
La Fed attend davantage de données pour orienter sa politique, souligne Powell
par Howard Schneider et Ann Saphir
La Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé mercredi de maintenir ses taux directeurs mais a elle a prévenu de risques accrus quant à l'inflation et le chômage, assombrissant davantage les perspectives économiques alors qu'elle doit composer avec une politique menée par Donald Trump qui ne cesse d'évoluer, notamment sur les droits de douane.
L'économie dans son ensemble a "continué à se développer à un rythme solide", a déclaré la Fed dans son communiqué de politique monétaire, attribuant la contraction du produit intérieur brut (PIB) américain au premier trimestre à des importations record, les entreprises et les ménages s'étant empressés d'anticiper l'entrée en vigueur de nouvelles taxes à l'importation.
Le marché du travail est également resté "solide" et l'inflation est restée "quelque peu élevée", a déclaré le FOMC - le Comité de politique monétaire de la Fed - à l'issue d'une réunion de deux jours. Ce message reprend la même terminologie utilisée dans la précédente déclaration de la banque centrale.
Le communiqué de mercredi met cependant en évidence des risques émergents qui pourraient placer la Fed devant des choix difficiles dans les mois à venir.
"L'incertitude concernant les perspectives économiques a encore augmenté", insiste le FOMC, dont les membres ont décidé à l'unanimité de maintenir l'objectif des taux de référence de la banque centrale dans une fourchette de 4,25% à 4,50%.
"Le Comité est attentif aux risques qui pèsent sur les deux volets de son double mandat et estime que les risques d'une hausse du chômage et de l'inflation ont augmenté", est-il ajouté dans le communiqué.
POWELL JUSTIFIE L'ATTENTISME
S'exprimant lors de la conférence de presse qui a suivi les annonces de la Fed, son président, Jerome Powell, a noté que "malgré l'incertitude accrue, l'économie était toujours dans une position solide".
Il a également souligné la nécessité pour la Fed de se montrer agile, même si les Etats-Unis sont dans une situation dans laquelle il est impossible d'anticiper. "Nous pensons que l'orientation actuelle de la politique monétaire nous laisse bien positionnés pour répondre en temps opportun aux développements économiques potentiels", a-t-il dit.
Jerome Powell a également noté que la politique commerciale de l'administration américaine constituait toujours une source d'incertitude, ce qui justifie le choix de la Fed d'opter pour une position attentiste.
"Je ne pense pas que nous puissions dire (...) de quelle manière les choses vont évoluer", a-t-il dit, ajoutant qu'il y a "beaucoup d'incertitude, par exemple, sur la façon dont les politiques en matière de droits de douane vont se mettre en place".
A Wall Street, immédiatement après les annonces de la Fed, les indices Dow Jones et S&P 500 ont brièvement accru leurs gains, tandis que le Nasdaq Composite réduisait ses pertes. A la clôture, le Dow Jones a gagné 0,67%, à 41.103,69 points, le S&P 500 0,41% à 5.629,75 points et le Nasdaq Composite 0,26% à 17.735,09 points.
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a accentué son repli, cédant à la clôture près de 4 points de base, à 4,281%. Le dollar, déjà en hausse, s'est encore apprécié, de 0,60% face à un panier de devises de référence.
L'orientation de la politique monétaire dépendra de l'évolution des risques identifiés ou, dans le cas le plus difficile, de la hausse simultanée de l'inflation et du chômage, a fait savoir la Fed, notant qu'elle serait alors forcée à choisir le risque le plus important à compenser par la politique monétaire.
Un marché du travail plus faible est de nature à renforcer généralement les arguments en faveur d'une baisse des taux, tandis qu'une inflation plus élevée nécessiterait de maintenir une politique monétaire restrictive.
LE MARCHÉ DU TRAVAIL JUGÉ DÉTERMINANT
"Pour l'instant, la Fed reste dans une position attentiste en attendant que l'incertitude se dissipe", a déclaré Ashish Shah, directeur des investissements chez Goldman Sachs Asset Management.
"Les récentes données sur l'emploi, meilleures que ce que l'on craignait, ont soutenu la position d'attentisme de la Fed, et il incombe au marché de l'emploi de s'affaiblir suffisamment pour que le cycle d'assouplissement (monétaire de la Fed) reprenne", a-t-il ajouté.
Le niveau des taux directeurs de la Fed est inchangé depuis décembre, alors que ses responsables peinent à estimer l'impact des droits de douane voulus par Donald Trump. Ces surtaxes ont alimenté la crainte d'une inflation plus élevée et d'une croissance économique plus lente cette année.
Lors de la dernière actualisation des projections économiques de la Fed en mars, ses responsables prévoyaient d'abaisser les taux directeurs d'un demi-point de pourcentage d'ici la fin de l'année.
(Howard Schneider et Michael S. Derby; version française Claude Chendjou, édité par Jean Terzian)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer