La Banque du Portugal améliore ses prévisions mais s'inquiète de l'incertitude politique

information fournie par Boursorama avec AFP •22/03/2024 à 15:37

( AFP / PATRICIA DE MELO MOREIRA )

La Banque du Portugal a revu en hausse vendredi ses prévisions de croissance pour 2024, tablant désormais sur une hausse du PIB de 2% contre une précédente estimation de 1,2%, mais a mis en garde contre les risques liés à la nouvelle situation politique.

L’économie portugaise doit "progresser de 2% en 2024 et de 2,3% en moyenne les deux années suivantes", a indiqué la banque centrale dans un communiqué.

L'inflation doit se réduire cette année à 2,4%, après une hausse des prix de 5,3% en 2023.

L'investissement est censé progresser de 3,6% et "les exportations restent un des principaux moteurs de la croissance" portugaise, avec une hausse annuelle moyenne de 3,6% également sur la période 2024-2026.

Au-delà des risques externes qui découlent des "tensions géopolitiques", d'un ralentissement de la demande internationale ou des restrictions de la politique monétaire, la Banque du Portugal évoque également des inconnues au plan national.

"En interne, l'incertitude dans la conduite de la politique économique et les retards dans l'application des fonds européens représentent les principaux risques", précise-t-elle.

En conférence de presse, le gouverneur de la Banque du Portugal Mario Centeno a salué les bons indicateurs affichés fin 2023 par l'économie portugaise, au niveau de l'emploi et du revenu des ménages, qui a "résisté à l'inflation", mais aussi l'assainissement des finances publiques.

L'ancien président de l'Eurogroupe a décrit la trajectoire de réduction de la dette du Portugal, passée sous le seuil de 100% pour la première fois en 14 ans, comme "véritablement spectaculaire".

Après huit ans de gouvernements socialistes, dont M. Centeno a été ministre des Finances, le pays ibérique a viré à droite à l'issue des élections législatives du 10 mars dernier, remportées de justesse par la droite modérée.

Le nouveau Premier ministre Luis Montenegro a notamment promis d’augmenter les salaires de certaines catégories de fonctionnaires, une mesure populaire soutenue à la fois par l'opposition socialiste et par un jeune parti d'extrême droite qui a réalisé une forte progression électorale.

Mais, au plan budgétaire, "il est nécessaire de préserver la stabilité dont nous bénéficions aujourd'hui", a prévenu le gouverneur de la Banque du Portugal vendredi.

Le budget de l’État pour cette année, adopté avant la dissolution du Parlement, prévoit des excédents de 0,8% du PIB en 2023 et de 0,2% du PIB en 2024.

"La marge est celle qu'il faut pour nous prémunir contre l'avenir, pas pour consommer dans le présent", a souligné M. Centeno.