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L'avenir de la lutte contre le djihadisme au Sahel en discussion à Paris
information fournie par Reuters 16/02/2022 à 17:57

L'AVENIR DE LA LUTTE CONTRE LE DJIHADISME AU SAHEL EN DISCUSSION À PARIS

L'AVENIR DE LA LUTTE CONTRE LE DJIHADISME AU SAHEL EN DISCUSSION À PARIS

par John Irish et Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Une trentaine de dirigeants africains et européens se réunissent ce mercredi soir à Paris afin de décider de l'avenir de la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel après le retrait, sur le point d'être officialisé, des soldats français et européens du Mali.

Quatre sources diplomatiques européennes ont dit à Reuters que le départ du Mali des soldats français de la force Barkhane et des forces spéciales européennes de la force Takuba serait annoncé jeudi matin avant l'ouverture du sommet entre l'Union européenne et l'Afrique à Bruxelles. Le président Emmanuel Macron doit donner une conférence de presse dans la matinée.

Selon un document de travail distribué à l'ensemble des pays engagés au Mali, que Reuters a pu consulter, la France et ses partenaires de Takuba ont "décidé d'entamer le retrait coordonné de leurs moyens militaires du territoire malien".

Cette annonce devrait mettre un point final à la surenchère verbale des derniers mois entre la France et la junte arrivée au pouvoir à Bamako à la faveur de deux coups d'Etat successifs, en 2020 et à l'été 2021.

Les dirigeants de transition maliens, le Premier ministre Choguel Maïga en tête, ont multiplié les critiques sur la mentalité "coloniale" de Paris et opéré un rapprochement avec la Russie en faisant appel, selon la France et ses alliés, à des mercenaires du groupe Wagner. Bamako assure qu'il s'agit de formateurs de l'armée russe.

Ils ont parallèlement exigé le départ du contingent danois déployé dans le cadre de Takuba, une force qui devait progressivement prendre le relais de l'opération Barkhane en accompagnant l'armée malienne au combat.

Les dirigeants réunis à dîner à l'Elysée ce mercredi vont prendre acte de cette impossibilité de coopérer avec la junte malienne, ont dit les sources diplomatiques, alors que le Mali est sous le coup de sanctions de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union européenne pour avoir repoussé jusqu'en 2025 les élections qui devaient se tenir à la fin du mois.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, qui était ministre de la Défense quand la France avait lancé en 2013 l'opération Serval pour tenter de libérer le nord du Mali de l'emprise des groupes islamistes, a préparé les esprits lundi en estimant que les conditions ne sont "plus réunies" pour poursuivre le combat dans ce pays.

L'OPÉRATION BARKHANE IMPOPULAIRE

Neuf ans après la libération de Tombouctou, la France et ses alliés n'ont pas réussi à ramener la sécurité dans l'ensemble du Mali et, sur fond de conflits ethniques autant que religieux, la violence s'est étendue aux pays frontaliers, à commencer par le Niger et le Burkina Faso, ou plus récemment le Bénin et la Côte d'Ivoire, alimentant la frustration et la colère des populations locales.

Alors que l'armée française, qui a perdu une cinquantaine de soldats au combat au Mali, n'a eu de cesse de répéter que l'action militaire ne mènerait à rien sans développement économique et sans rétablissement de l'autorité des Etats, Emmanuel Macron a cherché pendant tout son quinquennat une réponse à cette impuissance et à son corollaire, l'impopularité croissante de l'opération Barkhane.

Il a d'abord cru la trouver avec la formation du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), dont les armées devaient intervenir les unes chez les autres en fonction des besoins. Mais en dehors du déploiement très médiatisé d'un contingent tchadien au Mali et au Niger, cette "africanisation" de la lutte contre les groupes djihadistes n'a jamais eu les moyens de ses ambitions.

La France a alors opté pour une "européanisation" de son intervention au Sahel, avec la constitution de la force Takuba, un regroupement de forces spéciales qui accompagne l'armée malienne au combat, en relais de la formation initiale des "Fama" assurée par la mission de l'Union européenne (EUTM) à dominante allemande.

C'est autour de la force Takuba, présentée comme le pilier d'une "coalition internationale" incluant, outre les pays européens et sahéliens, les Etats-Unis et le Canada, qu'Emmanuel Macron avait dit vouloir poursuivre le combat contre les groupes djihadistes au Sahel lorsqu'il avait annoncé, en juin dernier, la fin prochaine de l'opération Barkhane.

Alors que la question d'un retrait du Mali se posait déjà à l'époque, le président français avait annoncé la fermeture de plusieurs bases dans le Nord du pays - décision invoquée par la suite par Bamako pour justifier son appel à la Russie - et une diminution progressive des effectifs français au Sahel, en expliquant que le modèle de la force Barkhane n'était "plus adapté à la réalité des combats".

REPLI VERS LE NIGER?

Si elle s'élevait à 5.100 soldats début 2021 après l'envoi de renforts pour faire face à l'intensification des attaques menées par les groupes liés à Al Qaïda et surtout à l'Etat islamique (EI), la force Barkhane a déjà été réduite à 4.300 hommes, dont environ 2.500 au Mali. Les effectifs de Takuba comprennent de leur côté entre 600 et 900 forces spéciales d'une dizaine de pays, dont 40% de Français.

La détérioration des relations entre Paris et la junte malienne et le coup de canif porté par Bamako à Takuba avec l'expulsion du contingent danois devraient donc précipiter une réorganisation de plus grande ampleur que prévu, même si le "nouveau cadre" souhaité par Paris reste incertain, de nombreux diplomates doutant que l'engagement au Sahel puisse survivre au retrait du Mali.

Des sources militaires françaises soulignent cependant que ce retrait va prendre plusieurs mois, ce qui va laisser un peu de temps pour affiner un nouveau dispositif dans la région. Paris espère notamment convaincre ses alliés d'apporter un soutien aux pays du Golfe de Guinée - Côte d'Ivoire, Togo, Bénin et Ghana -, de plus en plus menacés par les infiltrations djihadistes. Les dirigeants de ces pays assisteront à la réunion mercredi soir à Paris.

La France espère aussi pouvoir transférer une partie de ses troupes au Niger, où sont déjà basées la composante aérienne de l'opération Barkhane ainsi que des forces américaines et d'autres pays, ce qui lui permettrait de continuer à opérer dans la région stratégique dite des "trois frontières", entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso.

"Au regard de nos dernières conversations avec les autorités nigériennes, il y a une disponibilité du Niger à accueillir des éléments européens. Les discussions vont se poursuivre tant sur le volet politique qu'opérationnel. Mais l'objectif n'est pas de déplacer un dispositif pour le mettre dans un autre pays", dit-on à l'Elysée.

Reste enfin la question de l'avenir plus qu'incertain de l'EUTM, alors que Berlin juge comme Paris difficile de maintenir des soldats au Mali, et davantage encore celui de la Mission de maintien de la paix des Nations unies (Minusma), dont les 14.000 casques bleus dépendent très largement du soutien aérien et médical de l'armée française.

(Reportage de John Irish et Elizabeth Pineau, rédigé par Tangi Salaün)

1 commentaire

  • 16 février 18:12

    Il serait surtout souhaitable de s'occuper de la forme rampante qui se développe ici.


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