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La colère gronde en Cisjordanie après le raid d'Israël sur Jénine
information fournie par Reuters 05/07/2023 à 16:27

        * 
      Les troupes israéliennes se retirent après deux jours
d'opération
    

        * 
      Les rues de Jénine sont dévastées
    

        * 
      Les dirigeants de l'Autorité Palestinienne hués au cours
de
funérailles
    

  
    par Ali Sawafta
       JENINE, Cisjordanie, 5 juillet (Reuters) - Des
rassemblements de militants palestiniens et d'habitants en
colère se sont déroulés à Jénine mercredi, la foule accusant les
hauts responsables de l'Autorité palestinienne de faiblesse
après l'une des plus importantes opérations militaires
israéliennes en Cisjordanie occupée depuis des années.
    L'opération de deux jours au coeur du camp de réfugiés de
Jénine, qui visait à détruire des infrastructures et des armes
utilisées par des mouvements palestiniens selon l'armée
israélienne, a laissé les rues du camp dévastée et déclenché la
colère du monde arabe.
    Au moins 12 Palestiniens, pour la plupart des militants
armés, ont été tués et une centaine d'autres blessés au cours de
l'opération de l'armée israélienne qui a débuté par des frappes
de drones tard dans la nuit avant le déploiement sur le terrain
de plus d'un millier de soldats israéliens.
    Un soldat de l'armée israélienne a été tué au cours de
l'opération.
    "Nous sommes restés à l'intérieur de notre maison, mais ils
ont coupé l'électricité puis l'eau", raconte Mohammad Mansour,
un habitant du camp. Des bulldozers blindés ont détruit
certaines rues, coupant les câbles électriques et les
canalisations d'eau, pour exposer des mines enterrées en bord de
route. "Nous avons fini par manquer de pain et de provisions,
nous avions faim, je n'ai jamais vécu de telles journées".
    Lors des funérailles de dix personnes décédées au cours de
l'opération, trois hauts responsables de l'Autorité
palestinienne, dont les pouvoirs sont limités en Cisjordanie,
ont été contraints de quitter les lieux après avoir été
confrontés à une foule de milliers de personnes qui scandaient
"Sortez ! Sortez !"
    Après le retrait des forces israéliennes mardi soir, les
dirigeants du Jihad islamique soutenu par l'Iran et d'autres
factions armées ont revendiqué la victoire et les habitants qui
rentraient chez eux semblaient d'humeur revendicative.
    "Ils n'ont pas obtenu ce qu'ils voulaient, Dieu merci. Les
jeunes vont bien, les familles vont bien et le camp va bien", a
dit à Reuters Mutasem Estatia, père de six enfants, qui déclare
avoir passé deux nuits à l'écart, dont une en détention.
    "Il y a 12 martyrs et nous sommes fiers d'eux, mais nous
nous attendions à plus de dégâts au vu de l'ampleur du raid."
    Les forces israéliennes ont arrêté 150 militants présumés,
saisi des caches d'armes, y compris sous une mosquée, déterré
des mines en bordure de route et détruit un centre de
commandement, a déclaré l'armée, qui précise que tous les
Palestiniens tués étaient des combattants armés.
    Le Jihad islamique a annoncé que sept de ses membres avaient
été tués, et le Hamas un combattant.
    Alors que les troupes se retiraient, Israël a fait état
d'une volée de roquettes en provenance de la bande de Gaza, un
autre territoire palestinien dirigé par le Hamas. Les roquettes
ont été abattues et l'armée de l'air israélienne a frappé des
cibles à Gaza appartenant au Hamas sans faire de victimes.
    Autre indication du regain de tensions, un Palestinien a
lancé mardi une attaque à la voiture bélier à Tel-Aviv, blessant
huit personnes avant d'être abattu. Le Hamas l'a revendiqué
comme un de ses membres.
    Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a prévenu
mardi que l'opération de Jénine ne serait probablement pas "la
seule" et a déclaré qu'elle marquerait "le début d'incursions
régulières et d'un contrôle continu sur le territoire".
    Le porte-parole des Brigades Al-Quds, bras armé du Jihad
islamique, a déclaré que "chaque ruelle et chaque rue se
transformeront bientôt en champs de bataille et
d'affrontements".

    FAIBLESSE DE L'AUTORITÉ PALESTINIENNE
    L'ampleur de l'opération israélienne, l'une des plus
importantes depuis 20 ans, a mis en évidence la puissance
croissante des groupes militants à Jénine, où Israël estime que
près de la moitié de la population est affiliée au Jihad
islamique ou au Hamas.
    Elle a également mis en évidence la faiblesse de l'Autorité
palestinienne, créée il y a une trentaine d'années après les
accords de paix d'Oslo, et qui n'a pas été en mesure de
s'imposer face à Israël ou aux groupes militants à Jénine ou à
Naplouse, la ville voisine.
    Ces deux villes sont des centres historiques de la
résistance palestinienne, mais leur importance s'est accrue avec
la vague de violence qui a déferlé sur la Cisjordanie au cours
des deux dernières années.
    À Jénine, des images circulant sur les réseaux sociaux
montrent des centaines de personnes rassemblées devant les
bureaux lourdement gardés du gouverneur de l'Autorité
palestinienne aux premières heures de la matinée mercredi,
jetant des pierres sur les murs de 5 mètres de haut.
    Israël a violemment critiqué l'Autorité palestinienne et son
président Mahmoud Abbas, âgé de 87 ans, en les accusant de ne
pas avoir réussi à maîtriser les groupes militants. Les
responsables de l'Autorité palestinienne affirment quant à eux
qu'Israël a rendu impossible tout contrôle en sapant
délibérément leur autorité.
    Des sondages montrent que près de 80% des Palestiniens
souhaitent la démission de Mahmoud Abbas, mais en l'absence de
successeur désigné et faute de processus électoral depuis près
de 20 ans, il est difficile d'imaginer qui pourrait être son
remplaçant.

 (Reportage Ali Sawafta, Nidal al-Mughrabi, rédaction James
Mackenzie, version française Corentin Chappron, édité par
Blandine Hénault)
 

2 commentaires

  • 06 juillet 09:20

    Si autorité est le mot juste. Un groupement qui vit au crochet du monde alors que le peuple crève la faim


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