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Les banquiers centraux, artisans de l'accalmie sur les prix ? Le débat est ouvert
information fournie par Boursorama avec AFP 23/01/2024 à 09:02

La Banque centrale européenne. ( AFP / DANIEL ROLAND )

La Banque centrale européenne. ( AFP / DANIEL ROLAND )

A l'origine de hausses de taux d'intérêt en cascade ces deux dernières années pour lutter contre la flambée des prix, les banquiers centraux sont depuis plusieurs semaines au centre d'un débat: ont-ils vraiment contribué à faire ralentir l'inflation ?

Parfois encensés dans la presse pour être en passe de réussir leur "pari" contre la hausse des prix, les banquiers centraux, dont la Banque centrale européenne (BCE) qui se réunit jeudi et envisage de baisser ses taux cet été, font aussi l'objet de vives attaques.

"Le mérite de cette réussite ne revient pas à la Réserve fédérale américaine (Fed) et aux banques centrales du monde entier", a écrit le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, dans une tribune publiée en janvier dans la revue The Americain Prospect.

Selon l'économiste classé à gauche, "ce n'est pas grâce à l'action de la Fed que les prix des voitures, du pétrole, des denrées alimentaires ou d'autres biens touchés par des pénuries ont baissé, mais parce que ces pénuries ont été au moins partiellement résolues", et étaient à la source d'une inflation qu'il qualifie de "transitoire".

Or, rappelle-t-il, les hausses de taux d'intérêt sont inefficaces lorsque l'inflation provient d'un choc énergétique ou de blocages dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, deux crises survenues avec la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine.

Les hausses des taux n'ont pas de prise sur ces situations exceptionnelles, mais elles ont un effet lorsqu'il s'agit de refroidir une économie menacée par la surchauffe: des taux plus élevés rendent plus cher l'octroi d'un crédit pour les entreprises et les ménages et les incitent à moins consommer.

A terme, ce resserrement mène à un ralentissement de l'économie pouvant aller jusqu'à une récession, ce qui fait reculer l'inflation. Mais cette fois l'économie n'était pas en surchauffe, et l'inflation a tout de même reculé.

- "Importance secondaire " -

"Ce qu'elles ont fait est allé dans la bonne direction c'est certain, mais les effets n'ont été que d'une importance secondaire", abonde auprès de l'AFP Alan Blinder, professeur d'économie à l'université américaine de Princeton, qui met lui aussi en avant les deux chocs sur l'économie mondiale comme raison principale à l'inflation.

"L'ironie est qu'elles reçoivent plus de crédit qu'elles ne le méritent d'avoir fait reculer l'inflation, après avoir été exagérément accusées de l'avoir laissée devenir hors de contrôle", ajoute-t-il, au début de la crise énergétique en 2021.

L'origine de la crise inflationniste fait encore aujourd'hui débat, certains jugeant qu'elle a été essentiellement alimentée par la crise énergétique et les problèmes d'approvisionnement, des facteurs d'offre, tandis que d'autres la lient aussi à la demande, matérialisée par les généreux soutiens budgétaires liés à la pandémie.

Dans ce débat entre théoriciens de l'inflation "transitoire" liée à des chocs externes contre une inflation "permanente", les seconds insistent sur le fait que sans une action résolue des banquiers centraux l'inflation se serait emballée.

- Hausses de salaires -

Les ménages et les entreprises "auraient anticipé que l'inflation allait rester élevée et se diffuserait à l'ensemble de l'économie", a ainsi défendu Benoit Mojon, à la tête de la recherche économique à la Banque des règlements internationaux (BRI), en décembre.

Les travailleurs auraient alors réclamé "des hausses de salaires encore plus élevées", a-t-il poursuivi en commentaire d'une étude de l'institution basée en Suisse et dont les actionnaires sont des banques centrales.

Grâce au ton très ferme de ces dirigeants, les salaires sont justement restés sous contrôle et ont permis d'éviter une spirale inflationniste, où les hausses de rémunérations viennent alimenter l'inflation, une situation observée dans les années 1970, affirment les défenseurs des banques centrales.

Alors, qui a raison? Dans une étude, la société Allianz Trade a évalué que la banque centrale américaine a contribué à hauteur de 45% au ralentissement de l'inflation, tandis que le reste provient de la normalisation sur les chaînes de production à travers la planète, un pourcentage comparable s'agissant des autres principales banques centrales.

"On peut l'analyser en disant que tout le monde a un peu raison", affirme à l'AFP l'économiste Maxime Darmet, auteur de l'étude. "Mais aussi en disant ceux qui pensent que l'inflation n'était que transitoire ignorent totalement l'impact des banques centrales".

1 commentaire

  • 23 janvier 09:27

    Bonne conclusion de M.Darmet ( pour un néophyte comme moi).


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