
Le ministre de la Justice Gerald Darmanin (c) visite la prison de Rémire-Montjoly en Guyane lors de sa visite, le 19 mai 2025 ( AFP / Ronan LIETAR )
Le garde des Sceaux Gérald Darmanin, en déplacement en Guyane, a clarifié lundi le projet d'ouverture d'un quartier de haute sécurité dans la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni, prévue d'ici 2028, qui a provoqué une levée de boucliers chez les élus locaux.
Le JDD a révélé samedi que cet établissement de 500 places pourrait accueillir des narcotrafiquants, des fichés S et des détenus radicalisés, laissant entendre que certains pourraient être transférés depuis la France hexagonale.
Le ministre de la Justice a dit au JDD souhaiter que cette prison "serve à éloigner durablement les têtes de réseau du narcotrafic" dans la mesure où "ils ne pourront plus avoir aucun contact avec leurs filières criminelles".
L'annonce a suscité de vives critiques à Saint-Laurent-du-Maroni, deuxième ville de Guyane et ex-colonie pénitentiaire, frontalière avec le Suriname. Plusieurs élus locaux et la Collectivité territoriale de Guyane ont dénoncé un projet évoquant un "retour du bagne".
En marge de sa visite du centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly, seule prison de Guyane, Gérald Darmanin a assuré que ce quartier de haute sécurité – le troisième de ce type annoncé en France pour accueillir les prisonniers les plus dangereux – n'aurait pas vocation à accueillir des détenus venus de l'Hexagone.
"Il y a très largement de quoi faire parmi la délinquance, la criminalité en Guyane et aux Antilles", a-t-il affirmé aux journalistes.
Ce quartier sécurisé comprendra "une soixantaine de places " destinées à " isoler totalement ces narcotrafiquants de Guyane et des Antilles ", a-t-il encore précisé.

Le ministre de la Justice Gerald Darmanin (g) salue un officier de police dans les rues de Cayenne lors de sa visite en Guyane, le 19 mai 2025 ( AFP / Ronan LIETAR )
La prison à Saint-Laurent-du-Maroni est un projet ancien en Guyane dont l'ouverture était initialement prévue en 2026. Présenté comme étant situé "au coeur de la jungle amazonienne", le site retenu se situe en réalité à quelques kilomètres de Saint-Laurent, deuxième ville de Guyane avec plus de 50.000 habitants.
A l'heure actuelle, "le permis de construire n'est même pas signé", a rappelé Gérald Darmanin. L'établissement vise notamment à désengorger le centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly, qui accueille environ 1.100 détenus pour 614 places, selon le syndicat UFAP-Unsa Justice.
Saint-Laurent du Maroni, devenue la plaque tournante du trafic de drogue en Guyane, fut l'ancien port d'entrée du bagne où débarquaient les forçats venus de métropole, de 1850 à 1938.
Département le plus criminogène de France en proportion, la Guyane a connu une année 2023 record en terme d'homicides, avec 20,6 tués pour 100.000 habitants, quand la moyenne nationale s'établissait à 1,5 pour 100.000.
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