(Actualisé avec nouveau décompte)
Les forces israéliennes ont tué 15 personnes dimanche dans le sud du Liban, alors que l'échéance fixée pour leur retrait était passée et que des milliers de personnes tentaient de rentrer chez eux au mépris des ordres de l'armée, ont indiqué les autorités libanaises.
Israël avait prévenu que son armée resterait déployée au Sud-Liban au-delà de l'échéance de dimanche, prévue dans le cessez-le-feu négocié par les États-Unis dans le cadre du conflit avec le Hezbollah, et a déconseillé samedi aux habitants de revenir chez eux, jusqu'à nouvel ordre.
L'Etat hébreu affirme que le Liban n'a pas encore pleinement appliqué les conditions exigeant que le sud du pays soit débarrassé des armes du Hezbollah et que l'armée libanaise y soit déployée.
L'armée libanaise, soutenue par les Etats-Unis, a signalé que l'un de ses soldats figurait parmi les personnes tuées dimanche, accusant Israël de retarder son retrait.
Le ministère libanais de la Santé a fait état de 15 personnes tuées et 83 autres blessées dans de nombreuses zones du Sud-Liban, à la suite de ce qu'il a décrit comme des attaques israéliennes contre des citoyens qui tentaient de regagner leurs villes toujours occupées.
L'armée israélienne a déclaré que ses troupes opérant dans le sud du Liban avaient procédé à des tirs de sommation pour écarter des suspects qui étaient en train de s'approcher de leurs positions. Un certain nombre de ces suspects représentant "une menace imminente" ont été appréhendés, a-t-elle ajouté.
La chaîne de télévision du Hezbollah, Al Manar, a diffusé des images d'habitants se dirigeant vers des villages malgré les ordres israéliens, certains tenant le drapeau du groupe chiite et des images de combattants du Hezbollah tués pendant la guerre.
Un porte-parole de l'armée israélienne, dans un message sur X adressé aux habitants du sud du Liban, a accusé le Hezbollah de vouloir raviver le conflit et a déclaré que l'armée israélienne les informerait "dans un avenir proche" des endroits où ils pourraient revenir.
LE HEZBOLLAH VEUT QUE LE LIBAN "JOUE SON RÔLE"
Le Hezbollah, qui a confié à l'État libanais la responsabilité d'assurer le retrait d'Israël, a qualifié le maintien des troupes de violation de l'accord de cessez-le-feu.
Selon Hassan Fadlallah, député du Hezbollah, le Liban est attaché à l'application de l'accord mais Israël s'y est opposé avec le soutien des Etats-Unis. La Maison Blanche a déclaré vendredi qu'une prolongation temporaire et de courte durée du cessez-le-feu était nécessaire de toute urgence.
"Ce qui se passe dans les villages frontaliers est une libération par la force du peuple, et notre peuple ne se laissera pas briser par l'armée israélienne", a-t-il déclaré à Reuters. "Nous voulons que l'Etat joue pleinement son rôle et que l'armée soit déployée dans les villages".
Le haut responsable de l'Onu au Liban et le chef des Casques bleus dans le sud ont déclaré que les conditions n'étaient "pas encore réunies" pour un retour en toute sécurité des citoyens libanais dans les villages proches de la frontière. "Le fait est que les délais prévus" dans le cessez-le-feu "n'ont pas été respectés", ont-ils déclaré dans un communiqué.
L'accord prévoit un délai de mise en œuvre de 60 jours.
Le président Joseph Aoun, commandant en chef de l'armée libanaise jusqu'à ce que le Parlement l'élise chef de l'Etat le 9 janvier, a appelé la population du sud à faire preuve de retenue et à faire confiance à l'armée libanaise.
"La souveraineté et l'intégrité territoriale du Liban ne sont pas négociables, et je suivrai cette question au plus haut niveau pour garantir vos droits et votre dignité", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Israël n'a pas précisé combien de temps ses forces resteraient dans le sud, où l'armée affirme avoir saisi des armes et démantelé des infrastructures du Hezbollah.
Pendant près d'un an, Israël et le Hezbollah ont échangé tirs de roquettes et bombardements des deux côtés de la frontière, le mouvement chiite libanais entendant ainsi manifester son soutien au Hamas après l'attaque du groupe palestinien dans le sud de l'Etat hébreu le 7 octobre 2023.
Israël a intensifié sa campagne contre le Hezbollah en septembre dernier et a décapité le mouvement libanais, sorti fortement affaibli de ce conflit, qui a déplacé plus d'un million de personnes au Liban.
(Reportage de Tom Perry et Laila Bassam à Beyrouth, Alexander Cornwell à Jérusalem, Jaidaa Taha, Menna Alaa El Din et Muhammad Al Gebaly au Caire, version française Benjamin Mallet)
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