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Les Palestiniens célèbrent le cessez-le-feu
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Les habitants de Gaza, déplacés, se préparent à rentrer chez eux
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L'aide humanitaire commence à entrer dans la bande de Gaza
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par Nidal al-Mughrabi et Mohammad Salem
Des milliers de Palestiniens sont descendus dimanche dans les rues de la bande de Gaza après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas, certains pour se réjouir, d'autres pour se rendre sur les tombes de leurs proches, tandis que beaucoup avaient hâte de découvrir ce qu'il était advenu de leur logement.
"J'ai l'impression d'avoir enfin trouvé de l'eau à boire après m'être perdue dans le désert pendant 15 mois. Je me sens à nouveau en vie", raconte Aya, via une application de messagerie, à Reuters. Cette femme déplacée, originaire de la ville de Gaza, s'est réfugiée à Deir Al Balah, dans le centre de la bande de Gaza, pendant plus d'un an.
Dans le nord de l'enclave palestinienne, où se sont survenues certaines des frappes aériennes israéliennes les plus intenses et des combats contre les militants du Hamas, des centaines de personnes se frayaient un chemin dans un paysage dévasté de décombres.
Des combattants armés du Hamas ont traversé la ville de Khan Younès, dans le sud de l'enclave, sous les acclamations et les chants de la foule, malgré un retard de près de trois heures dans la mise en oeuvre de l'accord de cessez-le-feu, intervenu après 15 mois d'un conflit qui a fait des ravages.
Des policiers du Hamas, vêtus d'uniformes bleus, se sont déployés dans certaines zones après avoir passé des mois à essayer de se tenir hors de portée des frappes aériennes israéliennes.
"Hommages aux brigades Al Qassam", ont scandé un groupe de personnes rassemblées pour acclamer les combattants, faisant référence à la branche armée du Hamas.
"Toutes les factions de la résistance restent malgré (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu", a déclaré un combattant à Reuters, en faisant lui aussi référence à la branche armée du Hamas.
"Il s'agit d'un cessez-le-feu, un cessez-le-feu complet et global si Dieu le veut, et il n'y aura pas de retour à la guerre malgré lui (le Premier ministre israélien)", a-t-il ajouté.
L'accord de cessez-le-feu est entré en vigueur après un report de près de trois heures sur l'heure initialement prévue. Elle met fin à une guerre qui a entraîné des changements politiques considérables au Moyen-Orient et offre un motif d'espoir aux 2,3 millions d'habitants de Gaza, dont beaucoup ont été déplacés à plusieurs reprises.
Les services palestiniens d'urgence civile ont déclaré que les frappes militaires israéliennes avaient tué au moins 13 personnes lors d'attaques menées dimanche dans l'enclave après l'expiration du délai initiale de l'entrée en vigueur de la trêve. Aucune autre attaque n'a été signalée après son application effective, à 11h15 (0915 GMT).
"Nous attendons maintenant le jour où nous retournerons chez nous, dans la ville de Gaza", a déclaré Aya. "Dommages ou pas, peu importe, le cauchemar de la mort et de la famine est terminé", a-t-elle dit.
DES CAMIONS D'AIDE ENTRENT DANS GAZA
Dans les rues de la ville Gaza détruite, plusieurs personnes brandissaient le drapeau palestinien et filmaient la scène avec leur téléphone portable. Des charrettes chargées d'articles ménagers circulaient sur une artère parsemée de décombres et de débris.
Ahmed Abou Ayham, âgé de 40 ans, habitant de la ville de Gaza et réfugié avec sa famille à Khan Younès, a déclaré que la scène de destruction dans sa ville natale était "épouvantable", ajoutant que si le cessez-le-feu avait permis d'épargner des vies, l'heure n'était pas aux réjouissances.
"Nous souffrons, nous souffrons profondément et il est temps que nous nous serrions les uns contre les autres et que nous pleurions", a-t-il dit via une application de messagerie.
L'accord de cessez-le-feu très attendu pourrait contribuer à mettre fin à la guerre de Gaza, qui a commencé après que le Hamas a attaqué Israël le 7 octobre 2023, tuant quelque 1.200 personnes, selon les autorités israéliennes.
La riposte d'Israël a détruit une grande partie de la bande de Gaza et fait près de 47.000 morts côté palestinien, selon des responsables de la santé basés à Gaza.
Dans les heures qui ont précédé l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, de longues files de camions transportant du carburant et de l'aide humanitaire se sont formées aux postes-frontières. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué avoir entamé la traversée de la frontière dimanche matin.
L'accord prévoit que 600 camions d'aide seront autorisés à entrer dans la bande de Gaza chaque jour pendant les six premières semaines du cessez-le-feu, dont 50 camions transportant du carburant.
"La guerre a pris fin, mais la vie ne sera pas meilleure en raison des destructions et des pertes que nous avons subies", a déploré Aya. "Mais au moins, j'espère qu'il n'y aura plus d'effusion de sang pour les femmes et les enfants", "a-t-elle ajouté.
(Reportage Nidal al-Mughrabi, avec la contribution de Mohammad Salem à Gaza, version française Claude Chendjou )
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