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La situation en Nouvelle-Calédonie avive les tensions entre Paris et Bakou
information fournie par Reuters 16/05/2024 à 13:10

L'Azerbaïdjan a dénoncé jeudi les "propos insultants" du ministre français de l'Intérieur sur son immixtion présumée en Nouvelle-Calédonie, imputant à "l'échec" des politiques ultra-marines de Paris les violences dans l'archipel du Pacifique Sud.

Après trois jours de violences meurtrières dans la collectivité d'outre-mer , Gérald Darmanin a déclaré jeudi sur France 2 que les agissements supposés de Bakou en Nouvelle-Calédonie n'étaient pas "un fantasme", stigmatisant "une dictature qui massacre une partie des Arméniens".

"Nous condamnons fermement les propos insultants de la partie française contre l'Azerbaïdjan et l'exhortons à cesser la campagne de calomnie à l'encontre de l'Azerbaïdjan, avec des accusations inacceptables, comme le massacre des Arméniens", a réagi dans un communiqué virulent le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères.

"Au lieu d'accuser l'Azerbaïdjan de supposément soutenir les protestations indépendantistes en Nouvelle-Calédonie, le ministre de l'Intérieur de France devrait se concentrer sur l'échec de la politique de son pays envers les territoires d'outre-mer qui a conduit à ces protestations", peut-on lire dans un communiqué.

Les relations entre Paris et Bakou, allié de Moscou, se sont nettement dégradées ces derniers mois autour de la question du Haut-Karabakh, cible d'une offensive victorieuse de l'armée azerbaïdjanaise en septembre dernier qui a provoqué l'exil de la quasi-totalité de la population arménienne en Arménie.

L'Azerbaïdjan, qui accuse Paris de bafouer sa souveraineté, a expulsé en avril dernier des diplomates français. La France, qui dénonce des "campagnes de désinformation" azerbaïdjanaises à son encontre, a agi de même en retour. Le 16 avril, Paris a rappelé son ambassadrice à Bakou pour "consultations".

Pour l'exécutif français, l'Azerbaïdjan "utilise le dossier calédonien (...) pour répondre à la défense des Arméniens par la France".

"DEAL"

Lors de la discussion générale à l'Assemblée nationale sur le projet de loi constitutionnelle pour la Nouvelle-Calédonie, le 29 avril dernier, Gérald Darmanin s'en était déjà pris aux autorités de Bakou et à leur "ingérence (...) opportuniste".

"Le lien que l'Azerbaïdjan entretient avec quelques courants indépendantistes, voire avec quelques personnes, ne paraît pas conforme à un idéal politique mais plutôt numéraire", avait-il déclaré, précisant que les services de renseignement français étaient saisis de cette question.

Le ministre avait en outre déploré "que des hommes et femmes politiques français, d'une partie du courant indépendantiste, voient dans l'Azerbaïdjan une planche de salut".

Le gouvernement français et les opposants à l'indépendance calédonienne se sont de fait irrités de la signature à Bakou, le 19 avril, d'un mémorandum de coopération entre l'Assemblée nationale azerbaïdjanaise et le Congrès de Nouvelle-Calédonie, de la main d'une élue indépendantiste du groupe Union calédonienne-FLNKS, Omayra Naisseline.

L'Azerbaïdjan a créé en 2023 le "Groupe d'initiative de Bakou" pour, dit-il, soutenir les "mouvements de libération et anticolonialistes français" de Kanaky (Nouvelle-Calédonie), Maohi Nui (Polynésie française), de Guyane, de Martinique, de Guadeloupe et de Corse.

"Le résultat de l'acharnement de la puissance administrante, dans la droite ligne de la doctrine colonialiste française qui refuse le droit à l'autodétermination des peuples maintenus sous sa tutelle, est que le Kanaky est en flamme aujourd'hui", peut-on lire dans un communiqué du groupe en date du 16 mai.

Jeudi, Gérald Darmanin a redit regretter "qu'une partie des leaders indépendantistes calédoniens aient fait un 'deal' avec l'Azerbaïdjan".

Des drapeaux azerbaïdjanais étaient visibles sur des images montrant les barricades érigées en Nouvelle-Calédonie ces derniers jours.

(Rédigé par Sophie Louet avec la contribution de Jean-Stéphane Brosse et Juliette Jabkhiro, édité par Tangi Salaün)

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