
Des Palestiniens blessés dans des frappes israéliennes à Khan Younès transportés à l'hôpital Nasser dans le sud de la bande de Gaza, le 3 juin 2025 ( AFP / - )
Vingt-sept personnes ont été tuées mardi dans le sud de la bande de Gaza quand des soldats israéliens ont ouvert le feu près d'un centre d'aide humanitaire soutenu par les Etats-Unis, dans le sud du territoire palestinien, l'armée indiquant avoir ouvert une enquête.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "condamné" ces tirs, évoquant des pertes de vies "inconcevables", deux jours après un drame similaire au même endroit, au cours duquel 31 personnes ont été tuées, selon les secours palestiniens. Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a lui dénoncé des "crimes de guerre".
Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien. Les quelque 2,4 millions d'habitants du territoire palestinien assiégé par Israël sont menacés de famine, selon l'ONU.
Mardi à l'aube, 27 personnes qui attendaient l'aide américaine près du rond-point dans la zone d'Al-Alam à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, ont été tuées, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que "les forces d'occupation israéliennes avaient ouvert le feu (...) sur des milliers de civils" venus chercher de l'aide humanitaire.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a confirmé dans la soirée le bilan des morts, sans mentionner l'armée israélienne dans son communiqué.
Outre les 27 morts mardi à Rafah, la Défense civile a indiqué que 19 Palestiniens avaient été tués par l'armée israélienne à travers le territoire palestinien dévasté.
- Faire "toute la lumière" -

Un Palestinien transporte une fille blessée lors de frappes israéliennes à Khan Younès, à l'hôpital Nasser dans le sud de la bande de Gaza, le 3 juin 2025 ( AFP / - )
L'armée a indiqué dans la soirée que "des soldats avaient procédé à des tirs de semonce (...) en direction de suspects qui s'approchaient d'une manière qui mettait en danger leur sécurité", annonçant l'ouverture d'une enquête pour faire "toute la lumière" sur ce qui s'est passé.
De son coté, la Maison Blanche a indiqué "étudier l'authenticité" des informations faisant état de tirs mortels.

Un enfant pleure près des corps de proches tués près d'un centre d'aide humanitaire, à l'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 juin 2025 ( AFP / - )
Dans le sud de la bande de Gaza, le mari et les enfants de Rim al-Ahkras, figurant parmi les victimes des tirs mortels à l'aube, étaient submergés par le chagrin.
"Comment puis-je te laisser partir, maman?", a lâché son fils Zein, en enlaçant le corps recouvert d'un linceul blanc. Une fillette a saisi une main de la mère et l'a embrassée, d'autres petits enfants autour étaient en larmes au moment des adieux.
Le rond-point où le drame est survenu se trouve à environ un kilomètre d'un centre d'aide géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.
La GHF a débuté ses opérations il y a un peu plus d'une semaine, après la levée très partielle d'un blocus total imposé par Israël pendant plus de deux mois, privant la population de Gaza de toute aide humanitaire. L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.
Les Etats-Unis ont affirmé mardi que l'aide humanitaire apportée par cette organisation était une "réussite", reconnaissant qu'elle pouvait "s'améliorer".
- "Tirer sur la foule" -
Rania al-Astal, une déplacée de 30 ans, est partie tôt le matin avec son mari pour essayer de récupérer de la nourriture au centre GHF.

Une fillette reçoit de la nourriture tandis que d'autres Palestiniens attendent à un point de distribution de repas à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 2 juin 2025 ( AFP / Eyad BABA )
"Les tirs ont commencé par intermittence vers 05H00 du matin. Chaque fois que les gens s'approchaient du rond-point d'Al-Alam, ils étaient la cible de tirs", a-t-elle raconté à l'AFP: "Mais ils ne s'en souciaient pas et se précipitaient tous en même temps. C'est à ce moment-là que l'armée a commencé à tirer intensément".
Mohammed al-Chaer, 44 ans, également présent sur les lieux, raconte lui qu'"un hélicoptère et des drones ont commencé à tirer sur la foule pour l'empêcher de s'approcher des chars. Il y a eu des blessés et des morts", a-t-il dit à l'AFP.

Nuage de fumée après un bombardement israélien à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 1er juin 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )
Mardi, l'armée israélienne a par ailleurs annoncé la mort de trois soldats dans le nord de Gaza. Dans la soirée, elle a aussi fait état de projectiles tirés sur son territoire depuis la Syrie et tombés dans des zones non habitées, ainsi qu'un missile lancé depuis le Yémen et intercepté.
Le 17 mai, Israël a intensifié son offensive dans la bande de Gaza, dans le but affiché de libérer les derniers otages, prendre le contrôle de l'ensemble du petit territoire coincé entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, et anéantir le Hamas qui y a pris le pouvoir en 2007.

Manifestation d'Israéliens à Tel-Aviv appelant à la fin de la guerre à Gaza et au retour des otages retenus par le Hamas, le 31 mai 2025 ( AFP / Jack GUEZ )
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 57 sont toujours retenues à Gaza, dont au moins 34 sont mortes, selon les autorités israéliennes.
Plus de 54.510 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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