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Biodiversité : la mobilisation des ressources, "sujet épineux" des négociations mondiales pour la nature
information fournie par Boursorama avec Media Services 28/03/2022 à 10:11

( AFP / GAIZKA IROZ )

( AFP / GAIZKA IROZ )

Les 196 pays membres de la Convention pour la diversité biologique (CDB) sont réunis jusqu'à mardi 29 mars pour négocier un texte visant à mieux protéger la nature d'ici 2030, et les moyens financiers à mobiliser. Ce texte sera adopté lors de la COP15 biodiversité cette année.

Au moins 1.800 milliards de dollars de subventions publiques - soit 2% du PIB mondial - participent chaque année à la destruction de la nature , selon une étude de la coalition Business for Nature. D'autres études évoquent des chiffres moins élevés, mais toutes s'accordent pour reconnaître que le monde dépense bien plus pour détruire la nature, qui fournit air pur, eau potable ou alimentation, que pour la protéger.

Le monde est-il prêt à inverser cette tendance, à payer pour protéger la nature et ne plus dépenser des sommes folles à la détruire ? C'est la question qui est au coeur de négociations internationales pour mieux protéger la nature à Genève, en amont de la COP15 biodiversité en Chine.

"Nous manquons de données" sur les montants alloués à ces subventions néfastes, comme pour celles dépensées pour la protection de la nature, relève Juliette Landry, chercheuse du think tank IDDRI.

Les 196 pays membres de la Convention pour la diversité biologique (CDB) sont réunis jusqu'à mardi pour négocier un texte visant à mieux protéger la nature d'ici 2030, et les moyens financiers à mobiliser. Ce texte sera adopté lors de la COP15 biodiversité cette année.

"La mobilisation des ressources est devenu un sujet épineux de cette réunion", a indiqué le Ghanéen Alfred Oteng, qui a contribué à des actions clé de la protection de la biodiversité.

Il faut "des ressources supplémentaires de toute provenance - internationale, nationale, publique, privée -, réduire les dépenses dommageables (pour la nature) et mieux utiliser les ressources financières disponibles", a résumé Jeremy Eppel, co-auteur de rapports sur le sujet pour la CDB.

Le texte négocié contient des objectifs chiffrés : "réorienter, réaffecter, réformer ou éliminer les incitations néfastes (...), en les réduisant d'au moins 500 milliards de dollars par an", "accroître les ressources financières, toutes sources confondues, pour les porter à au moins 200 milliards de dollars US par an (...) en augmentant d'au moins 10 milliards de dollars US par an les flux financiers internationaux vers les pays en développement" et réduire le déficit de financement "d’au moins 700 milliards de dollars US par an d'ici à 2030".

"Des efforts supplémentaires à faire", reconnaissent les pays riches

Reste à savoir qui va payer. Pour des pays en développement, un transfert annuel de 10 milliards de dollars est insuffisant. Le Guatemala demande publiquement 60 milliards. Vinod Mathur, président de l'Autorité nationale biodiversité de l'Inde, évoque 100 milliards de "fonds nouveaux, additionnels, rapides". Sans financement à la hauteur, impossible d'avoir des objectifs ambitieux de protection de la nature, argue-t-il.

Le Fonds mondial pour l'environnement (FEM) finance actuellement des projets pour la biodiversité. Mais les pays en développement déplorent sa lenteur et la faiblesse des montants investis. Certains réclament la création d'un nouveau fonds - ce qui prendrait des années, rétorquent les pays opposés à cette idée - ou au moins une réforme du FEM.

Les pays riches "reconnaissent qu'il y a des efforts supplémentaires à faire", selon un de leur représentant, mais sans adhérer aux montants évoqués par des pays en développement. Mobiliser davantage le secteur privé et mieux utiliser l'argent déjà disponible sont des pistes, avance la même source.

Sont aussi discutées les subventions néfastes qui alimentent agriculture intensive, surpêche, déforestation, énergies fossiles... Les gouvernements les défendent, arguant "qu'elles aident ou ciblent les pauvres, mais (...) les principaux bénéficiaires sont souvent les plus riches", indique Ronald Steenblik, auteur de l'étude pour la coalition d'entreprises Business for Nature. 80% des aides à la pêche vont à la pêche industrielle et non aux petits pêcheurs.

