L'ETAT VOTERA CONTRE LA RECONDUCTION DE KOCHER COMME DG D'ENGIE
PARIS (Reuters) - Les représentants de l'Etat au conseil d'administration d'Engie ont décidé de ne pas renouveler le mandat de directrice générale d'Isabelle Kocher, apprend-on jeudi auprès de deux sources proches du dossier.
Un conseil d'administration extraordinaire doit se réunir en fin d'après-midi pour statuer sur le sort d'Isabelle Kocher, dont le mandat expire en mai. L'Etat détient 24% du capital du groupe et trois sièges au conseil.
La direction d'Engie est devenue ces derniers mois un sujet politiquement sensible pour le gouvernement, en particulier parce qu'Isabelle Kocher est la seule femme à la tête d'une entreprise du CAC 40.
L'Etat lui reproche d'avoir cédé des avoirs à un tarif jugé trop bas, dit-on de source proche du gouvernement, soulignant qu'elle a fait valoir ses états de service dans la promotion des énergies renouvelables et le fait qu'il s'agit d'une femme pour obtenir sa reconduction. D'autres membres féminins de la direction du groupe possèdent les compétences requises pour lui succéder, ajoute-t-on.
"L'Etat s'est positionné : Kocher dehors", avait-t-on déclaré mercredi de source proche du Conseil.
Les représentants du personnel devraient suivre l'avis du gouvernement, ce qui entraînera son éviction, y compris si elle obtient l'appui d'autres membres du conseil d'administration.
Selon Le Monde, elle pourrait être remplacée par un triumvirat dans lequel siégerait Judith Hartmann.
Le groupe s'est refusé à tout commentaire. Le ministre de l'Economie et des Finances s'est quant à lui contenté de nier tout projet de démantèlement d'Engie.
"L'égalité femmes-hommes ne se résume pas au cas d'Engie, c'est un combat beaucoup plus important, beaucoup plus large", a dit Bruno Le Maire. "Attendez de voir la décision que prendra le conseil d'administration, je dis juste qu'il ne faut pas mélanger tous les sujets."
Isabelle Kocher a régulièrement estimé ces dernières années qu'elle était la cible de critiques en raison du virage stratégique qu'elle a fait prendre au groupe.
Sous sa direction, Engie a procédé à quelque 15 milliards d'euros de ventes d'actifs sur la période 2016-2018, principalement dans la production d'électricité à partir de charbon et dans l'amont pétrolier et gazier, et a donné la priorité aux énergies renouvelables, aux infrastructures gazières et aux services.
(Benjamin Mallet, Michel Rose, Jean-Philippe Lefief, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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