(Actualisé avec précisions)
par Asif Shahzad et Shivam Patel
MOUZAFFARABAD, Pakistan/NEW DELHI, 7 mai (Reuters) - L 'Inde a mené des frappes contre des cibles situées au Pakistan et au Cachemire pakistanais mercredi, et Islamabad a dit avoir abattu cinq avions de combats indiens et menacé de représailles, alimentant les craintes d'un embrasement du conflit entre les deux puissances nucléaires.
Les frappes indiennes ont notamment visé des cibles au Pendjab, la province la plus peuplée du Pakistan, pour la première fois depuis le dernier conflit de grande ampleur entre les deux pays il y a plus d'un demi-siècle.
Le Pakistan a déclaré que l'Inde "avait allumé un brasier dans la région" et indiqué qu'il réagirait "au moment, à l'endroit et de la manière de son choix pour venger la perte de vies pakistanaises innocentes et la violation flagrante de sa souveraineté."
New Delhi a dit avoir frappé mercredi neuf "infrastructures terroristes", dont certaines seraient liées à l'attaque qui a fait 26 morts au Cachemire indien le mois dernier. Quatre sites étaient situés au Pendjab et cinq autres dans la partie pakistanaise du Cachemire.
Les autorités indiennes ont affirmé sans fournir de preuves que deux des trois suspects de cette attaque étaient des ressortissants pakistanais ; Islamabad a nié toute implication.
Le Pakistan a déclaré que six sites avaient été visés dans le pays et qu'aucun n'était un camp de combattants. Au moins 26 civils ont été tués et 46 blessés, a déclaré un porte-parole de l'armée pakistanaise.
Les forces indiennes ont attaqué des installations liées aux groupes islamistes Jaish-e-Mohammed (JeM, ou Armée de Mahomet) et Lashkar-e-Taiban, ont déclaré deux porte-parole de l'armée lors d'une conférence de presse.
Les frappes ont visé des "camps terroristes" qui servaient de centres de recrutement et d'endoctrinement et abritaient des armes et des sites d'entraînement, ont-ils ajouté.
"Les renseignements et la surveillance des sites terroristes basés au Pakistan ont montré que de nouvelles attaques contre l'Inde étaient imminentes, il était donc nécessaire de lancer des frappes préventives et de précaution", a déclaré le secrétaire indien aux Affaires étrangères, Vikram Misri.
Selon un communiqué du bureau du Premier ministre pakistanais, cinq avions indiens de combat ainsi que des drones ont été abattus, ce que New Delhi n'a pas confirmé.
Des sources au sein du gouvernement du Cachemire indien ont déclaré à Reuters que trois avions de combat s'étaient écrasés dans diverses zones de la région au cours de la nuit et que leurs pilotes avaient été transportés à l'hôpital.
"ACTE DE GUERRE"
Islamabad a qualifié l'attaque d'"acte de guerre flagrant" et a dit avoir prévenu le Conseil de sécurité des Nations unies que le Pakistan se réservait le droit d'y répondre de manière appropriée.
"Le Pakistan demeure un Etat très responsable. Nous prendrons toutefois tous les mesures nécessaires pour défendre l'honneur, l'intégrité et la souveraineté du Pakistan. A tout prix", a déclaré le porte-parole de l'armée pakistanaise, Ahmed Sharif Chaudhry.
L'Inde et le Pakistan, dotés de l'arme nucléaire et qui se disputent la souveraineté de cette région, se sont affrontées à trois reprises - en 1947, 1965 et 1999.
En dépit d'un cessez-le-feu en vigueur depuis 2003, les incidents sont fréquents le long de la ligne de contrôle, qui coupe en deux le Cachemire.
Le président américain Donald Trump a jugé que la situation était "fâcheuse" et a ajouté qu'il espérait "que cela se (terminerait) rapidement".
Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a appelé les deux pays à la plus grande retenue, a dit un porte-parole, tout comme la Chine et la Russie.
En France, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s'est dit "très préoccupé" par la situation. "Personne n’a intérêt à une confrontation durable entre Inde et Pakistan", a-t-il dit sur TF1.
FUMÉE ET INCENDIES
L'Inde et le Pakistan ont également procédé à des bombardements et à des échanges de tirs nourris le long de leur frontière de facto dans la région du Cachemire, ont indiqué la police et des témoins à Reuters.
Ces affrontements ont fait 10 morts et 48 blessés dans la partie indienne de la région, a indiqué la police locale. Au moins six personnes ont été tuées du côté pakistanais, ont indiqué des responsables locaux.
Les chaînes de télévision indiennes ont montré des images d'explosions, d'incendies ainsi que de larges panaches de fumée et de personnes fuyant dans plusieurs endroits du Pakistan et du Cachemire pakistanais. Reuters n'a pas été en mesure de vérifier de façon indépendante ces images.
A Mouzaffarabad, la capitale du Cachemire pakistanais, les forces de sécurité ont établi un périmètre de sécurité autour d'une petite mosquée située dans un quartier résidentiel, touchée lors de l'attaque.
Des habitants de la ville ont dit avoir fui leur maison et s'être réfugiés dans les collines environnantes.
"Nous sommes sortis", a déclaré Muhammad Shair Mir, 46 ans, décrivant les événements de la nuit. "Puis une autre explosion s'est produite. Toute la maison a tremblé. Tout le monde a pris peur, nous avons tous évacué, pris nos enfants et sommes montés (sur la colline)".
Plusieurs compagnies aériennes asiatiques ont annoncé mercredi qu'elles déroutaient ou annulaient des vols à destination et en provenance de l'Europe. Une douzaine d'aéroports en Inde ont été fermés.
La compagnie aérienne Air France a suspendu "jusqu'à nouvel ordre" le survol du Pakistan.
(avec Gibran Peshimam, Saeed Shah, Ariba Shahid au Pakistan, Tanvi Mehta, Krishna Das à New Delhi, Fayaz Bukhari à Srinagar et Tariq Maqbool à Mouzaffarabad, rédigé par YP Rajesh; version française Camille Raynaud et Blandine Hénault; édité par Augustin Turpin)
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