
LE PRÉSIDENT D'HAÏTI ASSASSINÉ À SON DOMICILE, UN "ACTE BARBARE" POUR LE PREMIER MINISTRE
par Andre Paultre
PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Le président d'Haïti Jovenel Moïse a été tué par balles dans sa résidence privée au cours de la nuit de mardi à mercredi par des assaillants non identifiés , un acte qualifié d'"inhumain et barbare" par le Premier ministre par intérim, Claude Joseph.
L'épouse du président, Martine Moïse, a été blessée et reçoit des soins médicaux, a-t-il déclaré.
"Vers une heure du matin, dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 juillet 2021, un groupe d'individus non identifiés, dont certains parlaient en espagnol, ont attaqué la résidence privée du président de la République et ainsi blessé mortellement le chef de l'État", a dit Claude Joseph dans un communiqué.
Selon le Premier ministre, la police et l'armée maîtrisent la situation, mais des coups de feu ont été entendus à Port-au-Prince, la capitale, après l'attaque qui s'est produite dans le contexte d'une vague croissante de violence dans le pays, l'un des plus pauvres des Caraïbes.
La République dominicaine a annoncé la fermeture des frontières qu'elle partage avec Haïti.
L'ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince, qui se disait "profondément préoccupée" le 30 juin dernier par le climat général d'insécurité liée à la guerre des gangs à Haïti, a également décidé de garder portes closes mercredi en raison de la "situation sécuritaire en cours".
A Washington, la porte-parole de la Maison blanche Jen Psaki a dénoncé un "crime horrible" et une "tragédie". "Nous nous tenons prêts à fournir toute l'assistance nécessaire", a-t-elle ajouté.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est déclaré "choqué et attristé" par cet acte "odieux".
Le président colombien, Ivan Duque, a appelé l'Organisation des Etats américains à envoyer d'urgence une mission en Haïti pour "protéger l'ordre démocratique". "C'est un acte lâche et barbare contre l'ensemble du peuple haïtien", a-t-il déclaré.
Politiquement divisé et confronté à une crise humanitaire aiguë ainsi qu'à des pénuries alimentaires, Haïti, pays de 11 millions d'habitants, pourrait connaître ainsi une nouvelle phase d'instabilité.
Port-au-Prince, notamment, est confrontée à des violences nourries par les batailles de gangs entre eux et avec la police pour le contrôle des rues.
Jovenel Moïse, qui avait 53 ans, était vivement contesté depuis sa prise de fonctions en 2017, l'opposition l'accusant notamment de vouloir installer une dictature en prolongeant son mandat et en devenant de plus en plus autoritaire - des accusations rejetées par le président haïtien.
Jovenel Moïse a gouverné par décret pendant plus d'un an après le report des élections législatives et a tenté de faire adopter une réforme constitutionnelle controversée.
"Toutes les mesures sont prises pour garantir la continuité de l'État et protéger la nation", a déclaré le Premier ministre par intérim.
(Reportage Andre Paultre, avec la contribution d'Ezequiel Abiu Lopez à Saint-Domingue, de Susan Heavey et Doina Chiacu à Washington, rédigé par Sarah Marsh, version française Bertrand Boucey, Dagmarah Mackos et Jean-Stéphane Brosse, édité par Jean-Michel Bélot et Jean-Stéphane Brosse)
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