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Le chef de l'Agence spatiale européenne met en garde contre l'hésitation politique
information fournie par Reuters 16/08/2023 à 14:29

Josef Aschbacher, chef de l'ESA

Josef Aschbacher, chef de l'ESA

par Tim Hepher

PARIS (Reuters) - Le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), Josef Aschbacher, a exhorté les responsables politiques hésitants à ne pas perdre l'avance européenne dans la lutte contre le changement climatique, alors que les vagues de chaleur record et les incendies fournissent des preuves "vraiment alarmantes" du rythme du réchauffement de la planète.

"Il est clair que le changement climatique est très visible et qu'il provoque d'énormes transformations sur notre planète", a déclaré à Reuters Josef Aschbacher, expert en matière d'observation de l'environnement.

La Grèce, l'Italie, l'Espagne et plus récemment le Portugal ont été confrontés à des températures record et à des incendies de forêt cet été.

Selon l'Organisation météorologique mondiale, "la température moyenne relevée à travers le globe en juillet a été la plus élevée jamais enregistré".

"C'est vraiment alarmant", a commenté Josef Aschbacher. "Cela confirme que le changement climatique est la plus grande menace pour notre planète, pour l'humanité, et qu'il le restera au cours des prochaines décennies, et que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour en atténuer les effets".

Jusqu'en 2021, date à laquelle il a pris la tête de cette agence qui regroupe 22 pays, Josef Aschbacher dirigeait les activités phares de l'ESA en matière de satellites d'observation de la Terre, notamment le programme Copernicus, qui, selon l'agence basée à Paris, représente le plus grand effort de surveillance de l'environnement au monde.

La semaine dernière, le programme européen Copernicus a diffusé une photo d'un impressionnant incendie de forêt, maîtrisé depuis, qui a ravagé des milliers d'hectares de forêt dans le sud du Portugal.

Selon les scientifiques, les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes, plus intenses et susceptibles de chevaucher les saisons en raison du changement climatique.

Toutefois, certains gouvernements sont soumis à davantage de pressions sur le coût des engagements de réduction nette des émissions, et les analystes estiment que les élections qui se profilent en Europe pourraient mettre en péril les mesures à venir.

En Grande-Bretagne, où des élections générales sont prévues d'ici 18 mois, le Premier ministre Rishi Sunak a mis en garde contre les politiques climatiques qui "donnent inutilement aux gens plus de soucis et plus de coûts".

Pour Josef Aschbacher, les coûts à long terme risquent d'être beaucoup plus élevés si les gouvernements ne réagissaient pas face aux preuves "claires comme de l'eau de roche", fournies notamment par les mesures satellitaires ou la récente vague de chaleur qui a frappé le sud de l'Europe.

"Il est beaucoup moins coûteux d'agir maintenant que d'attendre des années et de réparer les dégâts causés".

"Et il est certainement inquiétant que les signaux ne soient pas entendus en politique comme ils devraient l'être, afin de réellement sauver notre planète", a-t-il ajouté, sans viser de responsable politique ou d'Etat en particulier.

DÉFICIT DE FINANCEMENT

Josef Aschbacher fait partie des dirigeants qui s'inquiètent de l'hésitation à soutenir les mesures de lutte contre le changement climatique, une réaction négative rampante que certains défenseurs du climat ont qualifiée de "greenlash" (contraction en anglais de "vert" et "retour de baton", NDLR).

"L'ère de l'ébullition mondiale est arrivée", a déploré de son côté le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, après que les scientifiques ont annoncé que le mois de juillet a été le plus chaud jamais enregistré.

Le programme Copernicus de l'ESA comprend six familles de satellites Sentinel conçus pour lire les "signes vitaux" de la planète, du dioxyde de carbone à la hauteur des vagues en passant par les températures des terres et des océans.

Six autres projets de missions "Sentinel Expansion", prévues à partir de 2026, sont en suspens en raison d'un déficit de financement de 721 millions d'euros après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Des négociations sont en cours depuis des mois entre le Royaume-Uni et la Commission européenne pour savoir si et dans quelle mesure le Royaume-Uni doit continuer à contribuer au financement de Copernicus par l'intermédiaire de l'UE, qui codirige le programme aux côtés de l'ESA.

La contribution directe, plus modeste, de la Grande-Bretagne à Copernicus, en tant que l'un des principaux pays membres de l'ESA, n'est pas affectée.

Le ministère britannique de la Science, de l'Innovation et de la Technologie n'a pas répondu à une demande de commentaire dans l'immédiat.

L'ESA a besoin d'une décision sur le financement d'ici juin 2024 "pour poursuivre le développement de la prochaine série de satellites Sentinel de manière ininterrompue", a expliqué Josef Aschbacher, bien que cela ne fasse pas partie des négociations.

Si ce délai n'est pas respecté, la décision de financement sera reportée à la prochaine période de planification, à partir de 2028, a-t-il ajouté. Suspendre les travaux sur la prochaine série de satellites augmenterait également les coûts en nuisant à la continuité et enverrait un mauvais message quant à l'avancée de l'Europe sur les questions climatiques, a-t-il ajouté.

"L'impact serait très important car les Sentinelles sont nécessaires pour fournir un certain nombre de paramètres climatiques critiques. Cela aurait un impact significatif sur l'engagement de l'Europe dans la lutte contre le changement climatique".

(Reportage de Tim Hepher ; version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)

1 commentaire

  • 16 août 15:46

    On n'est pas sauvé avec la lourdeur de l'administration européenne ! On a déjà vécu la lourdeur impressionnante en 2008 Crise subprime !


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