JO 2024-La fierté d'un capitaine de bateau qui participera à la cérémonie d'ouverture

information fournie par Reuters •26/04/2024 à 10:00

par Louise Dalmasso et Vincent Daheron

Khalid Driouech sera l'un des 94 capitaines de bateau qui transporteront sur la Seine les 10.500 athlètes lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, le 26 juillet prochain.

Capitaine sur la Seine depuis 2010, ce Franco-marocain de 60 ans a appris environ deux mois plus tôt qu'il participerait à la parade de six kilomètres, entre le pont d'Austerlitz et le pont d'Iéna, avant le final au Trocadéro. Elle commencera à 19h30 et comportera au total 181 embarcations.

"C'est un grand plaisir et une opportunité unique, je ne sais pas quand est-ce qu'on aura l'occasion d'organiser (à nouveau) les Jeux sur Paris", a-t-il dit à Reuters.

"Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureux de participer à ces Jeux olympiques que 67 millions de Français souhaiteraient faire. C'est une grosse fierté, je suis content de représenter ma nation qu'est la France."

La compagnie Vedettes de Paris, pour laquelle travaille Khalid Driouech, a signé un contrat pour la mise à disposition de quatre bateaux à motorisation électrique dans le cadre de cette cérémonie d'ouverture.

Le personnel navigant a déjà participé à deux formations et à un premier test réalisé l'été dernier. Un deuxième est prévu le 27 mai.

"Les formations, c'est plus sur la sécurité qu'autre chose. Le jour-J, il y a un protocole à respecter et c'est sur ce protocole qu'on fait des tests et des formations", a précisé Khalid Driouech, précisant que chaque bateau devrait être distant de 100 mètres l'un de l'autre lors de la parade.

"Les navigants sont formés à cette navigation, à la fois sur l'aspect communication, et sur les conditions de navigation spécifique, dans un exercice différent donc avec des règles à respecter qui sont différentes d'une navigation classique", a précisé à Reuters Julie Devernay, directrice générale adjointe de la compagnie Vedettes de Paris.

Khalid Driouech considère l'idée de cette cérémonie merveilleuse même s'il demeure conscient des risques sécuritaires qui pèsent sur l'événement, dont la jauge de public a été réduite à 326.000 personnes début mars.

"On appréhende, vu ce qu'il se passe dans le monde, des actes terroristes, oui. Mais franchement, j'ai confiance en la sécurité nationale", a-t-il dit.

Ce sont 45.000 policiers et gendarmes qui seront mobilisés lors de la cérémonie d'ouverture.

"On a tous conscience, je pense, en France et ailleurs, dans le contexte géopolitique actuel compliqué que l'on connaît, d'un risque d'attentat", a également précisé Julie Devernay.

Tous les matins, avant d'embarquer sur son bateau à proximité du pont d'Iéna, Khalid Driouech vérifie sa check-list de sécurité.

Les bateaux seront stockés dans un hangar pendant une semaine en amont de la cérémonie d'ouverture, afin notamment de passer au déminage. L'ensemble des équipages et des bateaux mobilisés doivent être contrôlés.

"Je serais vraiment déçu. Comme je suis un peu avancé dans l'âge, je n'aurais plus l'occasion de la faire", a dit le capitaine concernant une potentielle annulation de la cérémonie en cas de menace sécuritaire trop importante.

Le 15 avril, le président Emmanuel Macron avait évoqué des plans B et C, respectivement au Trocadéro ou au Stade de France.

"Une de nos angoisses, aujourd'hui, c'est que cette cérémonie soit annulée parce qu'on y a déjà passé beaucoup de temps et d'énergie", a expliqué à Reuters Julie Devernay.

"On pense que ça va être un événement unique et si ça devait s'annuler, pour des raisons que l'on comprendrait par ailleurs, ce serait une énorme déception."

Mais pour l'instant, Khalid Driouech sent la tension monter à chaque fois qu'il passe devant le compte à rebours des Jeux olympiques, placé en contrebas de la Tour Eiffel et à quelques dizaines de mètres de son quai d'embarquement, qui affiche désormais 91 jours avant la cérémonie d'ouverture.

"Il y a de l'impatience, de l'excitation", a-t-il dit.

Chaque capitaine connaîtra le jour-J la délégation dont il aura la charge de transporter mais Khalid Driouech rêve de diriger la délégation française.

"J'aimerais voir de près tous nos athlètes comme Teddy Riner ou les joueurs de football."

(Reportage de Louise Dalmasso et Vincent Daheron, édité par Blandine Hénault)