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"Économies honteuses" : le Secours catholique met le doigt sur le non-recours aux droits sociaux
information fournie par Boursorama avec Media Services 08/06/2021 à 09:20

"Environ un tiers" des personnes "éligibles au RSA ne le touche pas", souligne l'association.

(illustration) ( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

(illustration) ( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

Le Secours catholique a dénoncé lundi 7 juin dans un rapport les obstacles à l'accès aux droits sociaux et demandé "que notre protection sociale n'oublie personne" et ne fasse pas des "économies honteuses" sur le dos des plus précaires.

"Les allocations familiales ? Je ne sais pas, l'assistante sociale n'en a pas parlé." Lucie a une vingtaine d'années, elle est sans ressources et élève seule sa petite fille. Elle vit chez sa sœur dans un appartement trop petit qu'elle va devoir bientôt quitter. Lucie n'a certes pas droit aux allocations familiales (accessibles à partir de deux enfants) mais elle est éligible comme jeune parent isolé au Revenu de solidarité active (RSA) majoré en tant que foyer monoparental, à la Paje (Prestation d'accueil du jeune enfant) et à l'ASF (Allocation de soutien familial). Une fois ces aides repérées, encore faut-il les décrocher...

"Comment je vais faire ?", demande la jeune femme dans un rapport dans lequel le Secours catholique et l'Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore) tentent de comprendre pourquoi "environ un tiers" des personnes "éligibles au RSA ne le touche pas" (entre 29% et 39% des personnes accueillies au sein des structures du Secours catholique). Ils relèvent aussi "qu'environ un quart des personnes accueillies au Secours catholique et éligibles est en situation de non-recours" aux allocations familiales.

"Cercle vicieux"

Le constat est le même sur "l'importance du non-accès à une complémentaire santé". "La mise en place d'une complémentaire santé solidaire en 2019 doit contribuer à diminuer le renoncement aux soins mais encore faut-il que les modalités d'accès à cette complémentaire soient connues", notent les auteurs du rapport, insistant sur le "côté cumulatif" du non-recours : "10% des personnes cumulent non-accès au RSA et aux allocations familiales" .

Sont davantage touchés les hommes seuls, les parents isolés, les personnes en habitat précaire. "C'est le cercle vicieux des difficultés administratives et de la misère qui s'enclenche alors."

Interrogée par l'AFP, la politologue Héléna Revil, responsable scientifique de l'Odenore (Université de Grenoble Alpes), parle d'un "cumul de fragilités" avec des "enchaînements de non-recours" : le renoncement aux soins, accru en période de Covid-19 mais constant chez les plus précaires, "a des conséquences sur les situations professionnelles, les revenus des personnes".

"la dématérialisation, accélérateur des inégalités"

Parmi les raisons de ce non-recours, le rapport pointe "la complexité des démarches administratives" et aussi "la dématérialisation (qui) s'avère un accélérateur des inégalités". La sociologue Clara Deville estime que "la dématérialisation de l'accès aux droits délègue aux demandeurs une part plus large du travail administratif". D'où paradoxalement une complexité accrue, liée aussi "à la production de justificatif" bien plus difficile "pour les personnes aux situations sociales et professionnelles instables".

Le non-recours n'est donc pas toujours dû à une non-connaissance des aides : "connaître une aide n'enlève pas la difficulté d'en maîtriser les conditions d'éligibilité" , selon le rapport.

Le non-recours peut aussi être assumé et volontaire, renvoyant "à des positions de principe" ou à "l'intériorisation d'un discours ambiant qui tend à présenter les prestations sociales comme quelque chose de 'trop coûteux'". En juin 2018, le chef de l'État Emmanuel Macron déclarait ainsi : "On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s'en sortent pas".

Des prestations "ne sont pas demandées parce qu'elles sont jugées plus stigmatisantes", explique Héléna Revil, qui note des non-recours volontaires "très forts sur le RSA". "J'ai pas la CMU (couverture maladie universelle, ndlr), je veux pas qu'on paye pour moi", témoigne une des personnes interrogées dans le rapport.

La présidente du Secours catholique Véronique Fayet dénonce "ces économies honteuses (qui) n'honorent pas notre pays et minent notre société", creusant "une dette qui nous oblige".

Le Secours catholique préconise des outils pour mesurer les non-recours et demande que leur réduction réponde à des "objectifs contraignants". Il suggère aussi "un référent unique" pour chaque allocataire et des démarches simplifiées au maximum "par le couplage des prestations".

1 commentaire

  • 08 juin 10:04

    Société inhumaine : la startup nation !!! merci macaron.


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