La Banque d'Angleterre (BoE) en a probablement fini avec le resserrement de sa politique monétaire et laissera son taux d'escompte à 5,25% lors de sa prochaine réunion le 2 novembre, selon la grande majorité des économistes interrogés par Reuters, qui ont toutefois averti que le risque d'une nouvelle hausse cette année était élevé. Si l'inflation s'est maintenue de manière inattendue à 6,7% en septembre, le taux le plus élevé de toutes les grandes économies avancées, 61 des 73 économistes interrogés du 18 au 23 octobre ont déclaré que la BoE ne prendrait aucune mesure la semaine prochaine, une prévision conforme aux attentes des intervenants de marché. "La BoE a maintenu ses taux en septembre et il n'y a pas eu beaucoup de données depuis lors pour changer cette position. Et les données que nous avons eues - salaires, inflation - n'étaient pas si différentes de ce que tout le monde attendait", observe James Smith chez ING. "Le tableau d'ensemble est que l'impact des hausses précédentes se fait encore sentir". Seuls 12 économistes prévoient une hausse d'un quart de point, à 5,50%, lors de la réunion du 2 novembre. Toutefois, 16 des 28 économistes qui ont répondu à une question supplémentaire ont déclaré que la probabilité d'une nouvelle hausse des taux d'intérêt cette année était élevée. Malgré un resserrement de 515 points de base des coûts d'emprunt depuis décembre 2021, l'inflation britannique est encore plus de trois fois supérieure à l'objectif de 2% de la BoE. "À un moment donné, lorsqu'il sera plus confiant sur le fait que l'inflation sous-jacente et celle dans les services sont sur une tendance baissière établie, le comité de politique monétaire pourrait vouloir passer à une orientation plus neutre. Mais nous ne pensons pas qu'il sera prêt à faire ce changement tout de suite", souligne Elizabeth Martins chez HSBC. La semaine dernière, le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, a déclaré que les données sur l'inflation de septembre n'étaient pas très éloignées des attentes de la banque centrale, ajoutant qu'un ralentissement de l'inflation sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, était "assez encourageant". Selon l'enquête Reuters auprès des économistes, l'inflation devrait diminuer progressivement mais elle n'atteindrait pas l'objectif de la BoE avant le deuxième trimestre 2025. La majorité des économistes estime que la première baisse du taux d'escompte n'interviendra pas avant au moins juillet prochain, la prévision médiane étant une réduction de 25 points de base au troisième trimestre. Environ un tiers des économistes s'attend à ce que la BoE agisse plus tôt. Cette prévision médiane placerait la BoE légèrement derrière la Réserve fédérale américaine (Fed) dans l'assouplissement de la politique monétaire - une autre enquête Reuters montrant une première baisse de taux aux Etats-Unis au deuxième trimestre - mais en phase avec le calendrier probable de la Banque centrale européenne (BCE). La prévision médiane des économistes fait ressortir une contraction de 0,1% du produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni au quatrième trimestre puis une croissance de 0,1% pour les deux premiers trimestres de 2024. "Il s'agit d'une croissance très lente au cours des prochains trimestres plutôt que d'une véritable récession", estime James Smith chez ING. (Reportage Jonathan Cable, enquête de Prerana Bhat et Sujith Pai ; version française Blandine Henault)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer