
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à Bruxelles le 4 juin 2025 ( AFP / Nicolas TUCAT )
Bientôt une zone euro à 21 membres: la Bulgarie remplit désormais les conditions pour adopter la monnaie unique au 1er janvier 2026, selon la Commission européenne, trois ans après l'entrée de la Croatie.
"Un jour exceptionnel", a réagi le Premier ministre Rossen Jeliazkov après la publication mercredi du satisfecit de Bruxelles, saluant ce "nouveau pas en avant" sur le chemin européen, aboutissement de "nombreux sacrifices" et d'une longue attente.
La décision formelle doit être prise le 8 juillet par les ministres des Finances de l'UE, mais aucune opposition n'est attendue, alors que le pays d'Europe orientale de 6,4 millions d'habitants, le plus pauvre du bloc, respecte l'ensemble des critères techniques.
La Banque centrale européenne (BCE) a également rendu mercredi un avis positif.
"Félicitations Bulgarie!", a lancé la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. "Grâce à l'euro, l'économie bulgare deviendra plus forte, avec plus d'échanges avec les partenaires de la zone euro, plus d'investissements directs étrangers".
- "Préservons le lev bulgare" -
Dans cet Etat membre de l'Union européenne depuis 2007, la perspective d'abandonner la devise nationale, le lev, est pourtant loin de faire l'unanimité.

Des manifestants opposés à l'entrée de la Bulgarie dans la zone euro, à Sofia le 4 juin 2025 ( AFP / Nikolay DOYCHINOV )
Après une manifestation qui avait réuni plusieurs milliers de personnes samedi, des sympathisantsdu parti prorusse Vazrajdane se sont de nouveau rassemblés mardi devant le bâtiment de la Banque centrale bulgare, au coeur de Sofia.
"Préservons le lev bulgare", "Non à l'euro" ou encore "L'avenir appartient aux États souverains", pouvait-on lire sur les pancartes.
Le projet alimente la crainte d'une flambée des prix et nourrit la colère des europhobes.
Selon des sondages récents, près de la moitié des personnes interrogées refuse l'entrée du pays dans la zone euro dès l'an prochain.
Mais les partisans de ce changement historique y voient une étape importante vers l'ancrage géopolitique occidental et une protection contre l'influence du Kremlin.
Si Akseniya, développeuse informatique de 36 ans qui n'a pas voulu donner son nom de famille, dit à l'AFP "ressentir une certaine tristesse et un peu de nostalgie" à l'idée de perdre le lev, elle se réjouit du fait que "cela nous donnera une plus grande liberté et facilitera les voyages à l’étranger".
"L'euro apportera des avantages concrets aux citoyens et aux entreprises bulgares", confirme le commissaire européen à l'Economie, Valdis Dombrovskis. "Après l'adhésion complète de la Bulgarie à l'espace Schengen plus tôt cette année", le pays se "rapproche encore davantage du cœur de l'Europe".
- "Juste vivre bien" -
Dans son rapport, la Commission européenne conclut que la Bulgarie remplit "les conditions pour adopter la monnaie unique".
Ces critères économiques incluent la stabilité des prix, des finances publiques saines, une stabilité de la devise nationale, et des taux d'intérêts qui ne divergent pas trop des autres pays de l'UE.
La Bulgarie, dont le lev est déjà arrimé à l'euro, aurait souhaité passer à l'euro plus tôt, mais elle en avait été empêchée jusqu'ici en raison d'une inflation trop élevée sur fond de grave crise politique.

La zone euro rassemble déjà 350 millions d'habitants ( AFP / Kirill KUDRYAVTSEV )
La monnaie unique européenne a été créée au 1er janvier 1999 pour les transactions électroniques. Mais elle a pris une forme concrète en 2002, avec la mise en circulation des pièces et des billets, en remplacement des devises nationales de 12 Etats membres de l'UE dont l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne.
Ils ont été rejoints plus tard par huit autres pays: la Slovénie en 2007, Chypre et Malte en 2008, la Slovaquie (2009), l'Estonie (2011), la Lettonie (2014), la Lituanie (2015) et la Croatie en 2023.
La zone euro rassemble déjà 350 millions d'habitants, en attendant la Bulgarie. La monnaie unique est un symbole d'unité et de souveraineté européennes.
Tous les pays de l'UE se sont engagés en théorie à y adhérer dès qu'ils remplissent les conditions, mais aucun calendrier n'est fixé. Seule exception: le Danemark qui a négocié une exemption après un référendum ayant rejeté l'euro en 2000.
A Sofia, Svilen Manavski, ouvrier en BTP de 61 ans, a accueilli la nouvelle avec philosophie. "Que ce soit en euros, en dollars ou en leva, moi, je veux juste vivre bien!", résume-t-il.
21 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer