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Entre Chine et Etats-Unis, le commerce prend l'itinéraire bis
information fournie par Boursorama avec AFP 09/01/2024 à 16:01

Le président américain Joe Biden à Charleston, en Caroline du Sud, le 8 janvier 2024. ( AFP / MANDEL NGAN )

Le président américain Joe Biden à Charleston, en Caroline du Sud, le 8 janvier 2024. ( AFP / MANDEL NGAN )

Les économies américaine et chinoise sont-elles en voie de découplage? Les données des échanges commerciaux pourraient le donner à penser alors que la Chine, premier partenaire commercial des Etats-Unis pendant une décennie, s'est faite supplanter par le Mexique et voit sa part de marché diminuer.

"Découpler" ou "abaisser le risque" vis-à-vis de la Chine sont des thématiques répétées à l'envi par le gouvernement du président Joe Biden mais aussi par ses concurrents républicains, l'ex-président Donald Trump en tête, en cette année d'élections générales, durant laquelle la Chine sera très vraisemblablement le principal sujet de politique internationale.

Mais la réalité n'est pas nécessairement si évidente, de l'avis de plusieurs spécialistes, qui pointent une complexification des circuits commerciaux, rendant plus difficile l'identification des flux entre les deux premières économies mondiales.

A première vue, pas de doute: le désarrimage des économies américaines et chinoises est à l'oeuvre. Certes, en valeur absolue, les importations en provenance de Chine n'ont pas particulièrement baissé, mais en part de marché le recul est important.

"La part de marché de la Chine aux Etats-Unis est tombée de 22% en 2017 à 16% désormais, c'est une baisse très marquée qui ramène la Chine au niveau qui était le sien en 2007 soit avant la crise financière mondiale", souligne Caroline Freund, économiste spécialiste en commerce international à l'Université de Californie.

Pour elle, "le découplage est en cours. Il ne se fait pas par une baisse des importations chinoises, mais par une croissance de celles en provenance d'autres partenaires, parmi lesquels le Mexique".

Les données des échanges commerciaux publiées par le département du Commerce américain soulignent en effet une progression plus marquée des importations mexicaines, qui profite notamment de l'Accord de libre échange Canada-Etats Unis-Mexique (ACEUM).

Les pays asiatiques, Vietnam en particulier, profitent également largement de la redéfinition des échanges commerciaux trans-Pacifique.

"Le Mexique devrait être en capacité de récupérer une large part de la production quittant la Chine et en a déjà capté une partie. Mais la majorité de la production s'est relocalisée au Vietnam, à Taïwan ou en Corée du Sud", juge l'ancien ambassadeur mexicain Arturo Sarukhan, qui regrette l'absence de politique économique du gouvernement mexicain pour attirer les entreprises.

Principale cause, estime Henry Storey, analyste pour Dragoman Global, ces pays profitent de leur proximité avec la Chine et peuvent ainsi capter les investissements chinois.

-Investir pour contourner -

Le Vietnam en particulier à vu ses exportations vers les Etats-Unis s'envoler ces dernières années, passant de 21 milliards de dollars en 2012 à 136 milliards en 2022, pour devenir l'un de ses partenaires commerciaux majeurs.

Mais la majorité des opérations qui s'y déroulent sont en réalité de l'assemblage final de composants provenants souvent de Chine.

Signe de ce rapprochement, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, s'est rendue l'été dernier dans le pays pour souligner l'importance du Vietnam dans les chaînes d'approvisionnement américaines sans la Chine.

Symbole de cette visite, une photo de Mme Yellen sur un scooter électrique assemblé au Vietnam mais dont la majorité des composants provenaient de Chine, avait découvert après coup la presse américaine.

Difficile en effet de tracer la provenance des produits entrant sur le sol américain, alors que l'assemblage est le plus souvent l'étape qui permet d'apposer le célèbre "made in". Et ainsi de contourner les restrictions pour les entreprises chinoises.

"Oui, la Chine perd des parts de marchés mais si on regarde plus largement en réalité elles progressent toujours fortement", en additionnant les exportations directes et indirectes du pays vers les Etats-Unis, selon M. Storey.

"Depuis l'imposition des tarifs douaniers par M. Trump la zone ayant connu la croissance (de ses exportations vers les Etats-Unis) la plus forte (dans le monde, NDLR) sont les provinces centrales et de l'ouest de la Chine", insiste M. Storey.

Un point que rejoint Caroline Freund: "La valeur ajoutée d'importations chinoises aux Etats-Unis a moins chuté que ses importations directes. Nous recevons des importations indirectes de la Chine via des endroits comme le Mexique ou le Vietnam".

Avec une conséquence du côté de la frontière sud américaine: jusqu'ici très faibles, les investissements chinois au Mexique augmentent très sensiblement, à l'image du constructeur automobile BYD, qui envisage la construction d'une usine dans le pays.

"Le Mexique était une exception sur le continent, l'empreinte chinoise y était bien plus faible qu'ailleurs, car le pays n'exporte pas de matières premières. Mais on y observe une hausse des investissements chinois", souligne M. Sarukhan.

Une évolution dont a parfaitement conscience le gouvernement américain: lors de sa visite à Mexico, début décembre, Janet Yellen s'est entendue avec son homologue mexicaine, Raquel Buenrostro Sanchez, pour créer un groupe de travail américano-mexicain qui évaluera les investissements chinois dans le pays, en particulier dans les secteurs jugés clés par les Etats-Unis.

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