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Friedrich Merz devient chancelier allemand dans la douleur
information fournie par AFP 06/05/2025 à 23:06

Le conservateur Friedrich Merz réagit au résultat du premier tour de scrutin des députés allemand lors d'une session au Bundestag, échouant ainsi à se faire élire chancelier, le 6 mai 2025 à Berlin ( AFP / RALF HIRSCHBERGER )

Le conservateur Friedrich Merz réagit au résultat du premier tour de scrutin des députés allemand lors d'une session au Bundestag, échouant ainsi à se faire élire chancelier, le 6 mai 2025 à Berlin ( AFP / RALF HIRSCHBERGER )

Le conservateur Friedrich Merz est devenu mardi aux forceps nouveau chancelier allemand en étant obligé de s'y prendre à deux fois pour être élu par les députés, signe des difficultés qui l'attendent au pouvoir.

"Je prends cette responsabilité avec humilité mais (...) également avec détermination et optimisme", a-t-il déclaré, en cherchant à minimiser le revers. Il a parlé d'une "petite tâche en début de mandat", sur la chaîne ZDF.

Dans une interview à la chaîne NTV, il a aussi promis d'être un "chancelier très européen".

Scénario sans précédent, le président du parti démocrate-chrétien (CDU) a dû en passer par un deuxième tour de scrutin des députés du Bundestag pour être finalement consacré de justesse au poste de chef du gouvernement.

A 69 ans, Friedrich Merz avait déjà difficilement remporté fin février des élections législatives anticipées, provoquées par l'implosion du gouvernement Scholz.

La séance au Parlement mardi a de nouveau tourné à l'épreuve. Dans le système parlementaire allemand, ce sont les députés qui élisent le chef du gouvernement.

Friedrich Merz a finalement rallié sur son nom 325 voix sur 630 députés lors d'un second vote au Bundestag, rendu nécessaire par un échec lors du premier tour, qui a suscité la stupéfaction et fait craindre une nouvelle crise politique majeure.

Sa désignation à bulletins secrets se présentait pourtant comme une simple formalité après la conclusion d'un accord de coalition avec les sociaux-démocrates, lui assurant une majorité. Mais plusieurs élus lui ont fait défection.

Jamais dans l'histoire de l'Allemagne de l'après-guerre un candidat chancelier n'avait connu pareille humiliation en étant obligé d'en passer par deux votes pour se faire élire.

Ce revers illustre d'emblée la fragilité du dirigeant démocrate-chrétien et de la coalition avec laquelle il entend gouverner pour quatre ans la première économie européenne, pris en étau entre la pression de l'administration Trump à l'extérieur et, sur le plan intérieur, une extrême droite en plein essor.

- Frondeurs -

Après la crise politique ouverte par la chute du gouvernement Scholz en novembre, Friedrich Merz a alimenté les attentes en promettant de relancer son pays, en crise économique, et l'Europe avec lui.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a espéré mardi voir "davantage le leadership allemand" sur le Vieux Continent et dans les relations avec les Etats-Unis, "alors que l'avenir de l'Europe est en jeu".

Même impatience à Paris, où Emmanuel Macron le recevra mercredi pour rendre le moteur franco-allemand "plus fort que jamais".

Mais le nouveau dirigeant allemand part affaibli. Déjà peu populaire dans l'opinion, il est contesté dans ses propres rangs conservateurs pour être revenu sur un engagement majeur de campagne: il a récemment assoupli les règles nationales très strictes de dépenses budgétaires.

Un revirement justifié par les besoins de financement du vaste programme de réarmement du pays, face à la menace russe et celle d'un désengagement militaire américain du continent européen, et de modernisation du pays.

Son élection dans la douleur est "un camouflet" et "aura forcément un impact sur ses débuts en tant que chancelier et ensuite sur la période gouvernementale à venir", a indiqué à l'AFP Claire Demesmay, professeure à Sciences Po Paris et chercheuse associée au Centre Marc Bloch de Berlin.

"Et au niveau international aussi, ce n'est vraiment pas bon signe", ajoute-t-elle, alors que Friedrich Merz se rendra aussi à Varsovie dès mercredi.

- L'extrême droite en embuscade -

Dans le chaos ambiant, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui a obtenu 20% des voix aux législatives et dépasse désormais les conservateurs dans certains sondages, a immédiatement réclamé de nouvelles élections.

"Nous sommes prêts à assumer la responsabilité gouvernementale", a déclaré Alice Weidel.

Friedrich Merz a dit sur la chaîne ARD vouloir "tout faire" pour "regagner la confiance" des électeurs séduits par l'AfD.

La codirigeante du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), Alice Weidel, s'adresse aux journalistes après le résultat du premier tour de scrutin pour élire le chancelier allemand, le 6 mai 2025 au Bundestag, à Berlin ( AFP / RALF HIRSCHBERGER )

La codirigeante du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), Alice Weidel, s'adresse aux journalistes après le résultat du premier tour de scrutin pour élire le chancelier allemand, le 6 mai 2025 au Bundestag, à Berlin ( AFP / RALF HIRSCHBERGER )

L'essor de ce parti survient à un moment de bascule géopolitique pour l'Allemagne, contrainte de s'affranchir de la tutelle militaire d'un allié américain devenu imprévisible et de réinventer son modèle économique.

Frierich Merz a exhorté mardi soir l'administration du président Donald Trump, avec lequel il aura un entretien téléphonique jeudi, à se tenir "à l'écart" de la politique intérieure allemande.

En cause, les soutiens appuyés et répétés de plusieurs proches de Donald Trump à l'AfD, suite à la décision du Renseignement intérieur allemand de le classer comme parti "extrémiste" menaçant "l'ordre démocratique".

Le vice-président américain JD Vance a accusé l'Allemagne de reconstruire un "mur de Berlin", tandis que le secrétaire d'Etat Marco Rubio a qualifié la décision de "tyrannie déguisée". Des "considérations absurdes", selon M. Merz.

Ce dernier a aussi réaffirmé que l'Ukraine et son président pouvaient "compter" sur lui face à la guerre d'agression russe.

5 commentaires

  • 06 mai 13:22

    pour la gauche americaine c est beaucoup plus facile d attaquer la personne .. Trump ... pour la gauche allemande j imagine que c est beaucoup plus difficile d attaquer la personne Alice weidel ... les angles d attaque sont plus limités ...


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