Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot rencontre le patriarche grec orthodoxe d'Antioche
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est arrivé vendredi à Damas où il rencontrera avec son homologue allemande, Annalena Baerbock, le nouveau dirigeant de facto de la Syrie, Ahmed al Charaa, dans le cadre d'une visite conjointe au nom de l'Union européenne (UE).
"Cette visite permettra de marquer la volonté de la France et de l'Allemagne de se tenir aux côtés du peuple syrien (...) après la chute du régime de Bachar al Assad", écrit le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué publié avant le départ de Jean-Noël Barrot.
"Les échanges sur place permettront également aux ministres de travailler à la réponse aux défis de sécurité collectifs, en premier lieu la lutte contre le terrorisme", poursuit le communiqué.
En attendant la rencontre prévue avec Ahmed Hussein al Charaa, Jean-Noël Barrot s'est rendu dans les locaux de l'Ambassade de France à Damas, fermés depuis 2012, a-t-on appris de sources diplomatiques.
"Il a rencontré et salué le travail des personnels syriens qui ont veillé sur nos emprises diplomatiques", précisent les sources, ajoutant que le ministre a réaffirmé la nécessité de travailler à la réouverture de la représentation diplomatique en fonction de l’évolution des conditions politiques et sécuritaires.
"La France préparera, de façon graduelle et conditionnée, les modalités de son retour en Syrie", indiquent également les sources.
VISITE DE LA PRISON DE SAIDNAYA
Les ministres des Affaires étrangères allemand et français, arrivés séparément à Damas, rencontreront également des représentants de la société civile syrienne et se rendront à la prison de Saidnaya, près de la capitale syrienne.
"Mon voyage d'aujourd'hui - avec mon homologue français et au nom de l'UE - est un signal clair adressé aux Syriens: un nouveau départ politique entre l'Europe et la Syrie, entre l'Allemagne et la Syrie, est possible", a déclaré Annalena Baerbock, selon un communiqué du ministère allemand des Affaires étrangères publié avant son départ pour Damas.
Annalena Baerbock et Jean-Noël Barrot sont les premiers ministres issus d'Etats membres de l'Union européenne à se rendre en Syrie depuis que les rebelles ont pris le contrôle de Damas le 8 décembre, forçant le président Bachar al Assad à se refugier en Russie après plus de 13 ans de guerre civile.
"Ensemble, la France et l’Allemagne se tiennent aux côtés du peuple syrien, dans toute sa diversité", a écrit sur le réseau social X Jean-Noël Barrot.
"En Syrie, nous voulons favoriser une transition pacifique et exigeante au service des Syriens et pour la stabilité régionale", ajoute-t-il.
Annalena Baerbock a dit se rendre en Syrie avec une "main tendue" et des "attentes claires" envers les nouveaux dirigeants, qui, selon elle, seront jugés sur leurs actes.
"Nous savons d'où vient idéologiquement le HTC, ce qu'il a fait dans le passé", a-t-elle déclaré, faisant référence à la milice syrienne Hayat Tahrir al Cham, auparavant connue sous le nom de Front al Nosra, l'ancienne branche syrienne d'Al Qaïda.
Ahmed al Charaa, aussi connu sous le nom d'Abou Mohammed al Joulani, son nom de combattant djihadiste, est le chef du HTC.
"Mais nous entendons et voyons aussi le désir de modération et de compréhension avec d'autres acteurs importants", a cependant noté Annalena Baerbock, citant les discussions avec les Forces démocratiques syriennes kurdes (FDS), alliées des Etats-Unis.
Selon Annalena Baerbock, l'Allemagne et ses partenaires internationaux sont déterminés à s'assurer que les affaires intérieures syriennes ne soient pas perturbées par des influences extérieures. Elle a notamment appelé la Russie à mettre fin à ses bases militaires en Syrie.
L’objectif désormais est que la Syrie redevienne un membre respecté de la communauté internationale, a-t-elle dit.
(Rédigé par Camille Raynaud et Claude Chendjou, avec la contribution d'Elizabeth Pineau et Dominique Vidalon à Paris, Miranda Murray à Berlin, édité par Blandine Hénault)
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