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Cinéma : la Chine à l'assaut d'Hollywood
information fournie par Webedia 23/11/2016 à 07:30

Cinéma : la Chine à l'assaut d'Hollywood (Crédits photo : Adobe Stock)

Cinéma : la Chine à l'assaut d'Hollywood (Crédits photo : Adobe Stock)

En quelques années, le marché chinois est devenu le deuxième du monde pour les grands producteurs d'Hollywood. L'incroyable croissance du box-office dans l'Empire du milieu pourrait même permettre au pays de dépasser les États-Unis dès 2017 en termes de recettes cinématographiques. Dans ce contexte, les grands groupes chinois comptent bien prendre leur part du gâteau, tout en mettant Hollywood dans leur poche. Des groupes comme Dalian Wanda et Alibaba ont déjà commencé à faire leurs emplettes à Los Angeles, en investissant dans des studios, des exploitants de salles de cinéma, ou en nouant des partenariats avec des poids lourds du septième art américain.

La Chine, un acteur incontournable du septième art

Depuis le rachat pour 2,6 milliards de dollars de la chaîne de cinéma américaine AMC par le conglomérat chinois Dalian Wanda, en 2012, la Chine n'en finit plus de lorgner sur Hollywood. Quatre ans plus tard, le fondateur et président de la société Wang Jianlin a conforté sa mainmise sur le cinéma américain. En janvier dernier, il s'est offert une participation majoritaire dans le studio Legendary Entertainment, producteur de blockbusters tels que la trilogie Batman de Christopher Nolan, "Jurassic World", "Pacific Rim" ou "Godzilla". Des superproductions dont le public chinois raffole. Chiffrée à 3,5 milliards de dollars, il s'agit ni plus ni moins de "la plus grande acquisition internationale de la Chine dans le secteur de la culture à ce jour", aux dires du groupe Wanda. Mais ce n'est pas tout, l'homme le plus riche de Chine a également noué un partenariat avec Sony Pictures et vient d'investir un milliard de dollars pour acquérir la société Dick Clark Productions, responsable notamment de la cérémonie des Golden Globes. Le groupe Dalian Wanda est loin d'être le seul poids lourd de l'économie chinoise à s'intéresser aux studios de production hollywoodiens. Le dernier gros coup en date est celui réalisé par le milliardaire Jack Ma, fondateur d'Alibaba, qui a pris une participation minoritaire dans la société de Steven Spielberg, Amblin Partners. Concrètement, Alibaba Pictures, la branche de la société consacrée au cinéma va pouvoir siéger au conseil d'administration d'Amblin, qui englobe notamment les studios Dreamworks. Au nombre des sociétés chinoises intéressées par Hollywood, on peut également citer China Media Capital, qui a lancé une coentreprise avec Warner Bros pour produire des films. Bien sûr, ces transactions vont aussi profiter aux sociétés américaines, comme le résume bien Steven Spielberg à propos de l'objectif visé par son rapprochement avec Alibaba Pictures : "Apporter davantage de Chine aux États-Unis, et davantage d'États-Unis en Chine."

Des intérêts divers pour les grands groupes chinois

Actuellement, en termes de recettes cinématographiques, le marché chinois occupe la deuxième place dans la hiérarchie mondiale, juste derrière les États-Unis. Mais selon de nombreux analystes, l'Empire du milieu pourrait passer devant le pays de l'Oncle Sam dès 2017, en raison d'une croissance supersonique. Selon les statistiques officielles, les salles de cinéma chinoises ont généré 44 milliards de yuans de recettes en 2015, soit 5,9 milliards d'euros, ce qui représente une augmentation de 49% par rapport à 2014. Et pour l'an prochain, le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) pronostique 9,2 milliards d'euros de recettes, ce qui permettrait à la Chine de damer le pion aux États-Unis. Et ce n'est pas prêt de retomber. On comprend donc aisément pourquoi les grands groupes chinois et américains s'unissent pour tirer profit de cette manne d'argent monumentale. Du côté des acteurs chinois, les prises de participation dans de grands studios hollywoodiens présentent avant tout un intérêt financier. Avec la crise qui frappe actuellement l'économie chinoise, les grandes sociétés du pays cherchent à diversifier leurs investissements. Et le cinéma américain se montre très fructueux, à l'international comme en Chine. Les films américains font un carton dans le pays, surtout auprès des jeunes. Mais ces opérations ont également un pendant idéologique. En participant activement au développement des productions américaines, les investisseurs chinois, souvent proches du pouvoir, vont avoir leur mot à dire sur le scénario des films. Ils pourront ainsi contribuer à contrôler l'influence américaine sur la culture du pays, et promouvoir les valeurs prônées par le régime. Enfin, cette stratégie devrait vite permettre à la Chine de combler ses lacunes en termes de production cinématographique. À l'heure actuelle, la post-production et les effets spéciaux des films réalisés dans l'Empire du milieu sont confiés à des entreprises étrangères. Mais d'ici quelques années, grâce à l'expertise des Américains, les Chinois devraient avoir comblé leur retard technique pour proposer des blockbusters à la hauteur des superproductions hollywoodiennes.

Le "soft power" chinois à l'oeuvre

Si les Américains ont laissé de grands groupes chinois investir à Hollywood, c'est qu'ils y trouvent également leur compte. Car si le marché chinois a des airs de poule aux oeufs d'or pour les studios de production hollywoodiens, ils doivent faire face à un protectionnisme acharné. Tous les ans, seuls 34 films étrangers reçoivent une autorisation de diffusion dans les cinémas du pays. Autant dire que les places valent très très cher. La parade consiste donc pour les groupes étrangers à s'associer avec des entreprises chinoises pour contourner cette contrainte. Mais cela implique d'autres impératifs : la présence d'un acteur chinois au casting par exemple, ou le tournage de scènes dans l'Empire du milieu. L'autre phénomène majeur qui découle de l'attrait récent de la Chine pour le cinéma américain, c'est l'adaptation des scénarios pour séduire ce nouveau public. Ainsi, Columbia Pictures a modifié l'histoire de "Pixels" pour que les extra-terrestres s'attaquent au Taj Mahal, en Inde, et non à la Grande Muraille de Chine. Et si le quatrième volet de "Transformers" se déroule en partie à Hong-Kong, et met à l'honneur des acteurs locaux, ce n'est pas un hasard. Mieux, la version d'"Iron Man 3" sortie en Chine a été allongée de quatre minutes pour pouvoir ajouter des scènes avec des acteurs chinois. De manière plus inquiétante, cette volonté farouche de séduire le marché chinois pourrait pousser les studios de production hollywoodiens à s'autocensurer, voire à faire la propagande du régime chinois. D'ailleurs, des membre du Congrès américain ont saisi l'administration sur ce point en septembre. Il ne faut pas se leurrer, l'appétit des grands acteurs de l'économie chinoise témoigne du désir d'élargissement du "soft power" de l'Empire du milieu sur le reste du monde, déjà symbolisé par l'incroyable montée en puissance du football chinois ces dernières années.

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