
Des paramilitaires indiens montent la garde dans une rue à Srinagar, le 14 mai 2025 au Cachemire indien ( AFP / Sajjad HUSSAIN )
Le Pakistan a remis mercredi à l'Inde un de ses soldats capturé sur son territoire, nouveau signe de détente entre les deux puissances nucléaires, à peine sorties de leur confrontation militaire la plus grave de ces dernières décennies.
Conclu samedi après quatre jours d'attaques et de contre-attaques de missiles, d'artillerie et de drones de part et d'autre de leur frontière, le cessez-le-feu entre les deux pays a été globalement respecté depuis.
Mercredi, Islamabad a remis à New Delhi un garde-frontière fait prisonnier au lendemain de l'attentat meurtrier commis le 22 avril au Cachemire indien, qui a précipité les deux pays au bord de la guerre ouverte.

Photo prise et diffusée le 14 mai 2025 par la Force de sécurité des frontières indienne (BSF) montrant le soldat indien de la BSF, Purnam Kumar Shaw (c), après avoir été remis à l'Inde, au poste frontière indo-pakistanais de Wagah, près d'Amritsar ( Force de sécurité des frontières indienne (BSF) / - )
Le soldat Purnam Kumar Shaw s'était retrouvé "par inadvertance en territoire pakistanais alors qu'il était en mission dans le secteur de Ferozepur le 23 avril 2025", selon le commandement des gardes-frontière indiens (BSF).
Sa femme, Rajani Shaw, s'est dite "très heureuse" à cette annonce, devant la presse.
Dans la nuit du 6 au 7 mai, l'Inde avait tiré des missiles sur des sites pakistanais qui abritaient, selon elle, des rebelles liés au groupe jihadiste qu'elle soupçonne d'être l'auteur de l'attaque qui a fait 26 morts le 22 avril à Pahalgam.
Selon le Pakistan, 40 civils, pour moitié des femmes et des enfants, ont été tués dans ces frappes indiennes, principalement sur des mosquées et des écoles coraniques.
Le Pakistan, qui a nié toute responsabilité dans l'attaque de Pahalgam, a aussitôt riposté.
Pendant quatre jours, les deux armées ont échangé tirs d'artillerie, frappes de missiles et attaques de drones. Jusqu'à un cessez-le-feu annoncé samedi à la surprise générale par le président américain Donald Trump.

Des habitants attendent un bus devant une affiche géante du chef d'état-major de l'armée pakistanaise Asim Mounir, dans une rue àRawalpindi, le 14 mai 2025 au Pakistan ( AFP / Farooq NAEEM )
Dans son dernier bilan mercredi, l'armée pakistanaise a affirmé que les combats avaient fait 13 morts dans ses rangs.
L'Inde a pour sa part fait état de 16 civils et cinq soldats tués sur son territoire.
Des hauts responsables des deux armées ont échangé au téléphone lundi soir au sujet de la situation militaire à la frontière.
Selon l'état-major indien, ils se sont notamment "mis d'accord pour (...) réfléchir à des mesures immédiates pour réduire le nombre de soldats déployés sur les frontières".
- "Provocateur" -
Sur le terrain, plus aucun tir transfrontalier n'a été rapporté depuis samedi soir.
Malgré cette détente sur le front, la rhétorique est restée très martiale, l'Inde comme le Pakistan assurant qu'ils ne baissaient pas la garde.
"Si une autre attaque terroriste vise l'Inde, nous lui apporterons une réponse ferme", a averti lundi soir le Premier ministre indien Narendra Modi, un ultranationaliste hindou, dans un discours au pays.
Mercredi, au téléphone avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif s'est dit "inquiet des déclarations provocatrices et incendiaires de l'Inde qui menacent la fragile paix régionale".

Des paramilitaires indiens montent la garde dans une rue à Srinagar, au Cachemire indien, le 14 mai 2025 ( AFP / Sajjad HUSSAIN )
Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a qualifié mardi le discours de M. Modi de "provocateur" et rempli "de faux narratifs pour justifier l'agression".
"Toute nouvelle tentative de défier la souveraineté du Pakistan ou son intégrité territoriale suscitera une réponse rapide, globale et décisive", a souligné l'armée pakistanaise.
L'Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de l'ensemble du Cachemire depuis leur partition sanglante à leur indépendance en 1947.
Le sort de ce territoire himalayen, peuplé en majorité de musulmans, a suscité plusieurs guerres entre les deux pays. Depuis 1989, sa partie indienne est le théâtre d'une insurrection séparatiste meurtrière.
Malgré une invitation américaine à négocier sur le sujet avec Islamabad, Narendra Modi a catégoriquement exclu toute discussion lundi soir dans son discours.
Mardi, l'armée indienne avait assuré y avoir tué trois insurgés présumés - elle a précisé mercredi que l'un d'eux appartenait au groupe jihadiste que l'Inde accuse d'être derrière l'attaque de Pahalgam.
Signe d'un lent retour à la normale, les écoles ont rouvert des deux côtés de la frontière.

Des élèves arrivent à leur école dans le village frontalier de Chakothi, près de la ligne de contrôle (LoC) au Cachemire administré par le Pakistan, le 13 mai 2025 ( AFP / Sajjad QAYYUM )
"Des obus sont tombés près de notre maison qui a été touchée par des éclats, mais j'ai dit à ma famille que je retournais à l'école (...) Je n'ai pas peur", a déclaré à l'AFP Syeda Zohra Kazmi, 13 ans, une collégienne pakistanaise de Chakothi.
Côté indien, les dizaines de milliers d'habitants qui avaient fui les bombes ont commencé à rentrer dans leurs villages. Chez nombre d'entre eux, la peur est toujours là.
"Je suis pressé de rentrer parce que si je n'ouvre pas mon magasin, je perds de l'argent", a confié Krishan Lal, un tailleur de 50 ans réfugié dans un camp de Jammu. "Mais beaucoup pensent que la guerre n'est pas finie".
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