avait honte. Julie (Elsa Houben), ancienne toxicomane, Jessica (Babette Verbeek), abandonnée par une mère qui le fut elle-même adolescente, Perla (Lucie Laruelle) et Ariane (Janaina Halloy Fokan), filles de femmes alcooliques ou en proie à des troubles psychiques, sont elles aussi sur cette voie.
"Le film va raconter comment chacune va se libérer d'un poids, d'un destin qui leur a été, comme tous les destins, imposé, et à travers quel chemin elles doivent passer pour se libérer de ce destin qui les poursuit depuis leur enfance", résume Jean-Pierre Dardenne pour l'AFP.
Trait d'union entre ces cinq jeunes mères, une maison maternelle, qui accueille des femmes enceintes sans ressources, visitée dans le cadre d'un autre projet de scénario par le duo belge, primé à Cannes pour "Rosetta" (1999) et "L'Enfant" (2005).
- "Se libérer" -
"C'est un peu ce lieu qui nous a décidés à faire ce film", se remémore Jean-Pierre Dardenne. "Quand je dis le lieu, c'est aussi les jeunes femmes, les éducatrices, la psychologue, la directrice qui nous ont captés, ce qu'il s'y passait, ce qu'on a ressenti. (...) Comme si le lieu, ces gens nous avaient dit: racontez nos histoires."
Histoires au pluriel car le long-métrage, marqué du sceau du réalisme caractéristique des deux cinéastes, ne documente ni le fonctionnement d'une maison maternelle ni la maternité adolescente.
"Ce sont des destins individuels, (...) il y a chaque fois une histoire très particulière", portée avec justesse par un quintet d'actrices peu expérimentées, souligne Luc Dardenne. "Ce qui nous a intéressés, c'était de trouver cinq personnes qui vivent cinq choses différentes, même si, évidemment, c'est chaque fois lié à la relation à un enfant."
Dans la veine du cinéma social, dont les deux Belges sont parmi les plus illustres représentants, "Jeunes mères" développe "comment pèse sur chacune l'histoire sociale, la pauvreté, le fait d'avoir déjà une mère qui vous a abandonné... et comment se battre avec ça", poursuit Luc Dardenne.
C'est souvent douloureux, mais c'est aussi lumineux car ce qui a "vraiment intéressé" le duo, ajoute-t-il, ç'a été "de trouver les scènes qui permettaient à ces jeunes filles de se libérer de cet emprisonnement dans lequel elles étaient".
Entre espoirs, embûches, réussites et renoncements, le spectateur fait aux côtés de Naïma, Julie, Jessica, Perla et Ariane l'expérience de la résilience. "C'est surtout une histoire sensible", conclut le cinéaste. "C'est ça qu'on a essayé de transférer sur l'écran."
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