LA FRANCE "ATTENTIVE" FACE À LA GUERRE DE COMMANDE DE MASQUES
PARIS (Reuters) - La France est "attentive" à ce qu'il y ait de la solidarité entre pays face aux besoins en masques de protection décuplés avec l'épidémie de coronavirus en cours, a déclaré vendredi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur fond d'accusations de surenchère visant des acheteurs américains.
"Nous sommes très attentifs à ce qu'il y ait de la solidarité et qu'on ne tombe pas dans quelque chose de complètement incontrôlé", a déclaré la secrétaire d'Etat sur France 2.
"Si ces comportements existent, ça s'explique sans doute par le fait qu'il y a une tension mondiale sur l'approvisionnement en matériel de protection, en particulier (...) en matière de masques", a-t-elle poursuivi.
"C'est pour cela que nous faisons tout, pour la France, pour faire en sorte que nos livraisons soient sécurisées, c'est pour cela que nous avons mis en place un pont aérien en direction de la Chine", a ajouté Sibeth Ndiaye.
Trois présidents de région - Jean Rottner (Grand Est), Renaud Muselier (Provence-Alpes-Côte d'Azur) et Valérie Pécresse (Ile-de-France) - ont accusé ces derniers jours des acheteurs américains d'avoir fait de la surenchère pour remporter la mise sur des cargaisons de masques en provenance de Chine et indispensables notamment au personnel soignant en première ligne face à l'épidémie.
"Ce matin sur le tarmac en Chine, une commande française a été achetée par les Américains cash, et l'avion qui devait venir en France est parti directement aux Etats-Unis", a rapporté Renaud Muselier mercredi à Russia Today. "Devant ces problèmes, je suis en train de sécuriser la marchandise de façon à ce qu’elle ne soit pas saisie ou achetée par d’autres".
"PAYER EN CASH"
"Ce qui se passe avec les Américains est assez terrible, ils sont en capacité, sur le tarmac, de racheter des cargaisons entières, en payant en cash", a abondé cette semaine Jean Rottner sur RMC.
Même son de cloche en Ile-de-France, l'une des régions les plus touchées par l'épidémie en France avec le Grand-Est, où la présidente de région Valérie Pécresse évoque une "véritable chasse au trésor mondiale".
"Nous avions repéré un stock de masques il y a dix jours mais qu'on n'a pas réussi à acheter parce que d'autres ont surenchéri, ont été prêts à payer trois fois le prix du marché pour les avoir", a-t-elle dit vendredi matin sur franceinfo.
"Ils ont payé sans voir la qualité des masques", a-t-elle ajouté.
Interrogé à ce sujet, le porte-parole du Quai d'Orsay a indiqué jeudi que la France procédait "aux vérifications" sans donner plus de détails. Selon une source diplomatique, le ministère des Affaires étrangères a demandé à ses équipes en Chine d'enquêter sur ces accusations.
"Je crois que l'explication tient à la loi du marché", a estimé pour sa part une source française. "Le premier qui passe commande et qui paye remporte le lot."
(Marine Pennetier, avec John Irish, édité par Blandine Hénault)
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