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Ce qu'il faut savoir sur la taxe sur les multinationales, au menu du G7
information fournie par Boursorama avec Media Services 04/06/2021 à 13:24

Quelles seront les entreprises concernées ? Combien rapportera cet impôt mondial ? Comment fonctionnera-t-il ? Eléments de réponses.

( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

Les ministres des Finances du G7, réunis vendredi 4 et samedi 5 juin à Londres, doivent acter la mise en place d'une réforme ambitieuse de la fiscalité des multinationales, dont la contribution au budget des Etats n'a cessé de reculer depuis 40 ans au bénéfice des paradis fiscaux. Quelques éléments pour comprendre ce chantier très diplomatique et hautement technique, censé mettre fin à l'optimisation fiscale des géants de l'économie mondiale.

Pourquoi mettre en place une telle réforme ?

En 2017, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a été mandatée par le G20 pour lutter contre "l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices" (BEPS), c'est-à-dire les stratégies d'optimisation qui permettent aux grandes entreprises d'échapper en grande partie à l'impôt.

Les négociations ont été relancées par une proposition de l'administration Biden de fixer un taux de 15% minimum. Et aussi par la pandémie de Covid-19 : les Etats cherchent de nouvelles recettes après avoir déployé des plans de relance pharaoniques.

Le scénario rappelle celui de la crise de 2008, qui avait conduit le G20 à proclamer la fin du secret bancaire. L'OCDE avait alors mis en place un vaste système d'échange automatique de données, forçant les grandes fortunes - et leurs banques - à soumettre leurs comptes en Suisse et ailleurs à l'examen du ficsc.

Comment fonctionnera cette réforme fiscale ?

Cette réforme doit empêcher les entreprises de se retrancher derrière leur "établissement fiscal" dans tel ou tel pays particulièrement accueillant, déconnecté de leur activité réelle.

La réforme comporte deux "piliers". Le "pilier 1" vise à répartir équitablement entre les pays les "droits à taxer" les profits des multinationales, sachant qu'une entreprise comme la major pétrolière BP est présente dans 85 pays. Les Etats devront s'entendre sur un niveau de "surprofit" à redistribuer en fonction du chiffre d'affaires réalisé dans chaque pays.

Le "pilier 2" de la réforme consiste à instaurer un impôt mondial minimal afin de s'assurer que quel que soit le lieu de son implantation, une multinationale ne paye pas moins.

Quel sera le taux de cet impôt mondial minimal ?

Les Etats-Unis avaient mis la barre relativement haut, à 21%, avant de mettre sur la table un taux plus consensuel d'"au moins 15%". Les économistes Gabriel Zucman et Thomas Piketty jugent ce taux "ridiculement faible" sachant que le taux moyen d'impôt sur les sociétés (IS) dans le monde est de 22%, contre 50% en 1985.

Aujourd'hui, de nombreux pays ont un taux en dessous de 15%, selon des données de l'OCDE : les paradis fiscaux dont le taux est nul, comme Jersey, Guernesey, les Bahamas, les Bermudes, les îles Caïman mais aussi les Emirats arabes unis et le Bahreïn. En Europe, l'Irlande a un taux à 12,5%, la Hongrie à 9% et la Bulgarie à 10%.

Dans certains pays, le taux annoncé peut être élevé, comme au Luxembourg (25%) ou à Malte (35%), mais il est assorti de multiples exemptions qui réduisent considérablement la facture finale.

Quelles entreprises seront concernées ?

Seules les très grandes entreprises aux filiales et succursales multiples à travers le monde et aux chiffres d'affaires gigantesques seront concernées. Ce sont elles qui ont les moyens de mettre en place des circuits sophistiqués pour réduire leur charge fiscale.

Au départ, le pilier 1 de la réforme ciblait les entreprises du numérique, dont les fameux Gafa américains (Google, Amazon, Facebook, Apple), ce qui déplaisait aux Etats-Unis. La nouvelle proposition américaine est "de prendre les vainqueurs de la mondialisation, soit les 100 entreprises les plus profitables au monde, qui réalisent à elles seules la moitié du profit mondial", a expliqué à l' AFP Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d'administration fiscales de l’OCDE. Parmi elles figurent évidemment les Gafa, dont les bénéfices se sont encore accrus pendant la pandémie, mais pas seulement.

Concernant le pilier 2, l'impôt minimal mondial, moins de 10.000 grandes entreprises seraient concernées, selon l'OCDE.

Que rapporterait cette réforme ?

L'OCDE a chiffré le gain à 81 milliards de dollars par an, sur la base d'un taux de 12,5% pour le pilier 2. Selon l'Observatoire européen de la fiscalité, si l'Union européenne appliquait un taux de 25%, elle augmenterait de moitié ses recettes actuelles d'impôt sur les sociétés.

Pour les entreprises, une estimation n'est possible que pour celles qui acceptent de publier leurs bénéfices dans chacun des pays où elles opèrent, ce qui n'est pas le cas des Gafa. D'après l'Observatoire européen de la fiscalité, si un taux de 25% était appliqué, les banques européennes devraient payer 44% de taxes supplémentaires, et des entreprises telles que Shell, Iberdrola ou Allianz entre 35 et 50% de plus.

L'accord intervenu mardi à Bruxelles sur une nouvelle directive obligeant les entreprises à un "reporting public pays par pays" de leurs profits, qui renforce la transparence fiscale, devrait faciliter la mise en oeuvre de la réforme.

1 commentaire

  • 04 juin 15:30

    Si cela se réalise c'est un grand pas en avant vers plus de réalisme et d'égalité.


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