Les forces israéliennes ont tué trois personnes et en ont blessé 31 autres alors qu'elles tentaient de rentrer chez elles dans le sud du Liban, où les troupes d'Israël sont restées en place après la date limite de leur retrait dimanche, a déclaré le ministère libanais de la Santé.
Israël avait prévenu que son armée resterait déployée au Sud-Liban au-delà de l'échéance de dimanche, prévue dans le cessez-le-feu négocié par les États-Unis dans le cadre du conflit avec le Hezbollah, et a déconseillé samedi aux habitants de revenir chez eux, jusqu'à nouvel ordre.
L'accord stipulait que les forces israéliennes devaient quitter le Sud-Liban tandis que les armes et les combattants du Hezbollah, soutenu par l'Iran, étaient retirés de la région et que l'armée libanaise s'y déployait, dans un délai de 60 jours qui s'est achevé dimanche matin.
Israël a toutefois déclaré que les conditions n'avaient pas été pleinement appliquées par l'État libanais, tandis que l'armée libanaise, soutenue par les États-Unis, a accusé samedi Israël de tergiverser dans son retrait.
La chaîne de télévision du Hezbollah, Al Manar, a diffusé des images d'habitants se dirigeant vers des villages au mépris des ordres israéliens, certains tenant le drapeau du groupe chiite et des images de combattants du Hezbollah tués pendant la guerre.
Le ministère libanais de la Santé a déclaré qu'une personne avait été tuée dans le village de Houla, une autre à Aitaroun et une troisième à Blida à la suite de ce qu'il a décrit comme des attaques israéliennes contre des citoyens alors qu'ils tentaient de regagner leurs villes toujours occupées.
L'armée israélienne n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat sur les victimes.
Un porte-parole de l'armée israélienne, dans un message sur X adressé aux habitants du sud du Liban, a accusé le Hezbollah de vouloir aggraver les tensions et a déclaré que l'armée israélienne les informerait "dans un avenir proche" des endroits où ils pourraient revenir.
LE HEZBOLLAH VEUT QUE LE LIBAN "JOUE SON RÔLE"
Le Hezbollah, qui fait peser sur l'État libanais la responsabilité d'assurer le retrait d'Israël, a qualifié le maintien des troupes de violation de l'accord.
"Nous sommes dans notre pays et l'ennemi est celui qui s'est retourné contre l'accord et a violé l'accord, et donc ce sont les gens qui libèrent leur terre avec leurs propres mains et leur sang", a déclaré sur Al Manar le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah.
"Nous voulons que l'Etat joue son rôle", a-t-il ajouté.
La Maison Blanche a déclaré vendredi qu'une courte prolongation temporaire du cessez-le-feu était nécessaire de toute urgence.
Le président libanais Joseph Aoun, qui était à la tête de l'armée libanaise soutenue par les États-Unis jusqu'à ce que le Parlement l'élise chef de l'État le 9 janvier, a appelé la population du sud à faire preuve de retenue et à faire confiance à l'armée libanaise.
"La souveraineté et l'intégrité territoriale du Liban ne sont pas négociables et je suivrai cette question au plus haut niveau pour garantir vos droits et votre dignité", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Israël n'a pas précisé combien de temps ses forces resteraient dans le Sud-Liban, où son armée affirme avoir saisi des armes du Hezbollah et démantelé ses infrastructures.
Pendant près d'un an, Israël et le Hezbollah ont échangé tirs de roquettes et bombardements des deux côtés de la frontière, le mouvement chiite libanais entendant ainsi manifester son soutien au Hamas après l'attaque du groupe palestinien dans le sud de l'Etat hébreu le 7 octobre 2023.
Israël a intensifié sa campagne contre le Hezbollah en septembre dernier et a décapité le mouvement libanais, sorti fortement affaibli de ce conflit, qui a déplacé plus d'un million de personnes au Liban.
(Reportage de Tom Perry à Beyrouth, Alexander Cornwell à Jérusalem, Jaidaa Taha et Menna Alaa El Din au Caire, version française Benjamin Mallet)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer