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Le blocage de la frontière polonaise, un tracas de plus pour les agriculteurs ukrainiens
information fournie par Boursorama avec AFP 06/03/2024 à 08:28

Manifestation d'agriculteurs polonais à Dorohusk, en Pologne, le 9 février 2024. ( AFP / WOJTEK RADWANSKI )

Manifestation d'agriculteurs polonais à Dorohusk, en Pologne, le 9 février 2024. ( AFP / WOJTEK RADWANSKI )

Au milieu des champs de la région de Kiev, Lioudmyla Martyniouk se tient devant de hauts silos métalliques. Ses céréales devraient être en route pour l'étranger mais "on ne peut pas vendre", explique cette productrice, pour qui les manifestations de fermiers polonais perturbent un marché déjà mal en point.

Ces derniers mois, les agriculteurs ukrainiens sont devenus, malgré eux, l'un des symboles de la colère des fermiers européens.

Ceux-ci accusent les céréales ukrainiennes de causer une chute des prix et réclament un durcissement des règles de l'UE sur les importations de cet acteur majeur du secteur.

Pour tenter d'obtenir gain de cause, des fermiers polonais bloquent la frontière ukrainienne depuis des semaines, entravant des routes commerciales importantes.

De façon ironique, Lioudmyla Martyniouk, directrice de l'entreprise agroalimentaire Kivсhovata Agro, est d'accord avec eux sur un point: le cours des céréales est bien trop bas.

Mais cette sexagénaire, cheveux carmin et rouge à lèvres assorti, assure qu'ils se trompent d'adversaire et déstabilisent encore davantage le secteur. "Ils ne comprennent pas le prix qu'on paye pour ces céréales", dit-elle à l'AFP.

Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, "la logistique est devenue plus chère", soupire Lioudmyla Martyniouk, citant par exemple des factures en hausse pour les pièces détachées, le transport ou le carburant.

Elle assure que le cours actuel des céréales couvre "la moitié (de son) coût de production".

Il y a plusieurs semaines, elle a donc décidé de suspendre ses exportations, qui représentent pourtant 60% de son activité et transitent généralement par la Pologne. Elle considère n'avoir pas le choix, et espère que les prix remontent et que la frontière se débloque.

"Nous sommes très inquiets et on attend tous les jours, comme on attendrait une bouffée d'air frais, (...) que tout ça soit terminé", explique la productrice, qui dit avoir exporté 40.000 tonnes de céréales l'an dernier.

Si elle pouvait parler aux fermiers polonais, Lioudmyla Martyniouk souhaiterait leur dire "que nous ne sommes pas une menace, nous demandons simplement à ce qu'ils laissent passer ces céréales" destinées à d'autres pays que la Pologne.

Elle voudrait aussi les "mettre en garde", car eux aussi pourraient "avoir à prendre les armes pour défendre leurs terres" si l'Ukraine perd.

"Aujourd'hui c'est nous, demain ce sera vous", dit-elle.

- "Sous les missiles" -

Les autorités ukrainiennes cherchent aussi à apaiser la colère polonaise en agitant la menace de la Russie, vue comme le grand ennemi commun.

"Seul Moscou se réjouit" des tensions entre les deux pays alliés, a ainsi clamé le président Volodymyr Zelensky fin février.

Son ministre des Infrastructures, Oleksandre Koubrakov, insiste régulièrement sur les obstacles que ses agriculteurs ont dû affronter depuis le début de l'invasion.

Les producteurs ukrainiens effectuent les récoltes "sous les attaques de missiles et malgré le danger des mines", essaimées sur leur terre par l'armée russe, assure-t-il.

L'Ukraine a également dû frayer un chemin pour ses exportations en mer Noire, malgré les risques de bombardements russes après la fin d'un corridor céréalier dénoncé par Moscou à l'été 2023.

Selon les autorités, 90% des exportations agricoles ukrainiennes passent d'ailleurs par la mer, une voie qu'elles comptent développer pour contourner le blocage polonais.

Mais même avec ce couloir maritime, les conséquences du blocus polonais sont "énormes" pour l'économie ukrainienne, au-delà de la seule agriculture, selon Anna Derevianko, directrice du lobby European Business Association (EBA).

Les entreprises qui exportent sont bien sûr touchées, mais aussi celles dépendant de pièces importées pour fabriquer leurs produits.

Les compagnies qui vendent des produits frais, comme du fromage ou du poisson, sont obligées de les "jeter" quand leur cargaison est restée bloquée trop longtemps à la frontière, ajoute Anna Derevianko, dont l'organisation revendique plusieurs centaines d'entreprises implantées en Ukraine.

Et "évidemment, certaines entreprises pourraient y réfléchir à deux fois avant de commercer avec l'Ukraine", compte tenu des difficultés logistiques, estime-t-elle.

Anna Derevianko dit comprendre que ces mouvements sont liés aux "aspirations européennes" de l'Ukraine, candidat à l'UE, et à "la peur de la compétition avec les produits" du pays.

Les coûts de production et les normes y sont très différents, comparé à ses voisins européens. L'exploitation agricole moyenne, par exemple, est bien plus grande que dans l'UE.

"Mais en même temps, on ne peut pas simplement exclure l'Ukraine de tout", note Anna Derevianko. "Elle existe, et nous devons juste trouver une solution à cette situation."

4 commentaires

  • 06 mars 12:56

    Je reposte mon commentaire supprimé..
    ZvR Et poutine il n'a rien déclenché peut-être..? Ce terre aux riste a sa sein ne vie que par la guerre depuis plus de 20 ans.. Mais c'est mieux de prétendre que le plus vaste pays du monde est attaqué par ses petits voisins. Votre datcha à Moscou va bien, pas de problème de chauffage ?


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