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Avec des exécutions publiques, l'Iran pousse les contestataires à se cacher
information fournie par Reuters 10/01/2023 à 21:08

        * 
      Téhéran mène des exécutions pour dissuader les
contestataires
    

        * 
      Des dizaines de personnalités arrêtées
    

        * 
      Manifestations moins suivies, mais effervescence dans les
zones
majoritairement sunnites
    

        * 
      Ces tactiques d'intimidation peuvent être efficaces à
court
terme-analystes
    

  
    par Parisa Hafezi
       DUBAI, 10 janvier (Reuters) - En procédant à l'exécution
de manifestants par pendaison, et en laissant leurs corps
inanimés suspendus à la vue de tous, les autorités iraniennes
semblent avoir diffusé suffisamment de peur pour pousser les
contestataires à ne plus descendre dans la rue, après plusieurs
mois de mouvements anti-gouvernementaux.
    L'efficacité de cette répression, face à ce qui constitue la
plus importante crise politique en Iran depuis des années,
devrait renforcer l'idée parmi les "durs" du régime que faire
taire les dissidents représente la meilleure façon de garder le
pouvoir.
    Des analystes et experts interrogés par Reuters estiment
toutefois que cette méthode pourrait avoir un impact limité dans
le temps. Selon eux, réprimer dans le sang la contestation
pousse simplement les dissidents à se cacher, tout en renforçant
la colère de la population iranienne à l'égard du pouvoir
religieux en place depuis la révolution de 1979.
    "C'est plutôt efficace puisque le nombre de personnes dans
la rue a diminué", a commenté Saeid Golkar, de l'Université du
Tennessee, à propos de la répression et des exécutions menées
par Téhéran. "Mais cela a toutefois créé un ressentiment massif
parmi les Iraniens".
    Le directeur général de Campaign for Human Rights en Iran a
déclaré que le principal objectif du régime était d'intimider
par tous les moyens la population afin de contraindre celle-ci à
se soumettre.
    "Les manifestations ont pris une forme différente, mais
n'ont pas pris fin. Les gens sont soit en prison, soit cachés
parce qu'ils sont déterminés à trouver un moyen de continuer à
se battre", a dit Hadi Ghaemi.
    "GAGNER PAR LA TERREUR"
    En dépit de la colère publique et des critiques de la
communauté internationale, Téhéran a prononcé des dizaines de
condamnations à mort afin d'intimider les Iraniens rendus
furieux par la mort de Mahsa Amini, âgée de 22 ans, à la suite
de son arrestation par la police des moeurs en septembre
dernier.
    Le décès de l'Irano-kurde a ravivé la colère de la société
iranienne à propos notamment de la situation économique, des
discriminations ethniques ou encore à l'égard des contrôles
sociaux et politiques renforcés.
    Au moins quatre personnes ont été exécutées par pendaison
depuis le début des manifestations, selon la justice iranienne.
Parmi elles, deux manifestants exécutés samedi pour le meurtre
présumé d'un membre d'une milice.
    Les autorités iraniennes veulent condamner à mort au moins
26 personnes supplémentaires, a rapporté le mois dernier Amnesty
International, dénonçant des "simulacres de procès destinés à
intimider les contestataires".
    Aux yeux d'experts, la réaction de Téhéran s'inscrit dans la
lignée de la position adoptée depuis que le régime religieux est
au pouvoir: être prêt à utiliser toute la force nécessaire pour
réprimer la contestation.
    "La stratégie première du régime a toujours été de gagner
par la terreur. C'est la seule solution pour le régime puisqu'il
est incompétent et incapable de changer ou d'une bonne
gouvernance", a déclaré Saeid Golkar.
    En net déclin depuis les exécutions de contestataires par
pendaison, les manifestations se limitent désormais
principalement aux régions peuplées par les sunnites, où elles
sont les plus vives depuis le début du mouvement.
    Mais l'esprit révolutionnaire qui s'est répandu à travers le
pays au fil des mois pourrait toutefois survivre à la répression
sécuritaire, ont estimé les analystes, notamment parce que les
griefs des manifestants n'ont toujours pas été entendus.
    "Il n'y a pas de point de retour, et le régime ne peut pas
revenir à l'ère antérieure à la mort de Mahsa", a déclaré Hadi
Ghaemi.
    "TRAHISON"
    Téhéran continue de voir dans la répression et la violence
la solution pour sortir de cette crise, a commenté Alex Vatanka,
directeur du programme Iran au sein de l'Institut pour le
Moyen-Orient, à Washington.
    "Cela pourrait fonctionner à court terme (...) mais ça ne
marchera pas sur le long terme", a-t-il dit, citant la
détérioration de l'économie et une jeunesse iranienne intrépide
qui veut "un important changement politique et va se battre pour
cela".
    Rien n'indique que le président ultra-conservateur Ebrahim
Raïssi, arrivé au pouvoir à l'été 2021, et les autres dirigeants
du régime envisagent d'adopter une autre approche politique afin
de tenter de convaincre la population. Leur attention reste
semble-t-il focalisée sur la sécurité.
    D'après les analystes, le pouvoir religieux apparaît
préoccupé par l'idée de faire preuve de retenue face aux
manifestants, une démarche qui pourrait selon lui être perçue
par ses soutiens politiques et paramilitaires comme un signe de
faiblesse.
    Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès des services du
président Raïssi.
    Signe de leur volonté de provoquer des ondes de choc, les
autorités iraniennes ont prononcé des interdictions de voyage et
des peines de prison contre plusieurs personnalités publiques,
comme des athlètes et des artistes.
    Le guide suprême de la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei,
a laissé entendre lundi que Téhéran n'avait aucune intention
d'adoucir sa répression, déclarant dans un discours télévisé que
 ceux qui "incendient des lieux publics sont fautifs de
trahison".
    
 (version française Jean Terzian)

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