
Des membres des forces de sécurité israéliennes sur un site frappé par un tir iranien à Ashdod, dans le sud d'Israël, le 23 juin 2025 ( AFP / GIL COHEN-MAGEN )
Israël a annoncé lundi des frappes d'une force "sans précédent" sur Téhéran, ciblant des centres de commandement de l'armée idéologique du pouvoir et la tristement célèbre prison d'Evin, après plusieurs salves de missiles tirées par l'Iran sur son ennemi juré, au 11e jour de leur guerre.
Au lendemain des frappes américaines qui ont, selon le Pentagone, "dévasté le programme nucléaire iranien", la Maison Blanche a pour sa part pressé le pouvoir iranien de reprendre les négociations nucléaires, s'il voulait se maintenir à la tête du pays.
Téhéran a menacé les Etats-Unis d'une "action ferme" après ces bombardements du site souterrain d'enrichissement d'uranium à Fordo et d'installations nucléaires à Ispahan et Natanz (centre).
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a jugé impossible à ce stade d'évaluer l'étendue des dégâts et réclamé lundi un accès aux sites nucléaires iraniens.
L'armée "mène des frappes d'une puissance sans précédent contre des cibles du régime et des organes de répression" à Téhéran, dont "la prison d'Evine, le quartier général de la sécurité intérieure des Gardiens de la révolution et le quartier général du Bassidj (milice de volontaires islamistes)", a dit le ministre de la Défense Israël Katz sur X.
La justice iranienne a fait état de dégâts dans certaines parties de la prison d'Evine, où sont détenus des Occidentaux, prisonniers politiques et opposants.
Cette frappe "met nos proches en danger de mort", a déclaré à l'AFP Noémie Kohler, la soeur de Cécile Kohler, une Française détenue depuis plus de trois ans avec son compagnon Jacques Paris à la prison d'Evine.

Un combo de photos créé le 22 juin 2025 à partir d'images satellites distribuées par Maxar Technologies, montre l'installation nucléaire d'Ispahan en Iran le 16 juin 2025 (en haut) et l'installation après les frappes américaines, le 22 juin 2025 ( Satellite image ©2025 Maxar Technologies / - )
Des épais nuages de fumée se sont élevés de plusieurs points de Téhéran, selon des journalistes de l'AFP sur place.
L'agence de presse Tasnim a aussi fait état de raids israéliens sur le site de Fordo enfoui sous une montagne, au sud de Téhéran, dont l'armée israélienne a dit chercher "à bloquer les voies d'accès".
- Les "boums" -

Un homme et son chien dans un abri souterrain à Haïfa, dans le nord d'Israël, après des alertes aux missiles tirés depuis l'Iran, le 23 juin 2025 ( AFP / Jalaa MAREY )
A plus de 1.500 km de là, en Israël, les sirènes d'alerte ont retenti dans plusieurs régions après des salves de missiles iraniens, conduisant les habitants aux abris.
"Ici, on entend moins les +boums+", confie à l'AFP Muriel Azria, professionnelle du tourisme, qui comme de nombreux habitants de Tel-Aviv a pris l'habitude de se réfugier la nuit dans le métro et les parkings de la ville.
Des dégâts "près d'une installation stratégique" du réseau électrique ont perturbé la distribution de courant dans le sud, a indiqué la compagnie publique, sans préciser la cause de ces dommages.
En Iran, la guerre a fait plus de 400 morts et 3.056 blessés, en majorité des civils, selon un bilan officiel. Les tirs iraniens sur Israël ont fait 24 morts, d'après les autorités.
Affirmant que l'Iran était sur le point de se doter de la bombe atomique, Israël l'a attaqué le 13 juin, bombardant des centaines de sites militaires et nucléaires et tuant les plus hauts gradés du pays ainsi que des scientifiques du nucléaire.
L'Iran, qui riposte avec des tirs de missiles et de drones vers Israël, dément vouloir fabriquer l'arme atomique mais défend son droit à un programme nucléaire civil.
- L'Iran menace les Etats-Unis -
Le chef d'état-major des forces armées iraniennes, Abdolrahim Mousavi, a encore promis lundi une "action ferme" après l'"erreur américaine".

Une photo fournie par le bureau des médias de l'armée iranienne, le 23 juin 2025, montre le chef d'état-major Amir Hatami (C) participant à une réunion militaire ( Iranian Army Media Office / - )
La veille, Ali Akbar Velayati, un conseiller du guide suprême Ali Khamenei, avait menacé d'actions contre les bases militaires américaines au Moyen-Orient.
La Maison Blanche a assuré lundi que les Etats-Unis "surveillent activement la situation dans le détroit d'Ormuz", auquel "le régime iranien serait stupide" de s'en prendre.
Le secrétaire d'Etat Marco Rubio avait appelé dimanche la Chine à intervenir auprès de l'Iran pour le dissuader de riposter à l'attaque américaine en fermant cette route maritime clé, par où transitent 20% du pétrole produit dans le monde.
Invoquant la "situation sécuritaire" dans la région, des compagnies pétrolières étrangères dans le sud de l'Irak ont "évacué" une partie de leur personnel étranger.
La télévision d'Etat iranienne a par ailleurs annoncé lundi l'arrestation d'un "ressortissant européen" soupçonné d'être un "espion" au service d'Israël, sans plus de précision.
- Evaluation des dégâts -

Carte du détroit d'Ormuz au Moyen-Orient ( AFP / Jonathan WALTER )
Le président américain, Donald Trump, s'est prévalu dimanche de "dommages monumentaux" infligés "à tous les sites nucléaires en Iran".
Des responsables israélien et américain ont toutefois dit toujours évaluer les dégâts, des experts estimant que le matériel nucléaire pourrait avoir été évacué des sites visés.
Ali Shamkhani, un conseiller du guide iranien, a affirmé que l'Iran possédait toujours des stocks d'uranium enrichi.
L'Iran a enrichi de l'uranium au niveau élevé de 60%, selon l'AIEA, proche du seuil de 90% requis pour fabriquer une bombe atomique. Mais l'agence dit n'avoir décelé jusque-là aucun indice d'un "programme systématique" iranien de production d'une arme nucléaire.
- "Changement de régime"? -
Donald Trump, qui avait relancé les négociations avec Téhéran pour encadrer son programme nucléaire - lancées en avril sous médiation d'Oman - est "toujours intéressé" par un règlement diplomatique, a affirmé lundi la porte-parole de la Maison Blanche.
Mais "si le régime iranien refuse de s'impliquer dans une solution diplomatique (...) pourquoi le peuple iranien ne retire pas le pouvoir à ce régime incroyablement violent qui le réprime", a-t-elle interrogé.
"Si le régime iranien actuel est incapable de RENDRE A L'IRAN SA GRANDEUR, pourquoi n'y aurait-il pas un changement de régime ???" avait écrit la veille M. Trump sur son réseau Truth social
Israël, qui maintient l'ambiguïté sur sa propre possession de l'arme atomique, détient 90 ogives nucléaires, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
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