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Guerre en Ukraine : l'UE cherche à gonfler sa production pour renforcer sa sécurité alimentaire
information fournie par Boursorama avec Media Services 22/03/2022 à 13:55

Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie. ( AFP / KENZO TRIBOUILLARD )

Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie. ( AFP / KENZO TRIBOUILLARD )

Les ministres européens de l'Agriculture, réunis lundi 21 mars à Bruxelles, se sont penchés sur les mesures d'urgence que la Commission européenne s'apprête à valider.

Face à la guerre en Ukraine, aux sanctions contre la Russie et au choc sur les marchés agricoles, l'UE cherche à doper la production pour renforcer sa sécurité alimentaire et répondre aux risques de pénuries d'autres régions du monde.

Alors que l'invasion de l'Ukraine par la Russie, deux exportateurs majeurs de céréales , a propulsé les cours des huiles, blé, soja, colza et maïs à des records et fait flamber les prix du carburant comme des engrais, les Européens veulent amortir l'explosion des coûts pour leurs agriculteurs.

Surtout, l'UE cherche à gonfler sa production , autant pour compenser la chute de ses approvisionnements en alimentation animale - plus de la moitié de ses importations de maïs venaient d'Ukraine - que pour pallier de graves crises alimentaires redoutées en Afrique et en Asie.

Les ministres européens de l'Agriculture, réunis lundi 21 mars à Bruxelles, se sont penchés sur les mesures d'urgence que la Commission européenne s'apprête à valider parallèlement à la présentation mercredi de sa "feuille de route" de stratégie agro-alimentaire.

Bruxelles propose ainsi de puiser dans la "réserve de crise" , un fonds de 450 millions d'euros prévu pour aider les agriculteurs en cas d'instabilité des prix. Un "accord-cadre" temporaire permettrait aux Etats d'apporter des aides supplémentaires.

La Commission projette également un soutien au stockage privé dans la filière porcine. Surtout, l'exécutif européen veut accorder des dérogations provisoires à ses règles sur les jachères, afin d'y cultiver des protéagineux.

"Il faut anticiper les pénuries mondiales"

Selon la nouvelle Politique agricole commune (PAC), qui entrera en vigueur en janvier 2023, les exploitations dépassant dix hectares devaient laisser au moins 4% des terres non cultivées pour encourager la biodiversité.

"Dans les mois qui viennent, il faut anticiper des pénuries mondiales : le recours aux jachères est nécessaire pour compenser la perte des récoltes ukrainiennes", a salué la ministre autrichienne Elisabeth Köstinger.

Enfin, les Etats demandent à la Commission de réévaluer leurs plans stratégiques qui déclinent la future PAC au niveau national, sans trop retarder son calendrier alors que certains agriculteurs prépareront bientôt leurs assolements pour 2023.

L'adaptation des plans nationaux est "une question de bon sens", a insisté le ministre français Julien Denormandie, pour qui Bruxelles doit faire preuve de "transparence" sur ses méthodes d'évaluation et tenir compte des impératifs d'"indépendance alimentaire".

"La PAC a été établie pour garantir prévisibilité et sécurité alimentaire aux Européens, cela doit rester la priorité", a abondé son homologue espagnol Luis Planas Puchades. L'Autriche, appuyée par Paris, a plaidé pour un ambitieux " plan protéines végétales " pour réduire les importations européennes de soja et maïs.

"Il y a de la marge pour rendre le secteur agricole plus résistant. Mais je ne crois pas que les contributions aux stratégies (de verdissement) doivent être abandonnées et affaiblies", a rétorqué le commissaire à l'Agriculture Janusz Wojciechowski.

Vers une révision de la stratégie "De la ferme à la fourchette" ?

Une partie des États exigent en effet de réviser la stratégie européenne "De la ferme à la fourchette", qui vise, d'ici à 2030, à réduire de moitié l'usage de pesticides, de 20% celui d'engrais, et à consacrer un quart des terres au bio. Ce qui se traduirait selon plusieurs études - critiquées par Bruxelles - par une chute des rendements.

"Cette stratégie reposait sur un monde d'avant la guerre en Ukraine. Ses objectifs doivent être revus, en aucun cas l'Europe ne peut se permettre de produire moins ", a insisté la semaine dernière le président français Emmanuel Macron.

A l'unisson d'ONG environnementales, la Commission estime au contraire que la réduction prévue des engrais et pesticides permettra de préserver et revivifier les sols , donc de conforter à terme la sécurité alimentaire - d'autant que la potasse des engrais vient majoritairement de Russie et du Bélarus.

Pour les Vingt-Sept, cette dépendance-là invite plutôt à envisager "des dérogations sur l'utilisation d'engrais organiques" et à muscler "l'investissement dans notre production d'engrais ", a insisté Julien Denormandie.

Le "produire davantage" des Etats hérisse l'ONG Oxfam : "A court terme, il n’y a pas de problème d'offre sur le blé (au niveau mondial), mais un souci d'accès pour les populations les plus vulnérables ", pour qui le prix du marché devient inaccessible, a-t-elle rappelé, défendant la stratégie verte de l'UE et une agriculture basée sur la production "locale et à petite échelle".

L'impact de l'invasion de l'Ukraine au Soudan

Cette année, près d' un Soudanais sur deux pourrait souffrir de la faim, selon David Wright, de Save the Children, à cause notamment de la guerre entre l'Ukraine et la Russie.

D'ici la fin de l'année, a assuré à l'AFP le chef des opérations de cette ONG, " 20 millions de personnes seront en insécurité alimentaire " sur 45 millions de Soudanais, dans l'un des pays les plus pauvres au monde. D'une part, car "86 à 87% du blé du pays provient de Russie et d'Ukraine", et de l'autre, parce que l'invasion de l'Ukraine par Moscou a fait flamber les prix mondiaux au-delà des records de 2008 qui avaient déjà conduit à des émeutes de la faim, a-t-il poursuivi.

Déjà, selon l'ONU, un Soudanais sur trois a besoin d'aide humanitaire dans un pays où l'inflation frôle les 260% , la monnaie est en chute libre et le prix du pain a été multiplié par dix depuis le coup d'Etat militaire d'octobre qui a privé le pays de tout soutien politique ou économique international.

Du jour au lendemain, l'Etat a perdu 40% de ses recettes : la Banque mondiale a suspendu deux milliards de dollars d'aide et les Etats-Unis, 700 millions. Pire encore, Washington, qui avait envoyé 300.000 tonnes de blé en 2021, n'acheminera pas les 400.000 tonnes promises en 2022. " La rencontre de tous ces événements " va mener à "la sérieuse détérioration d'une situation qui n'était déjà pas bonne", a souligné David Wright.

2 commentaires

  • 22 mars 15:59

    Pour gonfler la production, il faudrait déjà commencer par arrêter de bousiller les terres agricoles ! On perd l'équivalent d'un département tous les 10 ans actuellement, c'est sûr qu'on rester indépendants sur le plan alimentaire si on continue comme ça.


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