Les réformer est souvent un casse-tête car des secteurs entiers d'activité en dépendent. Mais il faut s'attaquer au problème, plaide Eva Zabey, directrice générale de la coalition Business for Nature.

Fait plutôt inhabituel, la coalition Business for Nature, forte du soutien de plus d'un millier d'entreprises, demande comme les ONG un texte ambitieux. "Les entreprises ont besoin d'assurance politique pour investir, innover, changer leur modèles d'activité, et vite", fait valoir Eva Zabey.

Comme souvent lors de négociations internationales, le sujet pourrait se résoudre uniquement dans la dernière ligne droite, à la COP15 en Chine.

Pour espérer contenir le changement climatique, les pays riches doivent sortir en premier des énergies fossiles

Selon une étude d'un consortium scientifique britannique publiée le 22 mars, les pays producteurs de pétrole et de gaz les plus riches devraient cesser d'ici 2034 toute production pour espérer contenir le réchauffement climatique à 1,5°C, alors que les plus pauvres devraient bénéficier d'un délai. Charbon, pétrole et gaz sont parmi les principales sources d'émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, que l'accord de Paris vise à limiter si possible à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Une sortie des énergies fossiles est donc un des principaux levier pour limiter les conséquences déjà visibles du changement climatique - sécheresses, tempêtes ou inondations dévastatrices.

Mais cette sortie n'a pas les mêmes conséquences économiques pour les différents pays producteurs, souligne l'étude du Tyndall Centre for Climate Change, consortium britannique regroupant notamment des universités. Se concentrant sur les secteurs du pétrole et du gaz, les chercheurs ont étudié 88 pays, représentant la quasi-totalité de la production mondiale. Pour certains pays pauvres ne représentant qu'un petit pourcentage de la production mondiale, les revenus tirés des énergies fossiles contribuent très fortement à leur richesse nationale globale, soulignent les chercheurs.

A contrario, certains grands pays producteurs resteraient riches même en arrêtant l'extraction : premier producteur mondial de pétrole, les Etats-Unis dont le secteur pétrole et gaz contribue à hauteur de 8% au PIB, conserveraient ainsi une richesse par habitant quasi inchangée, autour de 60.000 dollars par tête, contre 63.500 actuellement. Les auteurs ont donc cherché à établir un calendrier pour une sortie "équitable" selon les besoins et capacités des différents pays "à financer une transition juste" grâce au niveau de leur PIB hors "dépendance" au pétrole et au gaz.

"Nous avons calculé les dates de fin des émissions correspondant aux objectifs de températures de l'accord de Paris. Nous avons trouvé que les pays les plus riches doivent arriver à une production zéro de pétrole et de gaz d'ici 2034", souligne pour l'AFP Kevin Anderson, professeur à l'université de Manchester et auteur principal de l'étude.

Ces pays, au nombre de 19 - dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Norvège ou les Emirats Arabes Unis - ont un PIB moyen hors énergies fossiles de 50.000 USD par habitant et représentent 35% de la production mondiale de pétrole et de gaz. Un groupe de 14 pays au PIB hors fossiles moyen de 28.000 USD par tête devrait cesser toute production en 2039. Ces pays, parmi lesquels l'Arabie saoudite ou le Koweït représentent 30% de la production mondiale.

Suivent 11 pays au PIB moyen par tête hors fossiles de 17.000, dont la Chine ou le Mexique, devant cesser la production (11% du total mondial) en 2043 ; 19 pays au PIB moyen de 10.000 USD, dont l'Iran, devant cesser la production (13% du total) en 2045 ; et un groupe de 25 pays au PIB moyen de 3.600 USD, dont l'Irak, la Libye ou l'Angola, devant cesser la production (11% du total) en 2045.

2 commentaires

  • 28 mars 11:43

    La croisière s'amuse...on se congratuler, on boit un café on refait le monde, on se passe des "slide" on se prend au sérieux mais avec les COP , on voyage gratis et on voit du pays


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